Pas de vacances pour la crise

Même si juillet et aoûts sont propices aux vacances, la crise ne marquera pas de pause.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Pas de vacances pour la crise

Publié le 22 juillet 2012
- A +

L’été est habituellement une période propice au repos, aux divagations diverses et variées, comme les jeux olympiques, ou aux inévitables critiques sur la météo. Pas cette année.

Par Stéphane Montabert, depuis Renens, Suisse

Cette année, les médias ont bien essayé de mettre en place leur « stratégie-vacances » habituelles, mais un invité entêtant refuse de quitter le devant de la scène – je parle bien entendu de la crise de la dette publique.

Ainsi, on apprend entre deux séances de bronzage au soleil que les taux espagnols ont franchi une nouvelle fois la barre des 7% – 7,31%, excusez du peu, rien d’un léger empiètement. Bien sur, les 7% ne veulent rien dire en tant que tels, sauf à annoncer que la situation est grave. Comme d’habitude, un petit graphique vaut mieux qu’un long discours:

Spain_10yr.png
Espagne, taux des obligations d’Etat à 10 ans

Voilà, tout internaute muni de globes oculaires pourra constater de lui-même une certaine tendance haussière assez inéluctable semble-t-il (les petits creux sur le parcours correspondent aux divers sommets européens « de la dernière chance » s’achevant invariablement sur un accord historique, et arrosant la zone euro de monnaie de singe dans l’espoir d’obtenir un renouvellement durable de la confiance des marchés. Belle réussite!)

De quelles options dispose l’Espagne ? Pas beaucoup, en vérité. Avoir annoncé diverses formes d’austérité (assez loin de celle, réelle, qui frappera bientôt le continent) et être venu au secours de banques percluses de créances pourries, c’est très bien, mais ça ne suffira jamais. Il faut dire qu’avec une récession prévue pour 2013, les finances publiques ibériques ont peu de chances de s’arranger. Quant à l’économie réelle, elle souffre, comme en témoigne un taux de chômage tournant autour du quart de la population active, ce qui fait craindre à certains une prévisible explosion sociale.

La seule option réellement praticable et relativement indolore consistait pour l’État espagnol à choisir des emprunts à court terme, mais même cette porte est en train de se fermer. Au mois de mars, les taux à 10 ans avaient franchi les 5% mais ceux à deux ans étaient encore à la moitié ; l’Espagne pouvait vraiment faire des économies (dangereuses!) en choisissant une période plus courte. Ce n’est aujourd’hui plus possible :

Spain_2yr.png
Espagne, taux des obligations d’Etat à 2 ans

Comme on le voit, réduire la durée des obligations de dix à deux ans ne permettrait qu’un gain d’intérêt très modeste (5,75% contre 7,31%) sans compter les inconvénients – lancer de nouvelles adjudications tous les deux ans sur un taux encore plus susceptible de fortes variations.

L’Espagne est dans l’impasse. Elle traverse une crise de confiance fondamentale, et celle-ci affecte ses emprunts à toutes les durées.

Quant aux indécrottables croyants persuadés que les « élites » du continent sont capables de juguler la crise, je les invite à lire la petite lettre d’un économiste sur le départ de l’organisation (pas folle la guêpe) dénonçant « l’incompétence » du FMI, qui avait identifié les causes de la crise de la zone euro « de longue date » et n’a pourtant pas été capable de la prévenir – citant l’aversion pour l’analyse des risques, les priorités bilatérales, et le biais pro-européen de l’organisation, ainsi que les enjeux politiques imprégnant les niveaux supérieurs de la hiérarchie.

La lettre ne fait qu’une page et demie, pas de raison de vous priver. Ne vous contentez pas des compte-rendus édulcorés comme ceux du Figaro.

Taux en forte hausse, situation hors de contrôle, responsables incompétents – finalement, rien de bien nouveau sous le soleil, comme on dit. Expression tout à fait appropriée pour une période estivale… Mais pas de trêve du même nom.

La gravité de la situation empêche toute forme de parenthèse. Alors que le mois de juillet se termine à peine, septembre semble un horizon bien lointain.

Le prochain épisode de la crise aura probablement lieu avant la rentrée.

—-

Sur le web

Voir les commentaires (3)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (3)

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

L’entreprise, c’est l’institution que nous adorons détester, surtout en France. Pourtant, dans une société déboussolée, en plein bouleversement, c’est la seule institution qui fonctionne encore bien. Pour nombre de nos concitoyens, elle est un refuge dont ils attendent beaucoup, peut-être trop, ce qui n’est pas sans poser problème.

À la fin du IVe siècle, l’effondrement de l’Empire romain crée un vide politique qui ouvre une période d’incertitude et de bouleversements en Europe. Le continent sombre dans l’anarchie. L’Église catholique ... Poursuivre la lecture

Comme chaque année, des dizaines de millions de Français prennent le chemin des vacances estivales et comme chaque année, l’État fait ce qu’il peut pour leur mettre des bâtons dans les roues. Petit tour d’horizon.

 

Les autoroutes

Les Français aiment autant l’autoroute qu’ils aiment se plaindre de ses tarifs.

Force est de constater que malgré les appels nombreux à renationaliser, les Français sont prêts à payer chaque année pour être coincés dans les bouchons plutôt que d’utiliser le réseau secondaire gratuit. Le 8 j... Poursuivre la lecture

Par Claude Lelièvre.

 

Le président de la République vient d’annoncer l’ouverture d’une concertation sur l’organisation du calendrier scolaire. Les vacances estivales dureraient trop longtemps en France, et les journées de classe s’alourdissent, a-t-il lancé le 27 juin lors d’un déplacement dans une école marseillaise.

Le sujet n’est pas nouveau. Il est l’objet de débats vifs et récurrents, invitant à regarder les évolutions historiques et à faire des comparaisons entre pays.

On peut penser aussi qu’il y aura... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles