Grèves étudiantes au Québec, résister au chaos

Toute la province attend avec impatience que l’État règle le conflit. Néanmoins, il ne devrait pas se laisser aveugler par la hâte, car sa manière de gérer la crise pourra soit assurer le respect de la primauté du droit, soit paver la voie à d’autres perturbations plus graves encore. Espérons que le gouvernement de Jean Charest en est conscient !

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
Police à cheval de Montréal à une manifestation en mars 2012

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Grèves étudiantes au Québec, résister au chaos

Publié le 10 juin 2012
- A +

Toute la province attend avec impatience que l’État règle le conflit. Néanmoins, il ne devrait pas se laisser aveugler par la hâte, car sa manière de gérer la crise pourra soit assurer le respect de la primauté du droit, soit paver la voie à d’autres perturbations plus graves encore. Espérons que le gouvernement de Jean Charest en est conscient !

Par Nathalie Elgrably-Lévy, depuis Montréal, Québec.

Police à cheval de Montréal à une manifestation en mars 2012

Lorsque le boycottage étudiant a débuté en février dernier, c’était pour contester la hausse des droits de scolarité.

Si une partie de la population n’approuvait ni les revendications ni l’argumentaire des étudiants, en revanche personne ne contestait leur droit d’exprimer leur mécontentement et leur volonté de négocier avec l’État.

Toutefois, au fil des semaines, le conflit a dégénéré. Nous avons été témoins, et quelquefois même victimes, d’actes de violence indignes de citoyens respectables. Des manifestants ont fracassé des vitres, vandalisé des autos, saccagé des salles de classe, empêché l’accès aux établissements d’enseignement, bloqué la circulation et paralysé le métro. Ils se sont également attaqués à des personnes.

Notamment, ils ont sauvagement battu un policier, agressé des journalistes et des caméramans, séquestré les employés de l’Institut économique de Montréal ; ils se sont présentés devant des résidences privées, dont celle de mon collègue Richard Martineau, et ils ont intimidé les étudiants souhaitant retourner en classe.

Je suis convaincue que la grande majorité des étudiants n’approuve nullement ces gestes inacceptables. Toujours est-il que le conflit a été récupéré par des groupes anticapitalistes, révolutionnaires, et même anarcho-communistes pour qui les perturbations sociales et la violence sont des moyens légitimes, voire préconisés.

Or, c’est précisément en raison de gestes à la limite du terrorisme que la donne a complètement changé. Déterminer si nous pouvons ou devons geler les droits de scolarité n’est plus le cœur de la discussion. Le débat d’idées a été relégué au second plan et des brutes ont remplacé les étudiants. À présent, le véritable conflit, c’est celui entre la force et la raison, entre l’intimidation et le respect, entre la sauvagerie et la civilité.

Si j’ai souvent été critique de l’intervention de l’État dans l’activité économique, je crois néanmoins qu’il a la responsabilité d’assurer la sécurité des citoyens, le respect de la propriété privée et le maintien de la loi et de l’ordre. À cet égard, la dérive du conflit étudiant est un test majeur pour l’État québécois : va-t-il capituler devant l’agitation, ou tiendra-t-il bon ?

Or, ce test, l’État québécois n’a pas le droit de l’échouer. Il se doit donc d’appliquer une politique de tolérance zéro envers les perturbateurs aux comportements violents. Le retour à un climat pacifique et le respect des injonctions doivent être des conditions obligatoires pour accepter de reprendre les discussions. On ne négocie pas sous la menace ! On ne traite pas avec une minorité tyrannique !

Ne pas poser ces conditions serait lourd de conséquences, car toute concession accordée par Québec signifiera une capitulation. Si l’État fléchit face à l’intimidation, s’il cède devant la violence, alors le Québec est perdu, car tous les groupes revendicateurs sauront qu’il suffit de provoquer le chaos pour obtenir satisfaction. La seule loi qui prévaudra alors sera celle du plus bruyant, du plus perturbateur.

Toute la province attend avec impatience que l’État règle le conflit. Néanmoins, il ne devrait pas se laisser aveugler par la hâte, car sa manière de gérer la crise pourra soit assurer le respect de la primauté du droit, soit paver la voie à d’autres perturbations plus graves encore. Espérons que le gouvernement de Jean Charest en est conscient !


Sur le web

Voir les commentaires (3)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (3)

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don
Montréal ville francophone
1
Sauvegarder cet article

Début 2015, dans La langue française : une arme d’équilibre de la mondialisation je dressais un panorama de la situation du français dans le monde, point d’appui pour les militants de la langue française et avec l’espoir de les multiplier.

Sept années ont passé, voyons comment la situation a évolué.

 

Les Français ont l’impression que leur langue est en recul

Ils constatent l’invasion des mots anglais dans leur environnement et l’usage de l’anglais à Bruxelles malgré le Brexit.

À l’inverse les études de l’OIF ... Poursuivre la lecture

décroissance
3
Sauvegarder cet article

Par Germain Belzile et Alexandre Moreau, depuis le Canada. Un article de l'Institut économique de Montréal

 

Récemment, une série de capsules vidéo sur la « décroissance économique » et ses bienfaits a enflammé la toile québécoise. Cette série, produite par Radio-Canada, suggère que nous vivons sur une planète de moins en moins propre, plus pauvre, mal nourrie et que la santé des humains diminue.

Il n'y aurait qu'une minorité de riches qui tirent profit de la situation actuelle et ceux-ci alimentent une croissance ef... Poursuivre la lecture

Par Oliver Rancourt[1. économiste à l’IEDM], depuis le Canada.

Le chancelier allemand Olaf Scholz vient de visiter le Canada pour parler, entre autres, d’importation de gaz naturel canadien vers l’Europe. À la suite de l’invasion de l’Ukraine et des sanctions qui ont suivi, l’Allemagne, qui importait 55 % de son gaz naturel de la Russie en 2021, a dû rouvrir des centrales au charbon et a commencé à chercher d’autres sources d’approvisionnement en gaz naturel.

Bien que cette situation soit difficile pour le public allemand, ce tr... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles