Vendre la liberté

Comment mieux vendre le libéralisme ? Comment convaincre et comment susciter le changement ?

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Vendre la liberté

Publié le 3 février 2013
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Comment mieux vendre le libéralisme ? Comment convaincre et comment susciter le changement ?

Par Aster.

Comme beaucoup de libéraux, je suis libéral avant tout parce que j’y « crois » (je serais même tenté de dire sur certains points parce que je « sais ») mais, au-delà des raisons qui me motivent, je suis conscient qu’avancer vers un monde libéral et respectueux des libertés ne se fait pas en marmonnant dans son coin. Un des moyens les plus sûrs de faire changer la société est de convaincre ses membres qu’elle doit changer. Je suis donc seul, assis dans ma cuisine et je me demande en pianotant sur ce clavier : qu’est-ce qui pourrait nous permettre de vendre le libéralisme ?

Parmi les choses qui font indéniablement vendre, on peut noter l’évident usage de l’érotisme, qu’il s’agisse d’homme ou de femme, nous pouvons être tentés de produire des contenus rendant le libéralisme sexy. Fournissons une équipe de 12 libertarian hotties à H16 et commandons lui un calendrier moitié nu/moitié masque à gaz approuvé par notre blogueur préféré avec son petit mot associé à chaque mois. Une sorte de remake de l’hexagone de Renaud.

D’autres défendent en revanche que c’est la répétition qui fait l’impact de la publicité et des opérations de communication, en ce sens on ne peut pas nier le mérite de l’équipe de Contrepoints qui peu à peu devient un média de poids. Dans le microcosme de mon Facebook, il y a cinq ans, j’étais la seule ingénue à diffuser des news et des articles un peu à contrepied de l’amour de l’État-providence, j’ai arrêté mais c’est maintenant régulièrement que d’autres personnes ont pris le relais. Mon réseau a évolué ? Pas si sûr, Nicolas Sarkozy et son digne successeur François Hollande en dégoutent plus d’un. Les chiffres en matière de visite de Contrepoints sont là pour le confirmer : c’est un mouvement qui se fait comme une lame de fond. La force de Contrepoints c’est peut-être aussi d’avoir réussi à casser un petit peu les frontières du monde des libéraux pour aller se faire lire par le français moyen.

L’espoir est aussi une valeur qui fait vendre, c’est l’approche d’Alain Madelin, c’est l’approche de beaucoup d’autres. J’ai mes petites convictions d’économie, je sais aussi que la croissance ne se décrète pas et, très honnêtement, quand j’entends un discours qui vient m’expliquer comment résorber complètement le chômage, je n’écoute déjà plus que d’une oreille car je sais que le chômage disparaîtra avant le retour du messie. Être libertarien est une position de principe généralement : on voit un grand nombre de bonnes raisons de demander plus de liberté à l’échelle sociétale, parler d’un nouveau nirvana est pour moi cependant purement communicationnel. Je pense que l’on doit à tout prix se préserver de jouer nous aussi au jeu des promesses intenables.

Parmi les grandes questions qui agitent généralement les discussions parmi ceux qui prennent leur courage à deux mains et font de la politique, il y a généralement le point des alliances. Plus largement, j’aurais tendance à dire, doit-on jouer le jeu de la parodie démocratique docile ? Le PLD fait ami-ami avec le Modem, puis avec l’UDI, les partis français les plus proches de la pensée libérale, peut-être. Le Portugal est sans doute le pays européen le plus proche de l’Argentine, il en reste assez éloigné. Quant à discuter des libéraux de l’UMP, l’expression par elle-même me fait sourire. Aller défendre les libertés avec les carriéristes de l’interventionnisme qui signent des alliances avec le parti communiste chinois c’est assez cocasse et très certainement contreproductif. Ca permet d’être élu, oui, mais à quel prix ? Est-ce que cela vaut quelque chose d’être élu pour avoir les mains liées ? De surcroît, on ressort avec une robe bien moins blanche quand on est allé se trainer dans la souillure. Ce point des alliances politico-politiciennes fait débat, je pense que le compromis est nécessaire, y mettre des limites également. L’absence de principe conduit à un estompement des limites des idées et floute les électeurs.

J’en vois beaucoup qui pratiquent le jeu étrange de la critique à tout va qu’elle soit fondée ou non. À défaut d’avoir un avis sur le jeu des alliances, le jeu du vomi systématique me semble franchement malsain. J’ai vu passer récemment sur les twitters de quelques libéraux une vidéo atterrante pointant du doigt le tracking des utilisateurs par les régies publicitaires de Rue89. J’ai du mal à voir jusqu’où il faut s’abaisser pour reprendre l’argumentaire de base anti-marketing, anti-pub, anti-argent pour aller démonter un site qui ne partage pas nos idées. Qu’a-t-on comme valeur à proposer si au final on se retrouve à se prostituer à la moindre occasion au prétexte de simplement marquer des points ?

