La date limite pour arriver à un accord sur le budget de l’UE a été dépassée. Le Royaume-Uni protège son rabais, et la France ses subventions agricoles.
Par Richard North, depuis Bradford, Royaume Uni.
À peine les discussions annuelles sur le budget de l’UE se sont elles effondrées, qu’Hermann Van Rompuy a jailli avec une proposition de budget multi-annuel, ajoutant encore plus de confusion à la question qu’il n’y en avait déjà.
C’était un brouillon de compromis de budget multi-annuel, avec pour but « d’amadouer la Grande Bretagne qui veut des coupes dans la dépense, au risque de fâcher la France en réduisant les subventions à l’agriculture. » Ce brouillon réduirait de 80 milliards le budget pour 2014-2020, qui fait à peu près 1000 milliards d’euros tels que proposés par la commission européenne, pour être prêts pour les discussions du 22-23 novembre.
En même temps, on nous a dit que la proposition allait préserver le rabais britannique, ce qui, c’était prévisible, signifiait que la France le rejetterait, ce qu’elle s’est empressée de faire. Jean-Marc Ayrault, le premier ministre français, a objecté contre des coupes profondes dans les dépenses dans l’agriculture, et a aussi « exprimé du déplaisir » à propos de la réduction proposée des fonds de cohésion.
Ayrault a néanmoins promis que la France continuerait de travailler de façon constructive pour arriver à un accord général, une phrase normalement dépourvue de sens, qui a rapidement acquis la signification suivante : « La France va se faire la Grande-Bretagne ». Et sans tarder, nous avons entendu divers reportages, culminant avec celui du Guardian (qui continue de perdre de l’argent), qui nous dit qu’on a écrêté un milliard par an du rabais britannique, et ramené le budget total sur sept ans à 950 milliards d’euros.
Ainsi, dans le désarrois apparent sur le front multi-annuel, toute info sur la crise du budget pour 2013 a disparu de l’écran radar. Résultat : l’eurodéputé Alain Lamassoure (PPE, France), président du comité du budget au parlement européen, ne trouve pas ça amusant. Il déclare que l’UE « n’est pas crédible », commençant comme elle le fait à négocier le budget à long terme pour 2014-2020, avant de s’être mise d’accord sur les paiements courants.
Lui, et lui seul, semble avoir pris conscience de l’impasse sur la correction à apporter au budget 2012, qui a fait s’écraser les propositions de budget pour 2013, ce qui nous a amené à la situation bizarre où les chefs de l’UE vont se rencontrer pour tenter de se mettre d’accord sur le budget pour 2014-2020 en l’absence d’accords pour 2012 et pour 2013.
Mais le fait d’avoir Lamassoure qui nous dit que l’UE « n’est pas crédible », ça c’est vraiment quelque chose. Tout le processus du budget est en train de tomber dans un chaos tel que nous n’en n’avons jamais vu.
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