Comprendre la richesse des nations

Faute de comprendre les processus en jeu dans la création des richesses, la France a décroché du sentier de la croissance et a vu la pauvreté augmenté.

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Comprendre la richesse des nations

Publié le 16 novembre 2012
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Faute de comprendre les processus en jeu dans la création des richesses, la France a décroché du sentier de la croissance et a vu la pauvreté augmenter.

Par Jean-Louis Caccomo.

On découvre, ébahi, que la pauvreté augmente en France. Mais c’est la conséquence malheureuse, mais mécanique et inévitable, de trente années (les « trente piteuses ») de décrochage de notre sentier de croissance (Solow), faute d’une compréhension objective des processus en jeu dans la création des richesses. La richesse ne se répartit pas en se consommant (keynésianisme) ou en se redistribuant (socialisme) mais en produisant (investissement des entreprises).

Mon coiffeur (qui est aussi mon ami) me confia ce matin que, lorsqu’il a créé son salon en 1974, les charges représentaient 20% de son chiffre d’affaires. Elles se montent aujourd’hui à 80%. On voudrait tuer le secteur productif, dont la dynamique est portée par le tissu des PME, que l’on ne s’y prendrait pas autrement.

Faisons un peu d’histoire pour comprendre notre situation actuelle. À ce propos, l’histoire de l’empire romain est fascinante et porteuse de nombreux enseignements économiques. Les Romains ont conquis tout le monde connu parce qu’ils ont révolutionné « l’art » de la guerre en appliquant deux principes fondamentaux : le machinisme (les machines de guerre comme les catapultes) et la division du travail qui a donné naissance à l’armée moderne. Aucun pays et même les combattants les plus valeureux n’ont pu résister à la puissance romaine. L’Italie, une invention moderne, n’existait pas et Rome était juste une « idée ».

Pourtant, les romains n’ont jamais pensé à appliquer ces principes à l’économie car ils considéraient que, pour avoir plus de richesses, il fallait la prendre aux autres, raisonnant dans un monde fini (la quantité de richesses est donnée). Comment peut-on les blâmer car il a fallu attendre Adam Smith (1776) pour comprendre l’importance de ces principes dans le processus de croissance de la richesse des nations et Taylor (1856-1915) pour les mettre en application dans l’organisation des entreprises ? Et il semble que les dirigeants français ne l’aient toujours pas compris comme si on ne parvenait pas à échapper à des siècles d’histoire et de colbertisme.

Alors Rome payait ses soldats (ceux qui recevaient la « solde ») avec le butin de guerre, en leur donnant des terres prises sur les territoires conquis. Et les problèmes économiques de l’empire romain ont commencé à apparaitre quand il n’y avait plus de nouveaux territoires à conquérir. Par la suite, toutes les grandes nations européennes ont raisonné ainsi jusqu’à l’époque mercantiliste. C’est ce même raisonnement qui a justifié la constitution des empires coloniaux et qui est à l’origine des conflits incessants entre les royaumes en Europe. C’est aussi pour cette raison que Bastiat s’était vivement opposé à l’aventure coloniale française en Algérie, soulignant que la puissance reposant sur la force et la contrainte était toujours assise sur des bases fragiles et coûteuse.

Aujourd’hui, et sans doute pour la première fois dans l’histoire troublée et conflictuelle de l’humanité, aucune nation ne peut plus accroître son territoire en déplaçant ses frontières géographiques, l’intégrité territoriale de toutes les nations étant protégée par l’O.N.U jouant le rôle nécessaire, mais difficile, d’arbitre international.

Il appartient donc aux entreprises, qui évoluent désormais dans un monde ouvert, de conquérir des marchés et des nouveaux consommateurs. Mais ce n’est pas la « guerre économique » – tellement décriée dans la presse économique – que se livraient autrefois les nations dans un monde fini, c’est la compétition nécessaire, qui est la règle du jeu normal au cœur du fonctionnement même de l’économie à l’origine de la croissance des richesses. Car dans une guerre, les armées tuent les gens et accaparent leurs richesses de sorte qu’il n’y a jamais de croissance. À l’inverse, par le jeu de la compétition économique, il faut conquérir des consommateurs (qui sont libres d’acheter ou non vos produits) ce qui implique de créer de la valeur. Cela change complètement de perspective, et donc de stratégie.