L’attente est aussi un point dont je discute souvent. L’optimisme de principe est contreproductif et dire que le pellos moyen a le cerveau complètement dysfonctionnel est à la limite de l’euphémisme. Dès que quelqu’un a quelque chose à vous proposer en politique, il veut interdire quelque chose ou mettre une taxe. Ça en est presque trivial à dénigrer. Jean-Luc Mélenchon fait des meetings avec des slogans aussi idiots qu' »à bas l’austérité », les uns et les autres « votent la croissance ». Côté invocation, chacun y met du sien. La seule chose qui nous sépare du fond du gouffre c’est quelques années. Le temps passant, j’ai la bizarre impression que pour que le monde change il faut que les gens aient faim. Le printemps arabe a été simplement la conséquence de la hausse des matières premières, elle-même conséquence de la hype « biocarburant », elle-même conséquence des taxes sur le carburant. Rien n’est venu d’un besoin de liberté soudain, c’est jusque que tant qu’à aller renverser un régime pour gratter un peu à bouffer, on passe à l’étape suivante facilement.

Jules César disait dans la guerre des Gaules que l’on n’apprend que de ses défaites ; tant qu’on se loge et que l’on mange, on gagne peut-être encore trop pour que le besoin de raisonner dans la réalité se fasse sentir. En ce sens, François Hollande est un président intéressant pour la France, c’est un peu l’euthanasie appliquée à l’échelle d’un pays.

Bref, je n’ai pas de réponse magique à vous vendre, mais je pense que la question de comment convaincre, comment changer est peut-être aussi importante que les réflexions de fond que l’on s’offre généralement.


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  • Yes ! Ça c’est un très bon début. Sauf pour h16 en string léopard… La liberté devrait être dans la constitution : elle l’est déjà…mais non appliquée. L’Etat est donc devenu anti-constitutionnel. Je crois aussi qu’il faut rendre le libéralisme sexy et à la porté du gars moyen (comme moi) qui a du mal avec les références historiques, les graphs, équations economiques etc… Que les libéraux soient intelligents n’est pas à prouver et comme le disait le texte sur l’ego cela est normal de vouloir le montrer. Reste que il est parfois plus utile d’être malin et sexy pour gagner. En Suède ce sont les socialistes qui ont imposés le libéralisme. Pourquoi ? Car détruire l’économie d’un pays est irresponsable et contre le peuple. Hollande est une grosse bouse, et peut importe sa couleur politique !

  • Depuis le début du XXè, les gens qui font la révolution parce qu’ils ont faim, ça met en place des régimes populistes entre socialisme et théocratie, selon les variantes culturelles. Est-ce qu’il faudrait attendre mieux de révolutionnaires français ? Sérieusement ?

    Ne nous leurrons pas, en France à l’horizon du demi-siècle, on n’aura pas mieux que de menus progrès, comme une amélioration de l’efficacité des services publics ou un peu de flexibilisation dans le marché du travail. Ça ne viendra pas de la rue, ni des libertariens.

    • Et bien, proposons-en, de ces menus progrès libéraux ! Faisons comme nos opposants, qui rêvent du grand soir qui ne viendra pas, mais chaque jour font passer quelques mesurettes, quelques briquettes qui construisent peu à peu le mur sur le chemin de notre liberté et de notre prospérité. Nous croyons, nous savons que nous pouvons être des Zorros, c’est notre faiblesse parce que nul indécis ne nous croira tant qu’il ne nous aura pas vu libérer l’héroïne ligotée devant le train, et que les héroïnes ligotées ne courent pas encore les voies ferrées. Il nous faut gagner sa confiance sur de petites choses, quasi sans importance au début, puis de plus en plus influentes. Ca nous paraît stupide de faire tous ces détours quand nous savons où il faut aller, mais quand il faut convaincre avant de réussir, ça n’est pas inutile.

  • Je crois que la meilleure façon de rendre les idées libertarienne sexy c’est de le rendre accessible a la culture populaire, la rendre populaire. Un acteur jeune, beau et connu, une chanteuse a succès, un dessinateur de bd a gros tirages, pouvant en parler ouvertement a la télé ou dans la presse people. La bloggeuse libertarienne Julie borowski (token libertarian girl) sait en parler avec beaucoup d’humour aux états-unis. A vos carnets D ‘adresse.

    • Oui, genre marketing red bull. C’est une très bonne idée. On pourrais associer le libéralisme avec des valeurs positives que le peuple peut s’appoprier. Il ne doit pas se sentir rejeté, incompris. Il faut aussi adapter le language à l’interlocuteur, principe de base en communication. Je pense que le plus important est de dire que cela n’est pas une couleur politique, mais la seule solution pour le bien de tous. Il ne faut pas minimiser l’effort à venir et rester éducatif et ouvert d’esprit.

  • Aster pose une question existentielle aux libéraux français.

    Vu de l’extérieur, pour info, vos prises de positions sont à la fois attirantes et repoussantes; un conseil, faites un tri, et arrêter de vous évertuer à ressembler à votre caricature.

  • Proposer la pma de néandertalien pour étonner ses amis.

