Les milliards cachés du rapport de la Cour des comptes

Le rapport de la Cour des comptes vaut son pesant d’or. Entre autres, bien que condamné, le fisc français continue de prélever une retenue à la source, sachant pertinemment qu’il lui faudra rembourser avec intérêts et pénalités! Outre les 5 milliards d’euros à sortir, cette condamnation de la France lui coûtera dès l’année prochaine un manque à gagner de 800 millions. Et bien plus après.

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Les milliards cachés du rapport de la Cour des comptes

Publié le 4 juillet 2012
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Le rapport de la Cour des comptes vaut son pesant d’or. Entre autres, bien que condamné, le fisc français continue de prélever une retenue à la source, sachant pertinemment qu’il lui faudra rembourser avec intérêts et pénalités ! Outre les 5 milliards d’euros à sortir, cette condamnation de la France lui coûtera dès l’année prochaine un manque à gagner de 800 millions d’euros. Et bien plus après.

Par Thibault Doidy de Kerguelen.

C’est la revue Gestion de Fortune qui a soulevé le lièvre.

Lisez les pages 57 et les trois suivantes du Rapport sur la situation des finances publiques, elles valent leur pesant d’or, au sens propre du terme, puisqu’elles pèsent 9 milliards d’euros!  La Cour des comptes évoque dans le détail le coût de deux contentieux fiscaux que notre pays a avec l’Europe.

Le premier contentieux concerne le précompte mobilier.

Jusqu’à 2004, les sociétés bénéficiaient d’un avoir fiscal quand elles percevaient des dividendes déjà soumis à l’impôt sur les sociétés et payaient un précompte quand elles reversaient des dividendes qui n’avaient pas été soumis à l’IS, notamment ceux qui relevaient du régime « mère-fille ».

Cependant, les dividendes reçus de sociétés exerçant dans des pays membres de l’Union européenne ne donnaient pas droit à un avoir fiscal alors que la redistribution de dividendes reçus de filiales européennes donnait lieu à « précompte ». Ces deux mécanismes ont été supprimés en 2005. De nombreux recours contentieux visant l’obtention d’un avoir fiscal ou le remboursement du précompte ont été introduits pour la période antérieure. Considérant que ce régime introduisait une discrimination entre les sociétés, selon leur lieu de résidence, et faisait obstacle à la libre circulation des capitaux, la Cour de justice de l’Union européenne a donné tort à la France en septembre 2011, en réponse à une saisine du Conseil d’État.

Le coût de ce contentieux s’élèverait aux alentours de 4,2 milliards d’euros, dont 3,1 milliards d’euros restent à payer en 2013. Nous apprenons d’ailleurs au passage que la charge n’a pu être constatée, donc inscrite, puisque les recours et derniers jugements ne sont pas rendus, mais que l’État a tout de même réglé par avance plus de 1,1 milliard d’euros… (quand on pense à tous les débiteurs de l’État qui attendent des lustres pour être réglés…)

Le second contentieux concerne les OPCVM.

Alors que les OPCVM français ne payent pas d’impôt sur les dividendes reçus et redistribués (principe de transparence fiscale), les dividendes payés par des sociétés résidentes à des OPCVM étrangers sont assujettis, sous réserve des conventions internationales, à une retenue à la source de 25 % qui rapporte 0,8 milliards d’euros par an.

La Cour de justice de l’Union européenne a fait droit, le 10 mai 2012, à la demande de restitution de ce prélèvement par des OPCVM européens. Son arrêt énonce que ce régime est contraire au traité et rejette la demande de la France de limitation dans le temps des effets du jugement.

L’enjeu des réclamations s’élève à 4,2 milliards d’euros pour les réclamations déjà déposées et pourrait atteindre 5 milliards selon la direction générale des finances publiques, la Cour de justice ayant permis de les déposer jusqu’au 31 décembre 2014. Les procédures en cours devant le tribunal administratif compétent ont repris et pourraient aboutir d’ici la fin de l’année 2012. Les remboursements pourraient alors atteindre 1,5 milliard dès 2012. Les autres dossiers (3,5 milliards d’euros) seront sans doute traités en 2013 et les décaissements étalés sur 2013 (probablement 1,75 milliard) et 2014 (1,75 milliard).

Nous apprenons par la même occasion que bien que condamnée, l’administration continue de prélever cette retenue à la source, sachant pertinemment qu’il lui faudra rembourser avec intérêts et pénalités ! Outre les 5 milliards d’euros à sortir, cette condamnation de la France lui coûtera dès l’année prochaine un manque à gagner de 800 millions car il lui faudra bien finir par arrêter de percevoir une taxe illégale.

Le budget 2013 commence donc par un manque à percevoir de 800 millions et des à valoir de 4,85 milliards d’euros en 2013 et 1,75 milliards au bas mot en 2014.

 

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  • Le Mic-Mac fiscal français conduit à des inégalité flagrante, des taxes et impôts illégaux et pire que tout, à des remboursements !!!

    Qui sont les « génies » qui ont inventé ces erreurs fiscales : Les « hauts fonctionnaires » de Bercy: Enarques, Polytech…
    Il faut flinguer rapidement cet « intelligentsia » d’Etat et rendre le pouvoir aux citoyens !!!

    Il faut imposer le Respect de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen !!!

  • Délirant…
    Pas d’impôt voilà le juste impôt

    • Je ne suis pas d’accord.
      Même avec un Etat minimaliste, recentrer sur ses vrais pouvoirs régaliens, il faut un minimum d’impôts pour le fonctionnement de l’état.
      Mais comme écris dans la Déclaration de 1789 : L’impôt doit être juste et équitablement réparti entre les citoyens en fonction de leurs capacités. Donc une Flat-tax.

  • Les recettes fiscales constituent la principale source de revenu pour l’Etat. Il est donc assez logique qu’il en profite un peu. Cependant, je trouve que ce que l’Administration fait est cause de déficit, notamment dans le cas des avoirs fiscaux des particuliers. Dans ce cadre, il serait opportun de supprimer cet avoir fiscal car, en plus de causer des déficit, le processus est assez compliqué.

  • Les commentaires sont fermés.

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