La Pologne et les juifs, à l’aube d’une réconciliation possible

L’image d’une Pologne collectivement antisémite est ancrée dans l’inconscient européen et dans les médias. L’ouverture imminente d’un musée de l’histoire des juifs en Pologne est le signe d’une réconciliation possible.

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La Pologne et les juifs, à l’aube d’une réconciliation possible

Publié le 2 juillet 2012
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L’image d’une Pologne collectivement antisémite est ancrée dans l’inconscient européen et dans les médias. L’ouverture imminente d’un musée de l’histoire des juifs en Pologne est le signe d’une réconciliation possible.

Par Guy Sorman, depuis Varsovie, Pologne.

Musée de l’histoire des juifs de Pologne (Varsovie).

On sait combien les relations entre la diaspora juive et la Pologne sont mauvaises : l’image d’une Pologne collectivement antisémite est ancrée dans l’inconscient européen et dans les médias. Les Polonais sont souvent perçus comme plus coupables encore que les Allemands qui, eux, ont fait amende honorable et ont multiplié les actes de contrition et les monuments. Rien de tel en Pologne, en grande partie parce que les Polonais se perçoivent plutôt comme victimes du nazisme que comme complices de l’Holocauste des Juifs. Mais tout ceci change.

L’ouverture imminente d’un musée de l’histoire des juifs en Pologne (magnifique architecture par le Finlandais Rainer Mahlamäki), du Moyen âge à l’extermination, restitue aux juifs leur rôle dans la culture polonaise : l’initiative en revient à Marian Turski, survivant des camps et rare intellectuel polonais à n’avoir pas quitté le pays. Il est par ailleurs le fondateur de la revue de référence Polityka. Ce musée devrait ramener les juifs en Pologne, du moins comme touristes, sur les traces de leurs ancêtres.

Autre geste fort et significatif, l’ouverture cette semaine d’une exposition bouleversante des archives du ghetto de Varsovie, à l’Institut d’histoire juive dirigé par Pawel Spiewak. On peut y voir en particulier les documents  sur la vie dans le ghetto jusqu’à son soulèvement de 1943, assemblés par Emanuel Ringelblum : 18 janvier 1943, la première révolte organisée contre les Nazis en Europe. Après la guerre, grâce à un des rares survivants, il fut possible de retrouver ces archives dans des boîtes en métal et des bidons de lait enterrés sous les décombres.

Et aussi, dans les rues de Varsovie, les traces du mur qui enfermait le ghetto sont désormais ancrées au sol, bien visibles. Les Polonais n’ignorent plus que les juifs furent des leurs.

Il reste aux juifs à reconnaître qu’ils furent aussi polonais. Et la culpabilité ? Mon père qui traversa et survécut à la tragédie, considérait que l’Holocauste était l’œuvre du Diable et pas celle des hommes, que tous les hommes en furent victimes. Lui qui avait vu, savait : moi, je n’ai rien vu, né par chance un peu trop tard. Je ne saurais donc juger et condamner puisque lui ne jugea ni ne condamna, sauf le Diable assurément.

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Sur le web.

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  • Heu… Sorman sous-entend sournoisement que les Polonais ont une responsabilité dans la Shoah, c’est ça ?
    Je cite: « Les Polonais sont souvent perçus comme plus coupables encore que les Allemands qui, eux, ont fait amende honorable  »
    J’ai toujours considéré Guy Sorman comme un serpent et un idiot, c’est également un révisionniste. Au lieu de calmer, ce genre de provocation minables serait plutôt du genre à attiser l’antisémitisme, si seulement Sorman était pris au sérieux et relayé par la presse. Ce qui n’est pas le cas, heureusement pour les Juifs, les libéraux, et tous ceux qu’il prétend défendre.

    • De fait, *des* Polonais ont, sans aucun doute possible, une responsabilité et ont pris une part active à la solution finale. Pas *les* Polonais, c’est évident, mais *des* Polonais, c’est un fait historique indéniable.

      Quant à l’antisémitisme polonais, c’est une donnée là encore difficile à dissimuler. Il est notamment dû au fait que, durant plusieurs siècles, noblesse polonaise et clergé local ont excité le ressentiment du paysan polonais moyen contre les bourgeois juifs, dans le but de garder une emprise sur lesdits paysans. Attiser la haine, c’est souvent un pari gagnant pour maintenir son pouvoir.

  • On se demande ce que vient faire ce type d’article sur Contrepoints.

  • Je suis peut être naïf mais je n’ai pas lu une accusation envers les polonais dans ce texte. Il est vrai que les polonais ont beaucoup été persécutés par les nazis durant la 2nd guerre mondiale et ont mal compris que seules les actes contre les juifs ont été condamnés et que leurs souffrances passent à la trappe de l’Histoire. Il faut aussi se rappeler qu’après 6 ans d’occupations nazis ils eurent à subir 45 ans d’occupation soviétique…

    Pour conclure je rappellerai que la nation qui à le plus grand nombre de ses membres reconnus comme Juste parmi les Nations est la Pologne.

  • Restons droit et correct, les juifs furent très certainement maltraités partout où ils vécurent en Europe comme en Russie (on se demande encore pourquoi) . Cependant il y a eu 6 millions de gens qui ont disparus dans ces camps de la mort, ils n’étaient pas tous juifs et le peuple polonais a vu se déverser l’enfer dès 39 sur eux , leurs enfants, leurs amis, leu intelligentsia et ce pas seulement dans les camps , mais partout dans le pays ! Les juifs ont surtout pris l’habitude qu’on les mettent souvent en avant de tout actuellement.

  • La Pologne et les juifs, à l’aube d’une réconciliation ce qui veut dire que bientôt les poules auront des dents.
    Vous êtes tout de même marrant avec vos textes… bizarres de la diaspora omni présente.
    En Inde, ils ont des vaches saintes, en Europe, on a des juifs !

  • Les commentaires sont fermés.

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Aurélien Duchêne est consultant géopolitique et défense et chroniqueur pour la chaîne LCI, et chargé d'études pour Euro Créative. Auteur de Russie : la prochaine surprise stratégique ? (2021, rééd. Librinova, 2022), il a précocement développé l’hypothèse d’une prochaine invasion de l’Ukraine par la Russie, à une période où ce risque n’était pas encore pris au sérieux dans le débat public. Grand entretien pour Contrepoints par Loup Viallet, rédacteur en chef.

 

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Marcin M. Rzegocki est manager, professeur d’université et rédacteur. Il est directeur général de la Fondation Auxilium, une ONG polonaise qui se concentre sur des projets d’éducation et de conseil. Marcin M. Rzegocki est titulaire d’un doctorat en sciences sociales... Poursuivre la lecture

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