Et si les entreprises gagnent des parts de marché, leurs chiffres d’affaires progresseront et elles seront en mesure de mieux rémunérer leurs facteurs de production (actionnaires, banquiers, salariés) ainsi que de payer leurs impôts, ce qui reviendra dans les caisses de l’État. L’État s’enrichit ainsi de manière pacifique grâce à la prospérité de ses entreprises et sans spolier ses habitants.

Dans ce contexte, ce n’est plus la puissance militaire et la force brute qui sont les instruments de la puissance économique mais bien la compétitivité des entreprises. L’Allemagne et le Japon, les deux vaincus de la seconde guerre mondiale, ont été privés de puissance militaire mais ils sont devenus les principales puissances économiques du monde. C’est le sens de la mondialisation en cours : pour participer activement à ce processus, il faut donc s’ouvrir à l’économie mondiale. C’est aussi ce qui a fait monter en puissance tous les pays de la zone A.P.E.C., qui est aujourd’hui la région la plus dynamique de l’économie mondiale.

En Europe, et en particulier en France, en s’accrochant désespérément aux instruments dépassés de la puissance, on prend le risque de se voir exclure de ce processus irréversible avec la tentation dangereuse de succomber aux sirènes de la fermeture sur soi et de l’isolationnisme. Écoutez donc les discours de Mélenchon ou de le Pen, qui se ressemblent terriblement, et influencent les programmes des partis de gouvernement.

Mais si on n’y prend pas garde, ce sont les autres pays qui nous abandonnerons à nos chimères et poursuivront leur chemin du développement et de la prospérité sans nous. Un pays, frappé par le déclin économique et les difficultés financières inextricables, peut difficilement servir de modèle et donner des leçons de prospérité aux autres pays désireux de sortir de sous-développement.

—-
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  • Joli discours qui tente de faire croire que la Chine (entre autre) joue le jeu de la concurrence.
    Ne reste plus qu’a créer en France de gigantesques dortoirs, non mixtes, où les faits et gestes des ouvriers seront déterminés.

    • Si la Chine ne change pas rapidement de régime politique, le bénéfice qu’elle a pu tirer de l’introduction d’une dose de liberté dans son économie s’évanouira aussi rapidement que sa croissance récente a été spectaculaire. Les pays qui s’imaginent comme des entreprises, notamment la France, sont eux aussi condamnés à plus ou moins long terme, des causes identiques ayant la fâcheuse tendance à produire les mêmes effets.

      Les produits chinois représentent 2 ou 3% de notre PIB. L’Etat socialiste obèse représente 57% de notre PIB et en contrôle indirectement les trois quarts. Qui véritablement fausse la concurrence ?

      Votre vision de dortoirs et de contrôle des populations est la conséquence du collectivisme social-démocrate, à l’opposé de la liberté. Vos dortoirs ne seront d’ailleurs pas immenses : le nombre d’ouvrier dans le monde va être réduit avec la robotisation à venir, dans un mouvement similaire à celui qu’a déjà connu l’agriculture. Essayez donc d’imaginer les conséquences de la robotisation sur vos amis chinois !

  • Caesar : En travaillant avec mes nombreux étudiants chinois (et me rendant régulièrement en Asie), dont certains sont devenus aujourd’hui mes collègues, je n’ai bizarrement pas la même perception de la Chine que vous.

    Peyrefitte avait averti « quand la Chine s’éveillera », mais alors réveillez-vous donc car la France est rentrée dans un profond coma.

  • Je ne doute pas que l’hypertrophie de l’Etat et ses satellites (Régions, départements, communes, Communauté de Communes, Cantons), ses 600.000 élus inventant et faisant appliquer des règlements anti-économique, sa bureaucratie sovietoïde soit responsable de nos maux.

    Mais il est, d’autre part, plus que temps d’appliquer la « réciprocité » (anciennement protectionnisme) vis à vis de pays ouù les conditions de productions sont scandaleuses et qui pratique le protectionisme.

    Ce n’est pas l’un ou l’autre mais l’un ET l’autre.

    • Ah oui, les vilains chinois qui nous vendent des produits pas chers, il faut les empecher, on risquerait de voir notre pouvoir d’achat augmenter sinon!

    • Tout à fait, appliquons la réciprocité, baissons nos charges sociales.