  • Il y a énormément à dire sur le sujet. Le plus important reste la disponibilité et la diffusion des idées libérales, par la blogosphère, la vidéosphère et l’édition des livres de référence. Personnellement, la plus grosse contribution qui m’a amené à baser ma pensée politique sur la liberté est Sophismes Economiques de Frédéric Bastiat. Par des exemples courts et simples, il démystifie par des raisonnement logiques tous les constructivismes les plus prédominants de la pensée des planistes.

    La meilleurs façon dont nous pouvons convaincre notre entourage est d’offrir ces livres de références, où ceux qui vont on mis sur la voie car pensez vous en dire autant et mieux que ce qui a déjà été écrit ?

    Nous ne faisons de ressasser ce qui est déjà bien établit pour faire des parallèles avec l’actualité. Contrepoint est un filtre libéral de l’information. Mais pour que les gens puisse se passer d’un prémachage « contrepointesque » de l’information, pour leur donner une autonomie de pensée, ils faut ils acquièrent eux même, les idées, les valeurs et les connaissances de l’homme libéral et pour cela, il est primordial de diffuser les pensées de Bastiat, Mises, Hayek, Friedman père et fils, Nozick et tous les autres Smith, Tocqueville et encore plus, pour que leurs noms résonnent dans la mémoire collective comme des personnes ayant existé car qui sont ceux qui savent qui ils sont ? Nous ?

    Les gens sont gavés par le système éducatif français avec des auteurs qui ont été historiquement posé sur des piédestal, posés comme des gros marbres, des références inaliénables protégés par un système ultra conservateur et sclérosé.

    Il faut dire aussi que nous avons notre part de responsabilité. Car comme je le dis souvent, les libéraux, c’est comme les juifs, ça vote avec les pieds. Si nous sommes persécutés ou malmenés, nous allons dans une autre partie du monde, emportant avec nous notre capital et capital humain, nos cerveaux.

  • Si vous voulez vendre la liberté, vous devez avant tout vendre son fardeau, la responsabilité. Les Français ont vendu une part de leur responsabilité à l’Etat quitte a y perdre un peu de liberté… Ils lui ont beaucoup vendu, jusqu’à la responsabilité de reflechir et de penser.

    • @ BusterCall : vous avez 100% raison… La véritable vente est celle de la responsabilité.

      A priori, ce serait plus facile de vendre une télé à un aveugle, mais à la réflexion, à minima, toute personne ayant des intérêts à protéger (personnes, biens), est une personne responsable (ou au moins censée l’être).

      Le but du jeu est pour eux (comme pour beaucoup de monde d’ailleurs), de chercher à se déresponsabiliser (l’éducation de mes enfants, c’est l’Etat, comme la santé, comme maintenant l’assurance de mon locataire : future loi Duflot…).

      L’Etat, en obligeant les banques à ouvrir le robinet du crédit, a créé la crise que nous connaissons, bulle immobilière… Les collectivistes sont au pouvoir, c’est probablement pire que Sarkozy, mais quelque part, n’avons-nous pas une chance à prendre ?

      2017, c’est Marine Le Pen. Après 14 ans de Mitterrand, nous avons été sauvés grâce à la cohabitation et grâce à l’Europe (qui empêche les collectivistes d’avoir carte blanche), pourtant le fascisme interventionniste était au 2ème tour en 2002.

      Les impôts augmentent, la grogne monte, la récession est là et le chômage avec. On parle de croissance, les socialistes ont compris ça (bon, le crédit d’impôt compétitivité est encore la mise des entreprises sous tutelle de l’Etat), ils vont être obligés de tailler dans la dépense. Les déçus vont être nombreux (et le sont déjà…). D’autres ne sont plus déçus, ils sont résignés, asservis ! Les gens ne voient même pas (ou même plus), les suppressions de libertés à CHAQUE loi pondue.

      L’intérêt de la question est : comment faire prendre conscience à ces gens qu’ils sont déjà responsables ? Que même si l’Etat donne le sentiment d’apporter de la sécurité, ils seront touchés là où ça fait le plus mal : au portefeuille.

  • Faire simple.
    Pour toucher plus largement, il faut des images, des vidéos courtes que les jeunes peuvent faire circuler sur leurs portables.
    Des slogans qui font envie, qui font rire, qui interpellent et amènent à raisonner.
    Je transmets régulièrement les dessins humoristiques de contrepoint, les affiches du collectif Antigone, les slogans ou les vidéos de contribuables et associés, à mes ados et je sais que cela circule sur leurs pages facebook. Mais les articles sont souvent trop complexes et trop longs.
    Maintenant, ils peuvent lire Bastiat ou Rand. (ils sont encore un peu jeunes pour Friedman) mais ils voteront dans moins de 3 ans.
    En espérant que nous aurons des candidats à proposer.

  • Grand thème à la mode chez les socialos, le droit à l’enfant, au détriment du droit de l’enfant. Génial !

  • Défendre des libertés passe parfois par une perte de liberté pour en conserver d’autres.

    Mais ne rien faire fini par nous enfermer dans une prison dorée d’illusions ou la seule liberté appartient à celui qui nous juge.

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