L’effondrement de « l’idéal » européen

Les ministres de l’intérieur des États-membres de l’UE viennent de s’accorder sur le principe que chaque pays devrait être autorisé à fermer ses frontières s’il l’estime nécessaire

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L’effondrement de « l’idéal » européen

Publié le 12 juin 2012
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Les ministres de l’intérieur des États-membres de l’UE viennent de s’accorder sur le principe que chaque pays devrait être autorisé à fermer ses frontières s’il l’estime nécessaire. Cette réticence à accepter l’ouverture totale des frontières est de mauvais augures pour une union politique totale.

Par Richard North, depuis Bradford, Royaume-Uni.

Il n’y a rien de plus cher au cœur des européistes (en partant du principe qu’ils en ont un) que l’ouverture des frontières entre les pays membres de l’UE.

Il semble en revanche que cet enthousiasme ne soit pas totalement partagé par les États eux-mêmes. Dans une rare démonstration d’indépendance, les ministres de l’intérieur viennent de s’accorder sur le principe que chaque pays devrait être autorisé à fermer ses frontières s’il l’estime nécessaire.

Cet accord s’applique aux membres de l’espace Schengen et leur permet de réintroduire des contrôles aux frontières en cas de menace pour leur sécurité. Et, pour la première fois, il est possible de définir les flux d’immigration comme des menaces.

Cette position éloigne les ministres de Bruxelles dans la mesure où la commission européenne et le parlement souhaitaient tous deux que de telles décisions soient communautarisées.

Il se pourrait d’ailleurs qu’ils aient le dernier mot, car ces changements doivent être ratifiés par le parlement européen, qui a déjà indiqué qu’il ne les approuverait pas sous leur forme actuelle.

Le commissaire aux affaires intérieures de l’UE Cecilia Malmstrom s’est déclarée « déçue par le manque d’ambition européenne des États-membres », bien que le ministre de l’intérieur allemand Hans-Peter Friedrich ait rejeté l’idée selon laquelle cela marquerait un pas en arrière pour l’UE.

La cause du revirement a été l’arrivée des réfugiés nord-africains suite aux révolutions du Printemps Arabe. La Grèce en particulier a été submergée par un afflux d’immigrants illégaux venant sur son territoire par la Turquie.

Ironiquement, c’est aussi la Grèce qui pourrait être la plus affectée par les nouvelles règles. La Suède, par exemple, se prépare à une explosion des demandes grecques de permis de séjour cette année, leur nombre étant passé de 371 à 767 entre 2010 et 2011.

Si la fuite d’eau se transformait en déluge, les détenteurs de passeports grecs pourraient se retrouver considérés comme des migrants économiques et avoir bien plus de difficultés à traverser les frontières.

Le point le plus intéressant ici est que la réticence des États-membres à accepter d’ouvrir totalement leurs frontières est de mauvais augures pour une union politique totale. Si des flux de population sans restrictions ni frontières ne sont pas les bienvenus, il est difficile de croire qu’un gouvernement sans restrictions ni frontières le sera.

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