Apocalypse 2.0, le retour de la vengeance

Au regard de l’histoire économique de l’énergie de ces quatre dernières décennies, on aurait pu penser que les prophètes de l’apocalypse en avaient profité pour comprendre leur erreur

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Apocalypse 2.0, le retour de la vengeance

Publié le 20 mai 2012
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Au regard de l’histoire économique de l’énergie de ces quatre dernières décennies, on aurait pu penser que les prophètes de l’apocalypse en avaient profité pour comprendre leur erreur. Eh bien non : une fois encore les thèses malthusiennes vont faire la une des médias et le cœur du discours politique.

Par Georges Kaplan.

Souvenez-vous, c’était en 1972. Donnella Meadows, Jorgen Randers et Dennis Meadows, trois analystes du Massachussetts Institute of Technonoly soutenus par le Club de Rome publiaient The Limits to Growth (Halte à la croissance), probablement l’étude néo-malthusienne la plus célèbre de tous les temps.

The Limits to Growth, c’était l’Apocalypse 1.0 : si rien n’était fait pour contrôler la croissance de la population mondiale (3,8 milliards d’individus à l’époque), nous allions bientôt assister à une gigantesque catastrophe économique, écologique et humaine. Les terres cultivables viendraient à manquer, les ressources naturelles seraient épuisées et la pollution rendrait toute vie sur terre pratiquement impossible.

 

Retour sur Apocalypse 1.0

L’idée clé de The Limits to Growth tient en deux constatations : nous vivons dans un monde fini où la plupart des ressources qui permettent la survie de l’espèce humaine – terres arables, énergies fossiles etc. – existent en quantité limitée et, surtout depuis la révolution industrielle, la population humaine ne cesse d’augmenter.

Évidemment, l’idée selon laquelle les ressources naturelles à notre disposition sont limitées par la nature ne date pas de 1972, mais ce que le Club de Rome apporte de nouveau dans ses simulations, c’est l’idée d’une croissance exponentielle de notre consommation desdites ressources.

Prenons l’exemple du pétrole : à l’époque où le Club de Rome publie The Limits to Growth, on évaluait les réserves prouvées de pétrole à quelque chose comme 583 milliards de barils, et la consommation annuelle tournait à environ 18,8 milliards de barils par an ; de là, en posant l’hypothèse d’une consommation stable de pétrole, on estimait que le stock serait épuisé 31 ans plus tard, c’est-à-dire en 2003 [1].

Or, nous expliquent les auteurs du rapport, ne serait-ce que parce que la population mondiale augmente, il est tout à fait ridicule d’imaginer que nous puissions nous satisfaire de 18,8 milliards de barils indéfiniment. L’apport du Club de Rome consiste donc à introduire des estimations de croissance de notre consommation dans ses modèles et à en déduire que l’épuisement des réserves aura lieu beaucoup plus tôt que prévu.

Typiquement, avec une croissance annuelle de la consommation de 3,9 % – hypothèse retenue dans The Limits to Growth – ce n’est pas en 2003 que les puits de pétrole seront à sec mais au bout de 20 années, soit en 1992.

Il ne vous aura pas échappé que la prédiction ne s’est pas précisément avérée.

Mieux encore : non seulement nous n’avons toujours pas pompé cette fameuse dernière goutte de pétrole mais, sur la base des dernières données disponibles [2], il semble qu’avec une hypothèse de consommation constante il nous reste du pétrole pour un peu plus de 43 années. Oui, vous avez bien lu : alors que la population mondiale a augmenté de 83 % et que nous avons consommé la bagatelle de 958 milliards de barils depuis 1972, les réserves prouvées actuelles devraient, si nous en restons au même rythme de consommation, nous permettre de tenir non pas 31 années, comme on le croyait en 1972, mais 83 ans [3].

Le Club de Rome s’est donc magistralement planté, et pas qu’un peu.

Oh, bien sûr on nous explique depuis que les simulations de The Limits to Growth n’étaient pas des prédictions, que les chiffres donnés dans le rapport n’étaient que des illustrations, que dans le cas du pétrole, les auteurs avaient prévu la possibilité que les réserves se révèlent finalement plus importantes que prévues, que le technologie progresse etc.