    • réciprocité du protectionnisme ? réciprocité dans la connerie ???
      Nous ne somems pas forcés d’acheter chinois, si nous le faisons (de façon tout à fait marginale, en fait, mais peu importe) c’est seulement parce que c’est avantageux pour nous (et aussi pour les chinois qui vendent, mais ce n’est pas l’altruisme qui motive dans ces affaires ) . Vouloir du protectionnisme, c’est vouloir se priver de ce bénéfice, c’est une connerie sans nom.
      Inversement, le protectionnisme chinois leur coute autant qu’à nous, et même plus (en étant protectionniste la chine se prive de gains avec tous ses partenaires, alors que pour les autres la chine n’est qu’un parmi tous). Ça serait mieux pour tous le monde, à commencer par eux, d’accepter de libéraliser encore plus, en réduisant leur protectionnisme. En attendant, les imiter dans cette voie c’est stupide.

      • SI on prend un produit A, les entreprises voudront le produire en Chine et on achètera A « made in China », si on est protectionniste, alors les entreprises auront deux choix: payer une taxe (liquidité alors redistribuer par l’Etat compensant la hausse de prix du produit) ou bien venir produire A chez nous, et même si le produit est plus cher, l’augmentation de la demande de travail pousse les salaires à la hausse et réduit le chômage entraînant alors une baisse des charges sociales. Tout ça en restant dans la théorie purement libéral, le libre-échange n’est pas forcement de l’idéologie libéral.

        Pour cela il te suffirait de connaître quelque classique : commence par Allais déjà, c’est un grand économiste libéral ET protectionniste.

        Cela n’est qu’un aspect de la question puisque le protectionniste a dans divers théories son rôle, que ce soit dans le principe de la crise de la concurrence Keynesienne ou bien même chez Smith

    • Bonjour caesar (drôle de pseudo sur un site libéral)
      C’est toujours à cause des autres, des chinois des allemands, des americains, des jui…. (ah non).
      C’est très confortable pour éviter de se remettre en cause et de faire un effort, effort (quel gros mot) qui sera de plus en plus important avec les gouvernements successifs qui n’ont rien fait et dit aux français ce qu’ils voulaient entendre.

  • Connerie, pseudo libéralement incorrect Whouaw….
    Si mon message donne l’impression que je loue la société française que je décris comme une bureaucratie soviétoïde…
    Borné dans la connerie ?

    • Rebonjour Caesar
      Hum…. comment dire sans vous fâcher, appliquer la réciprocité envers la chine et avoir une politique protectionniste, c’est avoir une politique économique étatique et considérer qu’il y a des bons produits et des mauvais produits . Les bons produits étant les produits français qui sont captifs de la mainmise de l’état (ou plutôt les entreprises situées sur le territoire francais).
      Cordialement à vous 🙂

  • La « réciprocité des moyens de productions » doit s’effectuer entre l’Europe et la Chine. Si ce n’est pas le cas, en bon libéral, on rectifie pour optimiser le marché.
    Hum…..merci pour votre condescendance.

    • Il est bénéfique de pratiquer le libre échange, même si votre partenaire commercial est protectionniste :
      Soit il subventionne ses exportations, ce qui revient à envoyer de l’argent gratuit dans le pays acheteur
      Soit il taxe l’importation, ce qui n’est rien d’autre qu’un impôt payé par les chinois sur les produits étrangers. C’est dommage pour les chinois mais cela ne change rien au fait que deux maux ne font pas un bien, et que si on te coupe un bras, même si tu préfère la symétrie, il n’est pas une mauvaise idée de garder l’autre : le seul gagnant du protectionnisme, c’est le producteur local. Le consommateur y perd puisqu’on lui surfacture un choix.

      • Oui mais si il subventionne ses exportations, tes entreprises vont foutre le camps là-bas et vont exporter chez toi, inversement, si il taxe tes importations, pour aller vendre la-bas il enverra sa production en Chine. C’est bien beau d’avoir des produits moins cher, mais si il n’y plus personnes avec un emploi

        • Votre raisonnement est faux, les Chinois ont déjà compris qu’ils allaient devoir à + ou – court terme jouer avec les même règles du jeu que leurs partenaires. L’infraction à ces règles tuera à terme leur croissance, les Américains sont déjà en train de rapatrier des usines aux USA car le non respect des règles par les Chinois leur est préjudiciable au final à eux aussi (aux Américains).

          Et il en va exactement de même pour la Russie, qui a combattu le piratage sur son sol par exemple afin de rentrer à l’OMC.

          Cdlt

  • Le Français est un socialiste forcené dans l’âme, même s’il est de droite. Pour lui, la richesse ne se crée pas, elle se partage. D’où cette mesquinerie et cette méfiance vis à vis des entrepreneurs qu’il considère comme des extra terrestres.

  • Les commentaires sont fermés.

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