Sortir de la crise

Les crises que nous avons traversées depuis la première guerre mondiale n’ont jamais résulté d’une insuffisance de la demande globale mais plutôt d’une manipulation de la monnaie et du crédit à des fins politiques de guerre ou de relance.

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Sortir de la crise

Publié le 5 juillet 2012
- A +

Dire qu’une solution à la crise actuelle n’existe pas relève tout simplement d’une analyse économique erronée. Nous pouvons sortir de la crise et nous pouvons le faire par le haut en rétablissant l’étalon-or avec pour conséquence des finances publiques assainies et des acteurs économiques pouvant fonder à nouveau leurs décisions sur de vrais signaux.

Par Pascal Dray.
Publié en collaboration avec UnMondeLibre.

Comment éviter la crise qui vient ? Ou plutôt comment sortir des solutions qui nous ont conduit à la crise de la dette souveraine ? Dans les semaines qui viennent un grand nombre de décideurs publics vont nous expliquer que la sortie de la Grèce de l’euro n’est pas si grave et que cette issue était prévue. Ils vont nous dire que la situation est maîtrisée et que les politiques qu’ils vont mettre en œuvre à l’avenir vont nous sauver.

Le problème est que depuis qu’une grande majorité de nos décideurs politiques sont convertis au keynésianisme ils ont toujours affirmé des lois économiques erronées :

  1. Les crises que traverse le capitalisme sont le fruit d’une insuffisance de la demande globale.
  2. Seule une relance de cette demande globale peut éviter à l’économie d’un pays de sombrer dans une dépression et/ou récession.
  3. Seul le gouvernement est capable de pratiquer la politique budgétaire et le dosage monétaire pour atteindre cet objectif de croissance de la demande globale.
  4. La coordination des politiques économiques entre les pays d’une même zone économique peut permettre à ces pays de traverser une crise en atténuant les effets néfastes de celle-ci.

Nous le voyons le schéma économique utilisé par l’ensemble des gouvernants du monde entier est totalement biaisé.

Revenons sur un point d’histoire. Keynes dans les années 1920 ayant perdu une fortune en Bourse a voulu en quelque sorte prendre sa revanche en tentant de bâtir une théorie qui lui permettrait de récupérer sa fortune en devenant le serviteur zélé des décideurs politiques en leur permettant de justifier l’interventionnisme politique dans l’économie. Pour Keynes, l’épargne était une fuite dans le circuit économique et constituait un frein à l’augmentation de la demande globale. Il fallait, selon lui, tout faire pour augmenter la propension à consommer. Les gouvernements pouvaient alors mettre en place une politique de relance de la demande globale en dépensant l’argent du contribuable dans les politiques de soutien à la consommation, de soutien à l’investissement. Ces politiques permettaient à ceux qui en bénéficiaient de dépenser plus et par conséquent de soutenir la croissance de l’économie.

Ne croit-on pas entendre là les partisans actuels de la mise en place de politiques de relance en Europe ? Est-il bien raisonnable de présenter les faits aussi simplement et surtout sans voir que dès le départ le raisonnement est vicié !!

En fait Keynes a tout simplement oublié que l’épargne n’était qu’un renoncement à une consommation présente et était réservée à une consommation future. Ce partage entre consommation présente et consommation future est capital car il est la base sur laquelle va se former le taux d’intérêt originaire. Si la préférence pour la consommation présente est forte  alors l’épargne est peu abondante. L’offre de fonds prêtables est faible par rapport à la demande de fonds prêtables qui n’est autre que la demande d’investissement pour l’avenir. La productivité ne va pas augmenter significativement dans ces phases où les investissements ne peuvent pas être financés. La rentabilité attendue pour les investissements sera donc élevée et par conséquent un grand nombre d’investissements ne remplissant pas ces conditions de rentabilité seront reportés.

Mais au fur et à mesure les décisions des acteurs de l’économie se modifieront et l’épargne augmentera à nouveau permettant un abaissement du taux d’intérêt originaire qui entraînera dans son sillage la réalisation d’investissements reportés précédemment, la productivité augmentera et le prix de certains biens jusque là élevé finira par baisser. Cette baisse du taux d’intérêt et cette élévation de la productivité permettront le déclenchement de cette fameuse croissance que tout le monde attend. On le voit, le schéma ici est plus conforme à ce que connaissent les vrais acteurs de l’économie : les entrepreneurs, les consommateurs, les épargnants.