Dont acte, mais il n’en reste pas moins que les résultats des simulations, contrairement à ce qu’on a pu lire ici et là ces quatre dernières décennies, ne collent pas à la réalité observée et qu’il existe d’excellentes raisons de penser que ce n’est pas un problème de paramètres ou de scénarios mais quelque chose de beaucoup plus fondamental : leurs modèles ignorent le principal mécanisme de régulation de nos sociétés, le marché et le mécanisme des prix.

 

La main invisible a encore frappé…

Le fait est que si les auteurs de The Limits to Growth ont certainement de nombreuses qualités, ils n’en sont pas moins de piètres économistes.

À vrai dire, ils ont même totalement évacué le phénomène économique, et extrapolent des tendances comme si la rareté n’avait aucune incidence sur la consommation, ni la production. Ce que n’importe quel étudiant en première année d’économie sait, et que les auteurs du Club de Rome ont superbement ignoré, c’est que quand une ressource recherchée se fait rare, son prix augmente, et que cette augmentation du prix, sans qu’aucune planification centralisée ne soit nécessaire, va déclencher deux types de réactions.

Là encore, l’exemple du pétrole est tout à fait symptomatique des failles des approches malthusiennes en général.

En effet, dès l’année qui suit la publication du rapport, le premier choc pétrolier va propulser pour la première fois le baril de brut au-delà des 40 dollars [4] et c’est à ce moment que joue le premier effet : la croissance de notre consommation, presque immédiatement, a ralenti. C’est la première réaction : quand le prix de quelque chose augmente, la consommation baisse ou, du moins, croît moins vite. De fait, cela fait maintenant quatre décennies que nous économisons cette ressource.

Prenez nos voitures par exemple : nous avons complètement changé nos habitudes de consommation pour intégrer cette contrainte de prix. La capacité d’une voiture à consommer peu est désormais un élément déterminant de nos actes d’achat et nous sommes même prêts à investir des montants conséquents dans l’acquisition des technologies les plus économes : moteurs plus performants, carburants plus efficaces, voitures hybrides, dispositifs start and go… La consommation moyenne des voitures vendues en France est passée de 8,55 litres en 1988 à moins de 7 litres actuellement, et pas plus tard qu’en février de cette année. Du coup, là où le Club de Rome tablait sur une augmentation de 3,9 % par an, le rythme de progression de notre consommation de pétrole depuis 1972 n’a été que de 1,4 % par an – deux fois moins vite que prévu. En quatre décennies, l’économie mondiale a réagi aux chocs pétroliers en organisant la gestion de cette ressource rare mieux que n’importe quel organisme de planification.

Mais ce n’est pas tout.

Une erreur commune consiste à penser que les réserves prouvées constituent le stock de pétrole disponible sur Terre : ce chiffre, personne ne le connait.

Par réserves prouvées, il faut entendre la quantité de pétrole qui pourrait raisonnablement être extraite des gisements connus à ce jour si les conditions économiques et techniques restent inchangées.

Et voici la deuxième règle : quand le prix d’une ressource augmente, les producteurs ont toutes les incitations du monde à investir dans la recherche de nouvelles sources d’approvisionnement, de nouvelles méthodes d’exploitation ou de ressources alternatives. Et ce, d’autant plus qu’un régime de prix élevé leur en donne les moyens. « À 200 dollars le baril de pétrole, disait un de mes professeurs, on en trouvera sous votre salon. »

Repassez-vous le film des quatre décennies en question : des gisements à bas coût du Moyen-Orient, nous sommes passés aux forages en haute mer, à la prospection en milieux extrêmes, puis aux sables bitumeux canadiens, aux pétroles de schiste, et il existe même aujourd’hui quelques projets très sérieux de pétrole de synthèse [5] !

Résultat : en quarante ans, les réserves prouvées mondiales sont passées d’environ 583 milliards de barils en 1972 à plus de 1383 milliards de barils au dernier pointage. C’est-à-dire qu’elles ont largement plus que doublé en quarante ans.

 

Et maintenant ? Apocalypse 2.0 !

On aurait, à bon droit, pu penser que les prophètes de l’apocalypse avaient profité de ces quatre décennies pour comprendre leur erreur.

