Chronique des détournements quotidiens à Cuba

Le communisme peut-il ne pas produire corruption et détournements? Cuba (et les rares régimes communistes survivants) nous montrent chaque jour l’inverse. Exemple avec une chronique de La Havane.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
Prix de denrées alimentaires sur un marché à Cuba

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Chronique des détournements quotidiens à Cuba

Publié le 15 septembre 2012
- A +

Le communisme peut-il ne pas produire corruption et détournements ? Cuba (et les rares régimes communistes survivants) nous montrent chaque jour l’inverse. Exemple avec une chronique de La Havane.

Par Yoani Sanchez, depuis La Havane, Cuba.

Prix de denrées alimentaires sur un marché à Cuba

Quelqu’un avait lancé la lettre par la fenêtre dans le bureau du directeur, dans un sac en plastique avec une pierre à l’intérieur. Des lignes et des lignes d’une écriture serrée, nerveuse, qui dénonçait le détournement de ressources dans le secteur de la cantine. On y trouvait la description méticuleuse du magasin « particulier » où étaient gardés les produits qui n’arrivaient jamais sur la table des étudiants. Et le chiffre énorme des rations qui finissaient chaque semaine en bidons pour nourrir les cochons du gérant. Sur huit feuilles étaient rapportées les astuces utilisées pour faire coller les chiffres en fin de mois et même le nom de qui était averti de possibles inspections.

Cette lettre anonyme imposa une réunion d’urgence. L’inspection surprise à la cuisine avait confirmé ce qu’avait dit  le justicier inconnu. Un jeudi en assemblée, à mains levées à l’unanimité, on expulsa tous ceux impliqués dans le détournement et on nomma de nouveaux travailleurs dans ces emplois. Sur les chaises de la grande salle, ils furent bien peu à penser que la nourriture volée reviendrait dans les plateaux, et que les élèves pourraient récupérer les grammes perdus et les saveurs détournées de leurs déjeuners.

Quand arriva le lundi, les nouveaux employés de la cuisine avaient déjà leur propre dynamique de malversation en place. Ils cachaient les sacs de haricots et les bouteilles d’huile dans un endroit différent de celui découvert par les inspecteurs. Pendant au moins trois mois ils mirent dans les assiettes la ration normale, mais petit à petit ils en retirèrent une once ici, un gramme là. Les cochons de quelque ferme éloignée recommencèrent à grossir avec le bouillon et le riz tellement insipides que beaucoup d’élèves ne goutèrent même pas. Une modification des chiffres garantit que le retrait ne se voie pas dans les papiers, tandis qu’un informateur – proche du directeur – avertit des inspections du ministère. L’accusateur anonyme et sa dénonciation ont seulement servi à ce que le vol change de noms et que le détournement de ressources passe le pouvoir dans d’autres mains.

Sur le web – Traduit par Jean-Claude Marouby

Voir les commentaires (2)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (2)

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Par Juan Diego Rodríguez et Olea Gallardo. Un article de 14ymedio

 

Il y a quelques années, à l'occasion d'une de ces divertissantes conférences TED qui se répandent comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux, Barry Schwartz a popularisé l'expression "le paradoxe du choix" qui peut se résumer ainsi : choisir entre trop d'options produit de la paralysie et de l'insatisfaction, ce qui peut provoquer une sorte de stress très négatif dans les sociétés industrielles modernes.

Rien de tout cela n'arrivera aux clie... Poursuivre la lecture

Fidel Castro
1
Sauvegarder cet article

L’époque soviétique est le couteau suisse de Vladimir Poutine. D’un coté, elle lui permet d’idolâtrer l’impérialisme russe à travers la victoire sur le nazisme ; de l’autre, l’idéologie communiste lui sert de repoussoir : il se présente comme l’homme qui ne la laissera jamais reprendre le pouvoir au Kremlin. Enfin, elle lui lègue en sous-main toutes sortes de techniques de gouvernement, de manipulation, de corruption, dont il a besoin pour structurer sa tyrannie. Si bien que selon les moments il utilise le passé soviétique soit comme un totem... Poursuivre la lecture

Nous pensons souvent que le consensus est gage de certitude. On évoque le consensus des experts sur tel ou tel sujet pour avancer avec confiance dans une direction donnée. C’est oublier les leçons de l’histoire qui a régulièrement démenti, parfois brutalement, cette croyance un peu naïve. Un bon exemple est celui de la crise des missiles de Cuba. C’était il y a soixante ans, mais les mêmes mécanismes jouent encore aujourd’hui.

Le 16 octobre 1962, l’Amérique découvrait stupéfaite que les Soviétiques étaient en train d’installer secrètem... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles