Politique : croire pour convaincre

Ce n’est pas le moment de se lamenter ni de baisser les bras. La plupart des Français se sentent impuissants et se comportent en spectateurs critiques et désabusés. Mais l’impuissance ne signifie ni la résignation ni l’aveuglement.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
Valeurs république (Crédits : Sabine Nourrit/Aleps, tous droits réservés)

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Politique : croire pour convaincre

Publié le 26 juin 2012
- A +

Ce n’est pas le moment de se lamenter ni de baisser les bras. La plupart des Français se sentent impuissants et se comportent en spectateurs critiques et désabusés. Mais l’impuissance ne signifie ni la résignation ni l’aveuglement.

Par Jacques Garello.

Article publié en collaboration avec l’Aleps.

« Il n’est pas nécessaire d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer ». La fameuse devise de Guillaume d’Orange apporte toujours un réconfort moral à ceux qui sont en souffrance.

La France est en souffrance, elle n’est pas la seule. C’est le moment d’entreprendre et de persévérer.

Ce n’est pas le moment de se lamenter ni de baisser les bras. Certes, la plupart des Français se sentent impuissants, ils se comportent aujourd’hui en spectateurs critiques et désabusés, et c’est sans doute ce qui explique qu’un citoyen sur deux n’ait pas participé au vote de dimanche dernier. Mais l’impuissance ne signifie ni la résignation ni l’aveuglement.

Je redoute l’aveuglement de la classe politique et j’observe avec effroi que les premières réactions, une fois la défaite reconnue, consistent à ouvrir en moins d’une semaine la guerre des chefs au sein de l’UMP : derrière la course pour la présidence du groupe parlementaire à l’Assemblée se profile le combat pour la direction du parti avec trois protagonistes déclarés : Jean François Copé, François Fillon et Alain Juppé. Mais, encore plus impensable, il existe au moins un consensus au sein de cette formation pour se donner rendez-vous…en novembre.

Ce qui veut dire que pendant les fameux 100 jours, qui seront ainsi presque 150, les socialistes n’auront en face d’eux qu’une opposition systématique, incapable d’assortir ses critiques des mesures prises par le gouvernement Ayrault de quelque proposition constructive. Devra-t-on se contenter de dire : « les socialistes nous mènent à la ruine » ? C’est d’une banalité à pleurer, puisque l’on sait que toujours et partout le socialisme a mené à la ruine. Il aurait peut-être fallu y penser avant que le PS ne prenne le pouvoir, à la belle époque chiraquienne et sarkozienne où la droite s’est complue dans le socialisme. Dans les 150 jours, notre pays aura à aborder la crise de l’euro et de l’Europe, l’aggravation de la dette publique et la sanction des marchés financiers, la croissance du chômage, les affres de la rentrée scolaire (et peut-être de la rentrée sociale) : voilà ce que sera la conjoncture. Quelle réponse, l’opposition va-t-elle donner, quelles solutions crédibles va-t-elle offrir aux Français ? Je crains que ce ne soit « silence, on attend la catastrophe », je crains l’esprit de division et de haine.

Je pense donc que la classe politique a mieux à faire, et qu’elle ne doit pas se résigner. Elle doit prouver au contraire sa capacité à innover. Les erreurs socialistes doivent apparaître comme le négatif qui révèle l’image claire. Mais l’image doit exister, et être claire.

Quand je dis « la classe politique », je fais un amalgame optimiste. En fait combien allons-nous trouver de volontaires pour s’adapter à la nouvelle conjoncture ? Parmi les élus et les battus de l’UMP, voire de la Nouvelle Démocratie Indépendante (un bien joli nom pour une formation présidée par Jean Louis Borloo), il y a sans doute quelques libéraux potentiels, et j’espère bien qu’ils ne seront pas écrasés par la défaite globale; mais visiblement une large majorité n’a pas encore fait son aggiornamento. Un renouvellement de ceux qui prétendent nous représenter est nécessaire.

