Le film français aussi délocalise

Et dans la plus grande discrétion et l’absence de réaction totale de Montebourg, le cinéma français délocalise lui aussi…

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Le film français aussi délocalise

Publié le 31 juillet 2012
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Et pendant que Hollande se tripote pour savoir comment inonder d’argent gratuit les céréaliers victimes de sécheresse, les problèmes de coût du travail, en France, ne sont toujours pas traités.

Et aujourd’hui, c’est donc le monde merveilleux du spectacle qui va prendre. Ici, je ne parle pas de celui des politiciens et des plateaux glamours de télévision sur lesquels ils viennent faire le beau pour récolter les voix de moutontribuables tremblant de plaisir à l’idée de se faire tondre. Non, je parle du 7ème art, du monde du cinéma pour lequel on apprenait tout récemment que plus des deux-tiers des gros tournages français ont été délocalisés depuis le début de l’année.

On pourrait éventuellement mettre cette désaffection des tournages pour le sol français sur le compte d’un besoin de renouvellement des décors, le sol français n’en offrant peut-être pas assez. Mais plus sérieusement, on trouve assez rapidement les raisons de cette délocalisation discrète dont le gouvernement ne semble pas avoir entendu parler (Arnaud Montebourg étant probablement trop occupé à secouer ses frisettes capillaires sur l’un de ces plateaux télé glamours évoqués au précédent paragraphe).

montebourg et sa rose

Les délocalisations favorisent, semble-t-il, la Belgique, le Luxembourg, l’Allemagne ou l’Espagne, où, comme chacun sait, les professionnels sont surexploités, payés avec un lance-pierre (quand ce n’est pas des coups de fouets) le tout dans une protection sociale digne des heures les plus sombres de notre histoire, et tout ça. Le pire de cette histoire est que d’un côté, le mouvement de délocalisation semble s’accentuer depuis les années précédentes pendant que la production cinématographique elle, augmente aussi. Autrement dit : plus de films sont produits, et ceux qui le sont en France sont de moins en moins nombreux, en absolu et en relatif.

Les conséquences évidentes de ces vilaines délocalisations insidieuses (dont Arnaud Du Dressement Reproductif n’a pas encore parlé) sont importantes puisqu’un film délocalisé, c’est autant d’argent qui ne sera pas dépensé en France. Pendant que d’autres pays européens, jouant manifestement une partition différente de la française, attirent les productions à elle, la France, faisant pleuvoir taxes et ponctions, fait rapidement comprendre qu’il vaut mieux aller voir ailleurs. Eh oui : le cinéma français, c’est d’une part le statut si spécial des intermittents, et d’autre part, une cohorte de niches fiscales qu’il n’est plus politiquement correct de conserver.

Pour le couplet sur les intermittents du spectacles, on pourra relire avec profit quelques éléments dans un précédent billet qui évoquait un récent rapport de la Cour des Comptes. Dans ce dernier, la Cour n’y allait pas par quatre chemins et expliquait par le détail la dérive massive du régime des intermittents. Ce régime, certes très favorables pour ceux qui en bénéficient, alourdit potentiellement la note d’une équipe de tournage là où, dans d’autres pays, le ratio personnes productives / personnes payées est meilleur.

Et très concrètement, le droit du travail français est, ici encore, directement responsable de la fuite à l’étranger des productions cinématographiques : le temps de travail en tournage est ainsi sévèrement limité (8h maximum, là où la Belgique en autorise 10 et les Etats-Unis 12). À ce temps de travail inadapté s’ajoutent les éternelles charges sociales, celles-là même qui ne permettent déjà pas de maintenir le système d’intermittence hors de l’eau et qui restent malgré tout, en comparaison des autres pays, trop élevées.

chouette, des cotisations sociales !

Délicieux problème que celui du cinéma puisque d’un côté, la nécessaire égalité fiscale impose à tous la disparition des niches correspondantes, et que de l’autre, cette évaporation des niches signe peu ou prou la fin des productions sur le sol français tant les misères syndicales, professionnelles et légales s’amoncellent dans le pays. Au delà de ces considérations purement cinématographiques, on se demande exactement combien d’emplois (dans le cinéma ou partout ailleurs) devront être sacrifiés sur l’autel de la redistribution égalitariste de bonheur et d’argent gratuit pour qu’enfin, tous les acteurs de tous les secteurs productifs de la société française se rendent compte que ça ne marche pas : toute cette ponction, tous ces aménagements fiscaux, ce sont, à chaque fois, de nouvelles tubulures chromées et rutilantes sur une immense usine à gaz qu’on appelle « modèle social français » et qui n’a réussi à produire, pour le moment que plus de secteurs sinistrés, plus de chômage frictionnel et chronique (on est à 3 millions de personnes sur le carreau, maintenant), plus de misère, plus de pauvres.

Lorsqu’on lit les explications des acteurs de la production cinématographique, on comprend cependant que la situation peut encore durer un moment : la solution exposée par ces derniers n’est pas une refonte du droit du travail qui, d’ailleurs, irait bien au-delà de leurs seules professions, ni même une remise à plat de tous les systèmes d’aides effroyablement compliqués, paperassiers et bourrés de parasites qui prolifèrent sans frein au pays de cocagne du contribuable rasé de près. Non, décidément : la solution, pour ceux-là, passe par une joyeuse et nouvelle couche d’amendements, de dispositions fiscales particulières.

Chacun, en somme, a bien compris que le problème principal de la France, c’était son droit du travail devenu ingérable, et son système social devenu incontrôlable. Mais personne ne veut imaginer le remettre en cause. Ou si, seulement pour son petit jardin, bien sûr. Et dans une magnifique illustration du corporatisme bien compris, chacun tire alors vers lui le petit bout de couverture crasseuse qu’il lui reste en espérant que les autres ne se découvriront pas trop. Malheureusement, un hiver glacial arrive et avec lui, la couverture va encore diminuer de surface.

Ce n’est que le début : attendez-vous à bien d’autres délocalisations.
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