Les crises que nous avons traversées depuis la première guerre mondiale n’ont jamais résulté d’une insuffisance de la demande globale mais plutôt d’une manipulation de la monnaie et du crédit à des fins politiques de guerre ou de relance. Car, en abaissant artificiellement le taux d’intérêt, les autorités monétaires envoient de faux signaux aux investisseurs qui vont alors prendre des décisions fondées sur ces faux signaux. Une fois que ces autorités monétaires penseront que nous allons entrer dans une phase de « surchauffe », elles vont procéder à une élévation du taux d’intérêt : cela aura pour effet de révéler la fausseté des décisions prises dans la phase précédente. Les crises récentes de la Bulle internet dans les années 2000 et de la crise dite des « subprimes » relèvent de ces schémas. La crise de la dette souveraine n’est que l’aboutissement de ces politiques budgétaires et monétaires laxistes.

Rappelons-nous aussi de Keynes qui parlait de l’Or comme une « relique barbare ». Là encore c’était une erreur car, pendant l’étalon Or véritable ente 1880 et 1914, l’économie se développait en adéquation avec ce partage épargne / consommation. À partir de 1914 et le passage à l’étalon de change or où seuls la livre sterling et le dollar étaient convertibles, les choses ont commencé à se compliquer et les autorités monétaires ont commencé à s’organiser afin de mettre en place le système de réserves factionnaires à l’origine de l’effondrement actuel de l’économie mondiale.

Pour en finir définitivement avec les crises, il est impératif de revenir à des bases saines : un étalon or et une concurrence monétaire ainsi qu’un équilibre permanent des finances publiques sans recours à l’endettement et sans recours à l’inflation.

Dire qu’une solution à la crise actuelle n’existe pas relève tout simplement d’une analyse économique erronée et prétendre que la solution de l’étalon-or n’est pas possible fait tout simplement preuve de la mauvaise foi des décideurs politiques.

Nous pouvons sortir de la crise et nous pouvons le faire par le haut en rétablissant l’étalon-or avec pour conséquence des finances publiques assainies et des acteurs économiques pouvant fonder à nouveau leurs décisions sur de vrais signaux pour leur épargne et pour leur consommation.

Alors si nous souhaitons véritablement sortir de la crise mobilisons-nous pour un retour rapide à l’étalon or et pour une vraie économie de marché au service de tous.

—-
Sur le web.

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  • Excellent article

    Par contre, je ne sait pas les étapes à suivre pour ne pas que ça devienne le foutoire absolu.

    Y-a-t-il des articles sur la question?

  • L’étalon-or est une mesure technique qui n’a qu’un défaut: Les politiciens nous en referaient sortir.

    Il s’agit d’empêcher que l’expansion du politique se finance par la création monétaire. L’étalon-or est un obstacle efficace, et cela causera sa perte. Je préférerais encore une solution qui me semble assez proche: fixer définitivement le nombre d’unité monétaires.

    Mais je préférais une solution politique à un problème politique: Neutralisons l’inflation politique par la démocratie directe.

    Écoutez Yvan Blot sur le pouvoir irresponsable (dailymotion).

    • La démocratie directe est une aberration!

      La démocratie ce n’est pas le pouvoir de la majorité, mais la protection des minorités (surtout la plus petite: l’individu). Et cela n’est pas compatible avec la démocratie directe.
      Du reste je vous promet que la démocratie directe n’est pas un frein efficace à l’inflation politique. Parce que si c’était le cas, Hollande n’aurait pas gagné les élections.

      Du reste, si les politiques ne respectent pas l’étalon or, je vois mal pourquoi il respecteraient la limite d’unité monétaires. Sans compter le fait que ce nombre n’a pas vocation à être fixe, il doit refléter la production.

      Dans le cas de l’étalon or, il y’a autant de monnaie que d’or produit, par exemple.

      • « Sans compter le fait que ce nombre n’a pas vocation à être fixe, il doit refléter la production. »

        +1
        Ne remplaçons pas de l’excès par de l’insuffisance…

        Et une vraie solution au problème de dépréciation monétaire : la fin de ce monopole d’état et la liberté de création, de gestion et d’usage de monnaies (privées et publiques)…

  • Pour sortir de la crise il y a une solution bien plus simple :
    Arrêter de dépenser plus que l’on ne gagne. C’est du simple bon sens.
    Et donc arrêter d’emprunter de l’argent.
    Mais cette solution implique deux mesures de Rigueur (mot honni dans notre classe politique) :
    – Supprimer la moitié des emplois de fonctionnaires (la France emprunte 180 milliards d’euros chaque année pour payer les fonctionnaires).
    – Revenir sur notre « modèle social » qui nous coutent 56 % de notre PIB, alors que les prélèvements sont de 44 %. Le reste c’est encore de la dette !!!

    Pas besoin d’étalon-or, ou d’unité monétaire ou quoi que se soit d’autre. La monnaie, l’argent n’est qu’une échelle de valeur pour échanger des biens ou des services. Elle peut être fixée arbitrairement sur une autre valeur (l’or) ou simplement « a priori » par accord entre le vendeur et l’acheteur !!!

  • Les commentaires sont fermés.

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