Les banques centrales incitent à la prise de risque

L’ambiance est morose chez les gérants de fonds, dont nombres pointent le danger que créent les banques centrales.

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Les banques centrales incitent à la prise de risque

Publié le 19 septembre 2012
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L’ambiance est morose chez les gérants de fonds, dont nombres pointent le danger que créent les banques centrales.

Par Jean-Jacques Netter.

Article publié en collaboration avec l’Institut des Libertés.

Les intervenants qui se sont exprimés la semaine dernière dans le cadre du séminaire CLSA à Hong Kong au Grand Hyatt Hotel,  n’ont pas délivrés un message très optimiste sur le long terme. L’ambiance était plutôt morose parmi les  1500 investisseurs qui étaient présents à la conférence, car l’industrie de la gestion est sous pression et beaucoup de gérants ont raté le mouvement de reprise de l’été…

Le pessimisme des intervenants de  CLSA

Chris Wood stratégiste de CLSA,  pense que la hausse des marchés provoquée par les banques centrales va se terminer en feu d’artifice. L’Occident est confronté à la déflation et à la poursuite de la réduction de son endettement.  Pour lui, il est très inquiétant que les créances de la Bundesbank sur les banques centrales de la zone Euro ne cessent de progresser à 727Md€ à la fin du mois de juillet.  Il reste donc très prudent sur les marchés émergents, qui ont sous-performés le S&P 500 de 30% depuis octobre 2010.  Dans l’allocation de son portefeuille Asie ex-Japon ses trois premières positions sont la Chine (18,9%), la Corée (14%)  et ensuite l’Inde (8%), l’Australie (8%), la Malaisie (8%) , Taiwan (8%) et Thailande (8%). Dans son allocation pour les fonds de pension en dollar US, il recommande toujours à ses clients d’avoir 35% d’or dans leur portefeuille.

Marc Faber, le très médiatique patron de « Gloom Boom and Doom » a expliqué comment la Fed finira par détruire le monde. Il est fréquent de dire que c’est la faillite du libre marché qui a provoqué la crise de 2008, alors qu’elle n’est selon lui que le résultat de 20 ans d’interventions constantes des banquiers centraux et notamment de la FED.  La politique monétaire a été menée uniquement pour soutenir la consommation au lieu de créer des capacités de production, d’où la hausse du déficit commercial  américain. En revanche,  elle a permis de créer des capacités de production en Asie…. L’allocation d’actif qu’il recommande comprend 25% d’actions. Il a réduit un peu sa position en action américaines  et a  racheté des actions européennes. Sur le moyen long terme il préfère tout de même les actions asiatiques ; 25% de liquidités et d’obligations ( corporate bonds,  marchés émergents,  Kazakstan etc …)  mais surtout pas d’obligations des pays qui ne rembourseront pas leurs dettes ; 25%  en or ; 25% en immobilier… La Thailande fait partie des marchés asiatiques sur lesquels Marc Faber a un avis positif. Le pays a une croissance régulière et va surtout bénéficier du décollage de la Birmanie ainsi que de l’accélération de la croissance au Laos, Vietnam et Cambodge.

David Roche, Président de Independant Strategy a commenté devant les  participants de la conférence son dernier livre « Democrisis. La démocratie a créé la crise de la dette. Est ce qu’elle y survivra ? ». Dans la série de graphiques qu’il a montré dans sa présentation « Crisis4 » il a chiffré très précisément le coût d’une explosion partielle ou totale de l’Euro….

 Russell Napier , stratégiste indépendant , qui venait d’Edimbourg, s’attend  à un choc déflationniste, car les balances des paiements courants des pays émergents sont en train de se détériorer rapidement. Le meilleur investissement pour lui en ce moment, c’est d’avoir des liquidités. Tout l’Ouest vit dans un monde de « monnaie de singe »,  ce qui n’est pas le cas des pays émergents  mais le grand changement vient du fait que maintenant leurs balances des capitaux se détériorent,  notamment en Chine. En ce qui concerne l’immobilier il a montré qu’au prix d’un appartement  à Shangai on pouvait en acheter trois en Floride…

 Carmen Reinhart professeur à Harvard, nous a prévenus que nous étions partis pour dix ans de croissance molle et qu’il fallait se préparer pour la répression financière. Elle pense que la classe d’actif la plus surévaluée du monde est celle des fonds de pension qui ne pourront pas servir les retraites qu’ils ont promises à leurs pensionnés.

 Nigel Farage, le leader du Parti Indépendant en Grande Bretagne, a comme d’habitude rencontré un grand succès à Hong Kong en défendant ses théories eurosceptiques. Il faut absolument regarder sur You Tube ses interventions à Bruxelles.

 Yuanping Han de CLSA fait part de ses inquiétudes sur le marché chinois car les signes que l’on peut identifier sur le terrain sont contrastés : les sociétés chinoises sont confrontées à un ralentissement, mais il ne s’accélère pas. En revanche, des sociétés occidentales, dont l’Occitane qui a fait une présentation à Hong Kong devant une centaine gérants a donné des signes positifs sur le développement de ses affaires.

L’or est la devise du chaos

Pour James Rickard auteur de « Currency wars. The making of the next global crisis ». Il est convaincu que la politique des banques centrales sera particulièrement inefficace car la vélocité de la circulation monétaire baisse. Pour lui le système monétaire international va connaître une nouvelle réforme après celles de 1925, 1944, 1979. L’instabilité en Europe, le chaos fiscal aux Etats Unis et la probabibilité d’un très fort ralentissement économique en Chine, tous les ingrédients sont là pour y arriver.

Selon Warwick Simons de GaveKal à Hong Kong La Fed détient maintenant 50% de l’encours de la dette du Trésor à plus de 5 ans et 15% des « Mortgage Backed Securities » (=crédit hypothécaire). Les opérations envisagées par la Fed en quantité illimitée n’auront que peu d’effet sur l’emploi et augmentent considérablement les risques d’explosion du système.

La fin du film risque d’être triste….mais il faut continuer de danser

On connaît donc la fin du film, mais entre temps, l’impression de monnaie sans limite, par les banques centrales devrait continuer à faire monter les classes d’actifs et en particulier les actions. Chuck Prince ex patron de Citi nous disait bien  en 2007 « Tant que la musique joue, il faut se lever et continuer de danser »   C’est probablement pourquoi les commentaires des stratégistes des grandes maisons de courtage anglo-saxonnes sont plus optimistes.

 Savita Subramanian de BOA ML voit le S&P monter encore de 10% d’ici la fin de l’année pour atteindre 1600.Tobias Levkovich de Citi,  a de son côté 1615 pour objectif. Thomas Lee de JP Morgan a un objectif plus modeste à  1475.  Andrew Garthwaite de Credit Suisse est convaincu que la synchronisation d’opérations QE par toutes les banques centrales ne peut que faire monter les marchés.

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