Les effets de l’interdiction des drogues

Dans une vidéo, Angela Dills nous explique pourquoi les périodes d’interdictions sont celles où le taux d’homicide est le plus haut

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Les effets de l’interdiction des drogues

Publié le 6 juin 2012
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Cécile Duflot embarrasse le gouvernement avec ses propos tenus hier sur la dépénalisation du cannabis. C’est l’occasion de nous intéresser aux effets de l’interdiction des drogues. La période de la prohibition aux États-Unis est un exemple intéressant à étudier. Dans la vidéo que nous vous proposons, Angela Dills explique pourquoi les périodes d’interdictions sont celles où le taux d’homicide est le plus haut.

Un article de l’Institut Coppet.

Les États-Unis ont expérimenté au cours de leur histoire deux périodes de prohibition : la première est celle de l’alcool de 1920 à 1933 au niveau fédéral, la deuxième est la « guerre contre la drogue », toujours d’actualité, qui débuta en 1971.

Angela Dills nous explique dans cette vidéo que l’on peut observer une hausse des homicides durant ces deux périodes. Pourquoi ?

Tout d’abord interdire légalement un produit (dans sa production, distribution et consommation) n’élimine pas son utilisation, mais le fait basculer dans l’économie parallèle. L’économie parallèle (ou marché noir) ne permet pas le recours au système juridique en vigueur dans le marché « légal » : un consommateur ne peut pas, par exemple, porter plainte contre son dealer pour défaut de livraison, cela se retournerait contre lui. Par conséquent, si différend il y a entre un producteur, un vendeur ou un consommateur, cela se règle entre eux : avec le recours à la force si nécessaire. Le consommateur n’a donc aucun recours institutionnel pour nuire à la réputation du vendeur, comme cela serait possible sur un marché libre assis sur des règles juridiques claires permettant un recours à une instance d’arbitrage, ce qui n’incite pas le vendeur à s’orienter vers la qualité qui devient mauvaise, voire totalement aléatoire sur le marché, augmentant ainsi le risque d’intoxication et d’overdose.

Enfin, deuxième raison, faire respecter une telle interdiction nécessite des ressources. Des ressources en temps, en argent, en places de prisons, en juges, en agents de police etc. qui ne sont plus disponibles pour traquer les voleurs, les meurtriers ou les violeurs.

Une étude laisse suggérer, d’après Angela Dills, que le taux d’homicide est de 25 à 75% plus élevé qu’il ne le serait sans l’interdiction de la drogue.

Enfin, Angela Dills termine en disant que si l’on souhaite diminuer la consommation de drogue, il faut employer les mêmes mesures qu’utiliser contre le tabac : un âge minimum, une forte fiscalité, et une bonne prévention, permettant de sortir des vices du marché noir.

Bien entendu les arguments utilitaristes ne manquent pas concernant le lien entre marché noir et violence : un prix élevé poussant les plus démunis à recourir à la violence pour se procurer de la drogue, ou des profits plus élevés pour les organisations criminelles (cf. Al Capone ou encore Pablo Escobar).

Vidéo sous-titrée par Benoît Malbranque pour la chaîne YouTube de l’Institut Coppet.

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Sur le web.

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  • Là où, à mon sens, Angela Dills se trompe, c’est concernant (je cite) la « forte fiscalité » qu’il conviendrait (comme pour le tabac) d’appliquer au marché des drogues et psychotropes. De fait, en France, à cause d’une fiscalité devenue délirante, le marché noir du tabac fleurit…

    Il s’agirait donc plutôt d’appliquer (si on en applique une) une fiscalité mesurée à ce marché.

  • A l’heure où aux USA on dénombre des actes de cannibalisme dus à l’ingestion de nouvelles drogues synthetiques, les arguments des partisants des drogues, en libre vente fabrication et circulation, sont de plus en plus irrecevables

    • Par contre, on attend toujours les vôtres…

    • Ces drogues synthétiques dangereuses sont le résultat des interdictions… Tout comme le crank et la meth sont les résultats de l’interdiction de la cocaine, le krokodil résultat de l’interdiction de l’héroïne… On a ces nouvelles molécules qui résultent de l’interdiction de celles bien connues et maîtrisées (LSD et MDMA).

      Ces drogues de mauvaise qualité ne sont pas la cause de l’interdiction, mais la conséquence.

  • « Forte fiscalité »… Je doute sérieusement de l’efficacité de cette mesure : c’est une incitation à recourir au marché noir (presque’)aussi forte que l’interdiction, et de plus en plus à mesure que la fiscalité augmente.

    Pour le tabac, en France, je ne serais pas étonné d’apprendre que la contrebande augmente avec les taxes… Si le sujet était abordé aussi souvent que celui des saisies de drogue illégale!

    Quand à l’âge limite il se contourne si aisément que son effet est quasi nul, n’était l’augmentation de « délinquance » juvénile.

    Prévention, ok, ça tient la route.

    Par ailleurs, l’auteur oublie un autre effet pervers : l’augmentation du prix des drogues entraîne le développement de substituts économique encore plus dangereux que l’original! Ainsi, la prohibition de l’alcool a entrainé la prolifération de tord-boyaux à base d’antigel, celle de la cocaïne a donné naissance au crack.

    Cela dit, nous avons ici la preuve irréfutable de l’existence de Dieu : Cécile Duflot a dit un truc intelligent!!!

    😮

    • La fiscalité peut être forte tant que le prix global du produit reste inférieur à son prix sur le marché noir, c’est-à-dire si la taxe est inférieure à la « prime de risque » totale due à l’illégalité.

  • La question n’est pas de savoir si il faut oui ou non légaliser les drogues…
    La vraie question c’est qui va manger le gâteau si la mise sur le marché est autorisée… (Leclerc ? Mulliez ? Dassault ? Betancourt…) ?

  • Je pense que l’article prend une perspective de courte vue. Evidemment lorsqu’on interdit quelque chose l’effet immédiat est la clandestinité et la hausse des crimes associés. Il faut voir la chose plus à long terme, car ici c’est le basculement d’une situation à une autre qui provoque le chaos, par la problématique sous-jacente. Pour prendre un parallèle susceptible de choquer les libéraux mais qui résume le mode de raisonnement : si demain on supprime le socialisme étatique du jour au lendemain, vous verrez nécessairement un bond ahurissant de la criminalité. Mais c’est la transition plus que l’état qui est cause de la criminalité. Or dans les exemples cités, les périodes sont trop courtes pour être hors transition.

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