Hollande est-il vraiment le président de la situation ?

Il sera particulièrement intéressant de voir comment réagira Hollande devant une déflation lente et pénible.

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Hollande est-il vraiment le président de la situation ?

Publié le 25 septembre 2012
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Heureusement que les Français ont élu François à la magistrature suprême ! La situation financière internationale est catastrophique, les tensions diplomatiques s’exacerbent un peu partout, la politique intérieure laisse pantois, mais grâce au Président Hollande, on sait que le pédalo sera barré droit dans la tempête.

Mais bon.

On ne peut s’empêcher, tout de même, de trouver un peu sous-taillé l’aimable rond-de-cuir échoué à ce poste sur la conjonction d’un malentendu et d’une suite d’événements aussi fâcheux qu’inopinés, et je ne parle même pas de la lueur de panique qu’on distingue dans l’œil de celui qui doit maintenant composer avec une France industrielle en plein effondrement.

Hollande, capitaine de pédalo CCCP

Certes, il apparaît évident maintenant qu’un individu comme Strauss-Kahn n’aurait probablement pas amélioré la situation, voire, si l’on doit s’en tenir à sa dernière idée lumineuse, l’aurait passablement dégradée avec cette décontraction que seuls des cuistres cyniques sont capables de développer.

Certes, il est tout aussi flagrant que son prédécesseur, un agitateur cocaïnomane à l’égo surdimensionné, n’aurait pas fait mieux dans la même situation. On aurait eu, probablement, quelques tombereaux de déclarations tonitruantes, mais, soyons francs, l’averse de lois stupides et de taxes vexatoires aurait été la même pour une absence similaire et prévisible de tout résultat positif.

Avec ce qu’on observe actuellement sur la scène internationale, on ne peut cependant s’empêcher de trouver un petit côté désuet et dangereusement niais à l’actuel locataire de l’Élysée. On se demande réellement quel atout, quelle carte maîtresse il va pouvoir jouer pour, seulement, faire entendre la voix de la France, sans consteller un discours confus de « heu… » ridicules.

Difficile aussi de ne pas faire le parallèle entre l’époque actuelle et celle qui précéda la seconde guerre mondiale. Le timing, j’en conviens, est différemment organisé, et les forces en présence sont de toute évidence différentes. Mais de même que s’était financiarisée la société des années folles au point que le travail rapportait moins que les investissements boursiers, même assis sur du vent, on est bien obligé de constater que la société actuelle souffre d’une hypertrophie financière en phase terminale, hypertrophie directement liée à la manipulation monétaire éhontée des gouvernements américains et européens pour camoufler un océan de dettes.

Bien sûr, ces dettes furent, au départ, des vices bien doux à faire accepter, chaque nouveau dollar ou chaque nouvel euro de dette arrivant à générer un peu de croissance et de paix sociale. Mais à mesure que la dette créait de moins en moins de richesses à rembourser plus tard, la douceur des vices s’est atténuée au point de disparaître. À présent arrive le retour de bâton de ces dettes : la facture devra être payée, dans le travail (ou plutôt, ici, dans son absence pour des millions de chômeurs) ou dans le sang. Et comme on le constate un peu partout, ce seront toujours les mêmes qui paieront : les classes moyennes.

median house income

Ironie du sort, alors qu’au début des années 90, le rideau de fer tombait et que, petit à petit, les anciennes républiques socialistes se relevaient du joug collectiviste pour embrasser l’économie de marché, l’Europe de l’Ouest et l’Amérique dérivaient, eux, de plus en plus vers ce socialisme omniprésent que les premiers avaient tout fait pour quitter.

En 2012, la dérive est complète : tout se passe comme si les États-Unis, la France, l’Angleterre, et le reste de l’Europe étaient tombés du mauvais côté d’un rideau de fer fantôme. Les pires dictatures abandonnent progressivement le planisme et comprennent que le marché est la seule voie d’enrichissement réel. La Russie, l’Inde, la Chine, bien que toutes gangrénées par la corruption et un système étatique encore trop présent, montrent une vraie capacité de création de richesses, et s’ouvrent tous les jours un peu plus, à mesure d’ailleurs qu’ils s’éloignent de leurs partenaires commerciaux à la puissance déclinante. Évidemment, partant de bas, les progrès qu’ils ont accomplis n’en sont que plus spectaculaires, mais là encore, le constat est sans appel : ces pays deviennent les nouveaux marchés à prospecter pour les firmes occidentales qui ne trouvent plus dans leurs marchés locaux, matraqués de règles et de taxes, les forces nécessaires à leur survie.

Eh oui : le planisme, le socialisme, le collectivisme, ça coûte un pont, et les entreprises privées qui doivent convaincre des consommateurs sur des marchés toujours plus étroits finissent par ne plus y trouver leur compte.

Le souci évident, c’est que lorsque les États viennent à manquer de ressources parce que les contribuables sont épuisés de taxes et d’impôts et que les entreprises et les créateurs de richesses sont partis, tout comme dans les années 20 puis 30, l’issue évidente pour effacer ces montagnes de dettes consiste à aller casser la tête de son créancier.

Et questions tensions entre créditeurs et débiteurs, on est servi.