Eh bien non : figurez-vous que le Club de Rome a décidé de remettre le couvert pour les quatre décennies qui viennent en publiant ce mois-ci 2052: A Global Forecast for the Next Forty Years.

Mêmes causes, mêmes effets : les auteurs n’ont manifestement toujours pas compris qu’ignorer les forces du marché revient tout simplement à raisonner en l’absence d’êtres humains, comme si nous pouvions être comparés à des branches de bois mort portées par le courant. Une fois encore, on verra des mathématiciens aux barbes vénérables nous expliquer ce que signifie une croissance exponentielle et nous rappeler que nous vivons sur le troisième caillou en partant du Soleil.

Une fois encore, les thèses malthusiennes vont faire la Une des médias et le cœur du discours politique.

Et dans 40 ans – ô surprise – on réalisera qu’ils se sont encore une fois trompés.

—-
Sur le web.

Sur le même thème, lire aussi cet excellent papier sur Reason.com.

Notes :

  1. Le calcul n’a rien de sorcier ; c’est une simple division : 583 divisés par 18,8.
  2. J’utilise dans cet article les données collectées par BP.
  3. Depuis 1972, 40 années déjà écoulées auxquelles il faut ajouter l’estimation de 43 années pour écouler le stock de réserves prouvées actuel.
  4. Les prix sont exprimés en dollars actuels – c’est-à-dire qu’ils sont corrigés de l’inflation. Pour information, les deux pics historiques du prix du baril sont de presque 112 dollars actuels en décembre 1979 et de 130 dollars actuels en juin 2008.
  5. Voir, par exemple, le BFS Blue Petroleum.
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  • Y’a décidément de plus en plus de conneries sur Contrepoints…la rançon du succès sans doute.

    Je viens de lire là mon dernier tissu d’âneries, maintenant ça suffit. Je me désabonne…

    • Voilà un commentaire argumenté, ça fait plaisir.

      • Comment lui en vouloir aussi, avec les mégatonnes de propagande constante qui écrasent les gens, des premières années de l’école, à l’université, à la totalité des médias et de la presse, et au discours de tous les politiques sans exception ? Le miracle c’est que quelques uns comprennent quand même qu’on nous raconte des salades.

        @Thierry Curty : observez les faits sur les ressources, prenez le temps, constatez par vous même (en aucun cas ne faites confiance à juste Contrepoints, ou à aucun média particulier). Bon cheminement.

    • Après votre intervention j’ai été lire vos articles. Je crois que vous ne savez pas ce qu’est le travail et encore moins les côuts sociaux liès au travail.C’est grave car vous êtes un côut social et vous ne vous en rendez même pas compte .

    • Puisque vous avez l’air très fâché et que vous souhaitez vous désabonner, pourriez-vous me dire *exactement* ce qui vous choque tant dans ce papier ? Le fait que le prix d’une ressource augmente quand elle se fait rare ? Le fait que les consommateurs tendent à économiser les ressources qui se font chères ? Ou le fait que lorsque leur gagne-pain de fait plus rare, les producteurs investissent pour chercher un moyen de préserver leurs profits ?

    • Et un de moins !

  • Encore un excellent article de Georges, c’est sûr je me réabonne trois fois á contrepoints!

  • Je ne veux pas défendre le Club de Rome mais leur estimations des réserves de pétrole, faite en 1972, tenait compte
    – des réserves connues à l’époque (on a découvert pas mal de gisements depuis lors)
    – du prix du pétrole (on est avant la crise de 73-74) qui rendait non rentable l’exploitation de toute une série de gisements
    – de l’état des techniques qui ne permettait pas encore l’exploitation en pleine mer à grande profondeur ni l’extraction du pétrole à partir des schistes ou sables bitumineux.

    Les ‘réserves’ ont donc augmenté très sensiblement au fil du temps en fonction des découvertes, du prix et de l’évolution des techniques et, en parallèle, le prix augmentant, la demande n’a pas suivi l’augmentation de la population, bien au contraire.

    Il est donc un peu facile de flinguer le Club de Rome en disant, sans nuances, qu’ils se sont ‘plantés’ …

    • Les membres du Club de Rome auraient gagné à être plus modestes, par exemple en déclarant l’impossibilité de faire la moindre prévision. Si une première erreur est excusable, persister dans l’erreur est diabolique.

