Drame de Ford Genk : et si la direction n’était pas responsable ?

Dans la fermeture de l’usine Ford de Genk et les milliers d’emplois qui vont disparaître, la responsabilité des pouvoirs publics est importante.

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Ford Europe a annoncé, mercredi 24 octobre, la fermeture de son site de Genk (Belgique).

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Drame de Ford Genk : et si la direction n’était pas responsable ?

Publié le 29 octobre 2012
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Dans la fermeture de l’usine Ford de Genk et les milliers d’emplois qui vont disparaître, la responsabilité des pouvoirs publics est importante.

Par Philippe Bouchat, depuis la Belgique.

Ford Europe a annoncé, mercredi 24 octobre, la fermeture de son site de Genk (Belgique).

Le licenciement des travailleurs chez Ford Genk est une véritable catastrophe ! Et c’est peu de le dire à côté de la souffrance de ces ouvriers, employés, cadres et de leurs familles. Pourtant, je suis convaincu que la responsabilité de ce drame ne se trouve pas dans le chef de Ford, mais bien plutôt des pouvoirs publics et de la politique économique keynésienne qu’ils idolâtrent. Je m’explique.

Le métier d’entrepreneur, grand ou petit, est d’être confronté à des coûts certains et à des recettes aléatoires. Il y a donc un risque inhérent à la fonction d’entrepreneur : lorsque les coûts prennent le pas sur les recettes, l’entreprise est en perte et son existence peut être en péril. Lorsqu’au contraire les recettes prennent le pas sur les coûts, l’entreprise dégage un profit. Ce profit n’est pas un vol, il est à la fois la rémunération du risque pris mais a un rôle bien plus important : payer les travailleurs, rémunérer le capital, investir dans la recherche et le développement ; sans profit, pas d’entreprise, pas d’emploi, c’est aussi simple que ça. Les études économiques montrent que pour un entrepreneur qui dégage du profit, trois autres essuient des pertes et risquent la faillite.

Ces principes étant rappelés, revenons-en au drame de Genk. Bien que l’entreprise dégage un bénéfice de presque 2 milliards de dollars au niveau mondial, les chiffres en Europe sont catastrophiques. Sur quelques années, Ford Genk a vu le nombre d’automobiles vendues divisées par deux, ce qui constitue autant de recettes en moins et donc une diminution substantielle du profit et l’apparition de pertes importantes. Ford Genk, comme toutes les entreprises, n’a aucune emprise sur la conjoncture, frappée du sceau de la crise.  Elle n’a qu’un seul levier à sa disposition : jouer sur les coûts, d’où la décision que l’on connaît.

N’y avait-il donc rien à faire ? Je ne le crois pas ! Les pouvoirs publics ont, selon moi une responsabilité importante. Plutôt que mener une politique keynésienne d’incitation et de relance économique par la demande, nécessairement financée par des hausses de fiscalité et le recours à l’emprunt, ce qui a aggravé l’endettement public, il eût fallu au contraire mener une politique de l’offre par une diminution drastique des charges sociales et fiscales et, surtout, une diminution des dépenses publiques. En un mot comme en cent, c’est réduire la taille de l’État qu’il eût fallu faire ces dernières décennies. Ce faisant, on aurait dégagé des surplus budgétaires réels (non causés artificiellement par des ‘one shots’) qu’on aurait pu investir dans la recherche et le développement, la formation adéquate des travailleurs dans les nouveaux secteurs porteurs (et non dans les industries du passé). Bref, on aurait créé un contexte favorable aux profits des entreprises qui aurait vraisemblablement permis de faire face à une baisse conjoncturelle.

Encore un mot. La littérature économique démontre que le pouvoir d’achat et l’emploi suivent l’évolution des profits, et non l’inverse ! Tant que les pouvoirs publics mèneront une politique qui étouffe dans l’œuf la création de profits, les entreprises n’auront d’autre choix que de jouer sur les coûts, et donc de licencier le cas échéant… Alors à qui la faute ?

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Ford Genk 0 – brimades d’Etat 1.

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  • Pour faire comprendre cela aux plus de 50% de fonctionnaires et/ou socialos qui ne vivent que sur le dos des autres 50% qui bossent, c’est peine perdue.
    Ces assistés, ces rentiers à vie, ne font qu’envier ceux qui gagnent plus qu’eux, ils ne connaissent pas le risque car ils n’en n’ont aucun, ils ne connaissent pas la responsabilité car ils ne connaissent pas ce mot, et font tout pour prendre ce qu’ils estiment injuste à ceux qui ont bossé, qui ont pris des risques et des responsabilités.
    Nous sommes sur le chemin de l’égalitarisme soviet, et nous finirons comme eux, alors que eux en sont sortis et se mettent au boulot, on a enclenché la marche arrière, on va payer longtemps cette erreur et très cher.

  • Excellent article, clair et indiscutable.
    Je partage completement l’avis d’ akpoone. Tenter de faire comprendre le bon sens a des idiots qui vivent aux crochets de ceux qui travaillent et surtout creent de la richesse et tout ce qui en decoule, , c’est gaspiller de la salive. La Belgique, la France…. vont de fait, vers l’egalitarisme soviet dont parle akpoone.

    C’est foutu.

  • Cher Philippe, si ton analyse peut se comprendre lorque l’on parle d’une société moyenne belge, ou française, ou, …, elle oblitère complètement les jeux fiscaux et sociaux que jouent les multinationales, déplaçant allègrement au gré des avantages offerts par les états, les productions qui, elles, n’ont plus de limites de marchés depuis la suppression des barrières. On vend ici tout mais on ne produit ici que juste de quoi pomper les aides et autres notionnels ..
    Si on veut du libéralisme en contrepartie du risque, on joue le risque seul et non avec les subsides étatiques ….
    A méditer ?
    Philippe

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