En Europe, les PIIGS, au secteur public dodu et au secteur privé exsangue, voient leur population (celle qui ne prend pas le large, en tout cas) s’agacer de plus en plus devant les mesures inappropriées généreusement envisagées par une caste politique non concernée par ces mesures et en complète déconnexion avec la réalité. On voit mal cette situation se résorber dans le calme.

Et pendant ce temps, les festivités au Moyen-Orient continuent d’alimenter une presse en mal de sensations fortes aux odeurs de brûlé. Parallèlement, l’empilement de vaisseaux de combat dans le détroit d’Ormuz est évidemment une excellente nouvelle pour la pêche locale qui se fera à l’évidence dans des conditions de sécurité renforcée. D’autant que le Premier Ministre israélien semble envisager l’existence d’une bombe nucléaire de fabrication iranienne avec beaucoup de décontraction. Là encore, on est bien en peine de trouver une issue rapide et pacifique aux conflits qui se mettent en place.

Du côté asiatique, le Japon et la Chine ne sont plus exactement sur la longueur d’onde bisou, celle qui permet aux nations séculairement ennemies de tenter des rapprochements. Les disputes autour des îles Diaoyu / Senkaku s’enveniment, complétant la panoplie « petits bateaux » et « diplomate qui clabote mystérieusement » avec l’option « Cyberwar » maintenant disponible dans tous les bons conflits près de chez vous. Il y a là encore fort à parier que ceci ne trouvera pas un dénouement calme et pépère, et si ce n’est la guerre physique, on peut raisonnablement penser que les deux puissances vont mener d’âpres batailles sur le terrain commercial.

Sur le plan financier, cependant, rassurez-vous : pour ce qui est du pognon et des coupures en différents formats, on n’en manquera pas, Ben a rejoint Mario dans son petit atelier et ils ont lancé tous les deux une grande quinzaine commerciale sur le slogan de « Faisons Bonne Impression ». Pour le moment, les particuliers, franchement échaudés par la conjoncture mondiale, ne se sont pas rués sur les crédits faciles et n’ont pas repris leurs achats compulsifs des années 2000. « On » se demande bien pourquoi, puisqu’après tout, le crédit, c’est super. Non ?

Et malgré tout, tout semble pointer vers une belle déflation des familles. Or, n’oubliez pas : si les politiciens adorent l’inflation et abhorrent la déflation, c’est simplement parce que l’inflation est un impôt caché sur tous qui permet l’enrichissement d’une petite minorité (ceux qui sont près des robinets) et un appauvrissement de tous les autres, par petits paliers indolores et continus, là où la déflation appauvrit la masse brutalement et visiblement tout en redistribuant tout aussi visiblement la richesse sur ceux qui ont eu l’entregent de ne prendre que des risques modérés et d’avancer des fonds avec précaution. Politiquement, on comprend que l’inflation peut plaire, alors que la déflation porte en elle le risque de mouvements sociaux violents…

Cliquez sur l’image pour avoir toute l’histoire.

Il sera particulièrement intéressant de voir comment réagira notre hypo-président devant cette déflation lente et pénible. Pour le moment, que fait-il devant la catastrophe industrielle annoncée ? Il envisage le mariage gay, balance sur l’interdiction des caricatures religieuses, tente une limitation du prix de l’essence, subventionne les médias, fait des voyages en jet privé et distribue des bisous. C’est important, les bisous. Mais bon. Tout de même.

Parfois, des circonstances médiocres révèlent des hommes exceptionnels. Pour le moment, les circonstances exceptionnelles n’ont révélé qu’un homme médiocre, un intendant brouillon, englué dans ses bricolages sociétaux et embarrassé par d’enquiquinantes questions pécuniaires, sans la moindre solution viable et concrète.

—-
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  • Nommer des médiocres juste avant les pires crise est une norme en France.

  • Ce qui est dingue, c’est qu’on voit s’installer une certaine nostalgie du sarkozisme… Même chez les guignols…

  • Il me fait penser à Louis XIV (je parle de la situation hein pas de la classe !) à la différence que Hollande a voulu le poste, lui !

  • C est vrai que c est la merde : mais comme l on dit le coq peut chanter les pieds dedans. La preuve on a une belle brochette de branleurs á la tete de l etat

  • « tout se passe comme si les États-Unis, la France, l’Angleterre, et le reste de l’Europe étaient tombés du mauvais côté d’un rideau de fer fantôme »

    Un petit pays résiste à l’envahisseur étatique: La Suisse.
    Sa potion magique: La démocratie directe.

    « une caste politique non concernée par ces mesures et en complète déconnexion avec la réalité.  »
    Voilà pourquoi la démocratie directe est nécessaire.

    J-F Revel disait que les démocraties sont mieux gérées que les dictatures parce qu’elles reviennent plus vite sur leurs erreurs, précisément parce que le dictateur peut s’isoler des conséquences de ses décisions, contrairement au peuple.
    La dérive des 40 dernières années montre à quel point nous sommes dirigés par une oligarchie déconnectée des réalités.

    « ceux qui sont près des robinets »
    Soit: Les politiciens et leurs clients, la fonction publique, et la banque.
    À l’opposé: L’industrie !
    Tiens, c’est curieux: Le plus industriel des pays d’Europe est celui dont la banque centrale était la plus autonome et rétive à la création monétaire …

  • Super article.
    Pour ma part, je ne réalise toujours pas que Hollande est président de la république française.

  • Hollande président? Je crois qu’il faudra plus de 5 ans pour s’y faire.

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