Le mal, en fait, est très profond. Voilà des années que nos politiciens ont cessé de se donner une doctrine et de s’intéresser au débat d’idées. Ils croient s’en sortir en se référant aux « valeurs de la République », véritable boîte de Pandore ; manipulée avec autant de talent et d’insistance par la gauche que par la droite.

Dans la conjoncture actuelle, se référer à « l’empirisme », ou au « consensus » n’a aucune utilité et ne peut convaincre personne. On finit par sombrer dans la pensée unique et le politiquement correct.

Ce que les Français attendent, c’est une « nouvelle offre politique », comme dit Philippe Nemo. Ce n’est pas un redécoupage des partis ou un jeu de chaises musicales. C’est un corps de pensée, dominé par quelques principes simples : liberté, responsabilité, dignité. C’est un régime politique où l’Etat est limité et subsidiaire, où les administrations publiques sont réduites aux seules fonctions régaliennes strictement définies. C’est en conséquence toute une série de réformes structurelles dont les libéraux ont non seulement établi la liste, mais démontré par expérience et logique la totale efficacité. Il ne s’agit pas de propositions utopistes, même si elles font rêver.

Oui, les Français ont besoin de rêver. Et ce n’est possible que si un souffle anime notre vie publique. Ce qui manque à nos grands hommes aujourd’hui, c’est la foi. Incapables de croire aux principes, naviguant à vue, proposant tout et son contraire, ils ont perdu la confiance de ce « peuple » qu’ils aiment tellement. Si maintenant ils veulent convaincre, ils doivent retrouver la foi. Le credo libéral est à leur disposition : qu’ils en retrouvent ou qu’ils en découvrent la beauté et la richesse. Et, comme je l’ai déjà dit, c’est maintenant ou jamais.

Sur le web

Voir les commentaires (3)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (3)
  • Voila beau texte qui reflète un désarroi qu’il est difficile de ne pas ressentir également.

    « Il n’est pas nécessaire d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer »

    C’est vrai. Mais c’est en entreprenant qu’on espère et en persévérant qu’on réussit.

  • It’s a long way to Tipperary. Il va être long le chemin, parce qu’honnêtement, on en voit même pas le début.

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Nommé ministre du logement jeudi 8 février, Guillaume Kasbarian avait accordé un entretien à Contrepoints en novembre dernier en tant que député Renaissance de la première circonscription d'Eure-et-Loir et président de la Commission des affaires économiques.

 

Contrepoints : Bonjour Monsieur le Député, merci d’avoir accepté de nous accorder cet entretien. Pour nos lecteurs qui ne vous connaissent peut-être pas, pourriez-vous nous parler de votre parcours et nous raconter ce qui vous a amené à vous engager en politique et à ... Poursuivre la lecture

Ces deux dernières années ont été marquées par des agissements coordonnés de la Russie dans la bande saharo-sahélienne, au Mali, au Burkina Faso et au Niger. Mais ces avancées politiques, militaires et économiques russes, au détriment de la France, ne sont pas isolées. Elles sont accompagnées par une démarche géographiquement identique de la République islamique d’Iran. Une troisième stratégie est également à l’œuvre, à travers l’apparition de candidats populistes aux élections dans d’autres pays francophones. La France et l’Union européenne ... Poursuivre la lecture

Par P.-E. Ford

Jusqu’à présent, la cancel culture au pouvoir à Harvard, Stanford, Yale et consoeurs, ne suscitait guère d’émotion dans les rangs du Parti démocrate, ni dans la presse qui lui est si dévouée. Tout a changé le 5 décembre, grâce aux auditions publiques de la Commission sur l’éducation et la population active de la Chambre des représentants, présidée par la républicaine Virginia Foxx, de Caroline du nord. Ce jour là, la présidente de Harvard, Claudine Gay, son homologue de University of Pennsylvania, Liz Magill, ainsi que l... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles