Recapitaliser Bankia sans argent des contribuables, voici comment

Mariano Rajoy, premier ministre espagnol, en bon socialiste de droite, envisage d’emprunter 23 milliards pour renflouer Bankia, troisième banque du pays

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Recapitaliser Bankia sans argent des contribuables, voici comment

Publié le 7 juin 2012
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Mariano Rajoy, premier ministre espagnol, en bon socialiste de droite, envisage d’emprunter 23 milliards pour renflouer Bankia, troisième banque du pays. Fort heureusement, un petit réseau d’irréductibles libéraux continue, envers et contre tout, de proposer des solutions alternatives aux bailouts sur fonds publics.

Par Vincent Bénard.

Il y a quelques mois, je suggérais dans ces colonnes à Mariano Rajoy une méthode garantie 100% sans contribuable pour recapitaliser ses banques, et dont je vous rebats les oreille à intervalles réguliers : la conversion des dettes financières en capital.

Inutile de dire que la célébrité de mes chroniques ne va pas jusqu’à Madrid, et que M. Rajoy, en bon socialiste de droite, envisage d’emprunter on ne sait où (et surtout, à combien…) 23 milliards pour renflouer Bankia.

Juan Ramon Rallo (photo), le jeune et dynamique économiste de l’institut Libéral Insituto Juan de Mariana, promeut lui aussi la conversion des dettes financières (« Debt to equity swap »), et suggère de l’appliquer concrètement au cas de Bankia, troisième banque espagnole, issue de la fusion forcée de 7 banques locales déjà bien mal en point en 2010. Je résume son plan, issu de cet article :

Bankia a 38,5 milliards de dettes, (Nd VB : autres que vis-à-vis de la clientèle) dont 13,6 Mds de dette subordonnée (NdVB : « junior »), 11,6 Mds de dette sénior venant à échéance entre 2013 et 2017, et 13,5 Mds de dette à échéance supérieure à 5 ans.

En transformant 100% de la dette junior, 50% des titres sénior à long terme et 20% des titres sénior à moyen terme en capital, soit à peu près 23 Milliards, Bankia verrait ses fonds propres augmentés de la somme prévue par le gouvernement, sans prendre aux contribuables.

Les avantages de cette solution vont bien au-delà du trop court article de notre confrère ValueWalk.

Voilà qui redonnerait à Bankia un oxygène considérable, le capital ne donnant lieu ni à versement d’intérêts obligatoires tant que l’entreprise ne regagne pas d’argent, ni à refinancement.

Bien sûr, les actionnaires actuels seraient « liquidés », mais ils ont déjà virtuellement tout perdu. Le contribuable ne paierait rien, et surtout, les déposants verraient le spectre d’un défaut sur leurs comptes s’éloigner. Le risque d’un bank-run dévastateur serait durablement éloigné.

Les créanciers de court terme ne seraient pas impactés, ceux de moyen terme un peu, ceux de long terme un peu plus : cela laisserait le temps à ces créanciers d’amortir la perte dans leurs propres comptes.

Cependant, ces pertes pourraient tout de même mettre des créanciers financiers de Bankia en difficulté. Eh bien, le même plan serait applicable aux autres banques du pays ! Et voilà qui donnerait donc un signal extrêmement positif aux prêteurs qui n’osent plus venir sur la dette souveraine espagnole : « l’État ne couvrira pas les pertes des banques ».

Bien sûr, il est possible que les pertes de Bankia dépassent la somme de ses fonds propres et de ses dettes hors clientèle. Dans ce cas, il resterait la méthode « serbe », et de toute façon, l’application préalable du plan « debt to equity » diminuerait de toute façon à la portion congrue le besoin de refinancement des comptes individuels garantis par l’État espagnol.

Mais dans le cas contraire, les ex-créanciers redevenus actionnaires de Bankia sauraient que pour récupérer leur mise, ils ne pourraient compter que sur eux-mêmes et la capacité à bien gérer leur actif. Cette leçon salutaire, que l’ensemble du monde financier, et pas seulement espagnol, observerait avec attention, provoquerait sûrement, bien plus que toutes les régulations imaginées par un législateur toujours en retard d’une crise, une véritable révolution culturelle positive et saine dans le monde de la banque, qui en a bien besoin.

Et pour finir, une petite citation de Joseph Stiglitz en 1999, comme quoi ces propositions transcendent les clivages politiques :

Bankruptcy scares many people, but it shouldn’t. All that happens is that the financial claims on the firm get restructured.

When the firm is in very bad trouble, the shareholders get wiped out, and the bondholders become the new shareholders. When things are less serious, some of the debt is converted into equity.

In any case, without the burden of monthly debt payments, the firm can return to profitability.

—-
Sur le web.

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