L’État nous espionne ? Espionnons l’État !

Internet permet à présent de rendre la pareille à l’Etat en l’espionnant à son tour.

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L’État nous espionne ? Espionnons l’État !

Publié le 6 juin 2012
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J’ai déjà mentionné dans plusieurs précédents billets qu’Internet offrait enfin la possibilité de combattre les dérives de l’État dans une mesure que les autres médias ne permettaient pas jusqu’à présent. Logiquement, les étatistes de tous crins ont bien compris la menace que pouvait constituer Internet et s’emploient donc à le museler. Parallèlement, le combat pour un droit à l’oubli, très vif et très demandé de la part des politiciens, s’explique là encore par ce désir de s’affranchir d’une technologie qui empêche de truander en douce…

À ce dernier titre, on m’a gentiment informé de l’existence d’un site aussi intéressant que poil-à-gratter. Il en existe d’autres, comme Le Promessomètre par exemple, ou encore Députés Godillots qui recensait, en son temps, les députés dont l’activité à l’Assemblée était pour le moins modérée. Là, il s’agit d’un site qui recense toutes les gamelles, casseroles, petites phrases douteuses et affaires délicates de nos politiciens…

Ce site, Politic-Watch, manifestement à ses débuts si l’on en juge par le nombre encore modeste de commentaires, vous propose par exemple de voter pour le politicien qui vous paraît « le pire » (cet adjectif recouvrant tout ce que vous voulez, finalement).

L’idée est semble-t-il d’utiliser le crowd-sourcing pour rassembler dans une unique « bibliothèque » l’ensemble des faits d’armes les plus saillants et les plus représentatifs de nos députés, sénateurs, hommes et femmes politiques. Comme tout bon crowd-sourcing, faire ajouter une casserole ou une citation croustillante passe par le réseau social Facebook. C’est intéressant, parce que s’il existe généralement des pages Wikipédia consacrées à chacun de ces individus, il est difficile d’avoir une vue d’ensemble de l’honnêteté de nos représentants, sauf à éplucher chacune de ces fiches.

Politic Watch

En outre, les fiches Wikipedia virent parfois et en toute discrétion, au panégyrique de la personne, moyennant le passage régulier de thuriféraires zélés. Ici, pas de danger puisque le but est de recenser et conserver ce qui gênera l’homme politique à l’intégrité oscillante et l’honnêteté à géométrie variable. Avec ce site, on peut se permettre un rapide coup d’œil sur les exploits des uns et des autres, et comparer.

Il y a encore certainement pas mal de fiches à ajouter et de politiciens concernés, mais l’idée de base me semble bonne, surtout en ces temps de campagne électorale : connaissez-vous bien le passé de votre candidat ? Et après tout, puisqu’Internet le permet, et que l’État (dont sont les représentants ces hommes et femmes politiques) ne se gêne en rien pour le faire sur chacun de nous, il n’est que temps d’installer une certaine symétrie.

J’en vois déjà objecter à l’opération, sortant un hypothétique droit à l’oubli, en oubliant allègrement le devoir de mémoire de l’électeur trompé, du contribuable bafoué, du justiciable oublié…

vie privee , internetCertes, il y a trente ans, ce droit à l’oubli pouvait encore vaguement avoir du sens. Il était et est encore bien trop souvent utilisé par pure commodité pour faire oublier que certains ministres, certains députés, certains sénateurs ou certains maires de grandes métropoles ont bel et bien été condamnés. Et si ce droit à l’oubli peut encore se comprendre pour les condamnés lambda qui, ayant purgé leur peine, veulent se refaire une place dans la société, il est à mon avis bien trop léger de l’appliquer lorsqu’il s’agit de place à des postes importants de la République, qu’on veut régulièrement irréprochable.

Après tout, qui a forcé ces individus à se lancer dans la carrière politique ? S’ils se bousculent pour les avantages, le salaire conséquent, le pouvoir afférent, il semble juste qu’on attende d’eux la plus parfaite probité, que le moindre soupçon de corruption, de doute les fasse trembler et renoncer à ces postes, ces avantages, ces salaires et ces responsabilités !

Du reste, si chaque prétendant à un poste public, payé de nos impôts et disposant d’un certain pouvoir, pouvait sentir le souffle du boulet que peut transmettre ce site, en leur rappelant qu’ils devront toujours être au-dessus de tout soupçon, peut-être arriverons-nous un jour, par ce contrôle permanent et précis, à disposer d’une classe politique plus proche de ce qu’on observe chez nos voisins du Nord plus vertueux et bien plus soucieux des dépenses publiques.

Si la transparence, au niveau du citoyen, doit absolument être combattue (non, l’intimité et la vie privée ne doit souffrir d’aucune entorse), elle doit être totale dans l’exercice des fonctions de ceux des citoyens qui se consacrent à l’appareil d’État, représentent le peuple et attendent d’eux qu’ils respectent, in fine, les lois qu’ils vont voter.

Autrement dit, puisque l’État s’arroge régulièrement le droit d’aller fouiller dans nos vies et se fera fort de ne jamais oublier, dans ses nombreux fichiers, qui nous sommes, d’où nous venons, ce que nous valons, ce que nous faisons et ce que nous pensons, il semble légitime que les citoyens, s’ils en ont la possibilité, lui rendent la pareille et renvoient leurs représentants à leurs responsabilités.

Je soutiens donc l’initiative Politic-Watch et vous encourage à liker, buzzer le site et faire parvenir des sources, données fiables et éléments d’appréciation sur les élus de la République. Les politiciens aiment nous ficher ? à notre tour d’en faire autant ! Ce n’est qu’ainsi qu’on peut espérer voir arriver une classe de politiciens honnêtes.
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