Quelques raisons de ne pas partir de Cuba… et de France

Pourquoi rester à Cuba et ne pas fuir ? Quelques arguments qui résonnent même en France.

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Départ d'avion (Crédit : Gabriel Rocha, Creative Commons)

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Quelques raisons de ne pas partir de Cuba… et de France

Publié le 9 janvier 2013
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Pourquoi rester à Cuba et ne pas fuir ? Quelques arguments qui résonnent même en France.

Par Yoani Sanchez, depuis La Havane, Cuba.

Il faut que quelqu’un soit au au pied de la passerelle de l’avion, pour dire adieu, tenir le mouchoir et l’agiter d’un côté à l’autre. Il faut quelqu’un pour recevoir les lettres, les cartes postales aux couleurs vives, les appels téléphoniques longue distance. Quelqu’un pour s’occuper de la maison, autrefois pleine d’enfants et de parents, pour arroser les plantes qu’ils ont laissées et nourrir le vieux chien qui leur fut si fidèle. Quelqu’un pour garder les souvenirs de famille, le dressoir en acajou de la grand-mère, le grand miroir dont le tain se décolle dans les coins. Quelqu’un pour préserver les plaisanteries qui ne font plus rire, les négatifs des photos qui n’ont jamais été tirées. Il faut que quelqu’un reste pour rester.

Cette année 2013 que tant de gens attendent en raison de la mise en place de la Réforme migratoire, peut devenir une année où nous dirons souvent « adieu ! ». Bien que je respecte la décision de chacun de se fixer ici ou là, je m’attriste de l’hémorragie permanente de gens créatifs et talentueux dont souffre mon pays. Il est effrayant de connaître la quantité de Cubains qui ne veulent plus vivre ici, élever leurs enfants dans cette île, ni réaliser leurs projets professionnels sur le territoire national. Une tendance qui ces derniers mois m’a fait perdre des collègues et amis partis en exil, des voisins qui ont vendu leur maison pour s’acheter un billet d’avion pour une quelconque destination ; des connaissances que j’ai cessé de voir et dont j’ai appris quelques semaines plus tard qu’elles vivaient en Argentine ou à Singapour. Des gens qui se sont fatigués d’attendre, de repousser leurs rêves.

Mais il faut que quelqu’un reste pour fermer la porte, éteindre la lumière et la rallumer. Beaucoup doivent rester parce que ce pays doit renaître avec des idées neuves, avec des gens jeunes et des propositions pour le futur. C’est au moins l’illusion qui doit rester ; la capacité de régénération doit demeurer ici, l’enthousiasme doit s’accrocher à cette terre. En cette année 2013, parmi tous ceux qui resteront doit obligatoirement figurer l’espoir.

Partir ? Rester ? Il n’y a pas qu’en France que la question se pose.

Lire aussi :

Sur le web – Traduit par Jean-Claude Marouby

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  • Bonjour.

    Autant l’article est intéressant, autant je ne trouve pas ça très bien de modifier le titre de l’auteur qui n’a vraisemblablement pas donné son accord pour ça.

  • Apparemment, pour certains ce serait une idiotie de vouloir quitter la France, « l’économie la plus dynamique d’europe dans les années à venir ». C’est un certain Edouard Tréteau (HEC) qui le dit dans le journal Les Echos ce jour en page 10!

    • Comme quoi être diplômé n’est pas forcément synonyme d’intelligence ou de clairvoyance…

      • Attendez, le meilleur est pour la fin : sur la même page, il y a la critique d’un livre qui tente de faire passer Adam Smith pour un socialiste! Le livre en question est de Christian Chavagneux et Igor Martinache, « journalistes chez Alternatives économiques » et s’intitule « Vive l’Etat! ». Les libéraux ne sauraient pas lire et n’auraient rien compris d’Adam Smith. Bref, tout est bon pour convertir jusqu’au dernier des mohicans libéraux! Pauvres de nous!

        • J’oubliais : dans le même article, le critique va jusqu’à affirmer qu’Adam Smith serait plus proche de Marx que d’Hayek! Il faut se pincer pour le croire!

          • Un marxiste est capable de torturer un texte pour lui faire avouer n’importe quoi ; il peut démontrer, par les textes, que JP II était athée et que Victor Schœlcher a lutté contre l’abolition de l’esclavage.

          • Sur certains points c’est vrai. Après tout les deux sont des classiques qui utilisent la valeur-travail, etc.

  • Le problème, c’est que le changement, ce n’est pas maintenant… S’il faut attendre 40 ans pour que, peut-être, on entrevoie la fin du tunnel, deux générations sont passées, la vie fut vécue, les rêves sont morts, et avec eux l’espoir et le bonheur.

  • Ce texte élégant reflète assez fidèlement mes interrogations actuelles.

  • L’article et les commentaires posent le problème des constructivistes qui s’ingénient à vouloir faire rentrer un cube dans une matrice ronde, même s’il faut un maillet pour y parvenir. Après avoir tout éclaté ils auront l’audace de vous interpeller en vous montrant « que ça marche ! » Pour bien comprendre leur esprit déviant, vous pouvez vous coltiner « Elémens de républicanisme » de Billaud-Varenne qui vous donne ses idées pour atteindre le bonheur. Je vous préviens amicalement, c’est chiant comme tous les propos d’un esprit déviant. Mais c’est drôle quand on sait qu’il a été un septembriseur actif, un traite à la patrie (Toulon), un escroc et magouilleur avec sa femme et enfin un… esclavagiste. Le message qu’il veut faire passer se retrouve dans les propos tenus actuellement par nos socio-jacobins et là ce n’est plus drôle. (Il me semble que je l’ai récupéré par Googlebook)

  • J adore contrepoints et le liberalisme, mais parfois c est penible d avoir des je sais tout et j ai raison car c est Moi qui le dit. Il y a certains contributeurs de talent qui ecrivent regulierement et vitriole l actualite, d autres plus moderes, d autres plus cartesiens…parfois je me lasse, parfois je reviens en manque de lecture ! En tout je me reconnais dans cet article, je n ai ni talent, ni argent et pourtant je me suis expatrié. J ai laissé chien, maison, parents amis car la France m exasperait. Les medias, les gens, cette ambiance generale de mal de vivre. Aujourd hui je suis enfin heureux de ne plus etre resident !

  • @Serge_Johnson

    Similitude entre Marx et Smith? Des similitudes on peut en trouver beaucoup entre des auteurs très différents si on s’attache à des détails. Les points de départ peuvent être les mêmes et les conclusions fort différentes. Reste les idées essentielles en matière économique sur lesquelles Marx et Smith sont aux antipodes l’un de l’autre. A la limite, il y aurait bien plus de similitudes entre Marx et Ricardo, car Marx a beaucoup emprunté à Ricardo, qu’entre Marx et Smith! Mais là encore, bien évidemment, les raisonnements et les conclusions sont dissemblables entre Marx et Ricardo.

  • Les commentaires sont fermés.

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