    • Oui c’est vrai qu’il est un peu trop facile de critiquer un modèle juste parce qu’il produit de mauvaises prédictions. Il faudrait faire preuve d’un peu plus de discernement.

      Vive les modèles mal spécifiés ! Sus à la réalité !

  • La première fois que l’on a prédit la fin du pétrole « dans vingt ans » c’était en 1914.

    Aujourd’hui on en arrive à creuser à 4000m de fond. Et on en trouve. En fait, plus on creuse profond et plus on trouve de pétrole.

    Cela tendrait surtout à confirmer la thèse russe selon laquelle l’essentiel du pétrole est d’origine géologique et non fossile, et que donc le pétrole est en réalité une énergie grosso-modo renouvelable.

    Cela me paraît plus crédible que des explications alambiquées pour expliquer la présence de l’essentiel du pétrole connu comme d’origine fossile à des kilomètres de profondeur à des centaines de kilomètres des côtes, là où il n’y avait pas d’eau que lors des ères glacières peu propices au développement de forêts tropicales.

  • Un bon livre à lire à propos de ce sujet c’est The Rational Optimist, de Matt Ridley, sorti en 2011. Il y consacre un chapitre au malthusianisme et il va dans le meme sens que cet article.
    Vous l’avez lu M. Kaplan?
    Amicalement

  • Bonjour, je pense qu’il faut faire gaffe dans ce genre d’analyses, le problème est double je pense, vous trouverez toujours de fantastiques techno permettant d’aller chercher plus loin plus profond etc, mais le jour ou votre machine consommera 1L de pétrole pour remonter 1L, même s’il en reste vous serez coincés, cela signifiera que c’est une autre énergie qu’il vous faut. Autre aspect toute notre infrastructure, notre société est « pétrole » … et y’a de quoi flipper quand on voit notre dépendance (pensez aux machines agricoles par exemple ..), et il y a intérêt a trouver une solution alternative pour créer du pétrole synthétique genre btl, ctl, gtl, sinon ça va faire mal le jour ou ce point arrivera …

  • Excuse my french but pourquoi est-ce si stupide d’être malthusien ?

  • « leurs modèles ignorent le principal mécanisme de régulation de nos sociétés, le marché et le mécanisme des prix. »

    Les mécanismes de marché ne peuvent rien changer au fait qu’une ressource n’existant qu’en quantité finie ne sera exploitée qu’en quantité finie. Et que la belle hypothèse qui veut que le prix permet de faire surgir de nouvelles ressources une fois que la première est épuisée relève de l’acte de foi, rien ne permet d’avoir des certitudes la dessus.

    Certes, par essence, le progrès scientifique et technique est potentiellement infini. Certes, par essence, les quantités de ressources extractibles sont incertaines. Mais je n’arrive toujours pas à comprendre par quel contorsion logique on peut utiliser l’incertitude sur la disponibilité future d’une ressource comme moyen de justifier l’utilisation maximale de la ressource en question et le dimensionnement de toute l’infrastructure productive en conséquence …

    Si les paysans du tiers monde vous écoutaient, ils ne devraient pas rationner la nourriture PARCE QUE ils ne savent pas combien ils vont pouvoir en récolter demain. Ça n’a aucun sens.

    • Il semble bien que vous ne comprenez pas le processus :
      Quand la pression de la demande se fait plus forte et que l’offre ne suit pas, les prix augmentent. C’est toujours vrai, du moins dans un marché libre, et ce, quel que soit le produit vendu et quelle que soit la cause de l’augmentation de la pression de la demande.
      Dans le cas qui nous occupe, si la consommation augmente, les prix grimpent. Ce qui peut avoir 3 effets :
      1. La consommation rebaisse.
      2. Les entreprises pétrolières recherchent de nouvelles technologies ou de nouveaux gisements pour profiter de l’aubaine.
      3. Les produits concurrents sont développés (pétrole biologique ou synthétique, batteries électriques, photovoltaïque, éolien, hydrogène, pile à combustible, etc.)
      Ces 3 effets se combinent en fonction des coûts, des contraintes techniques, de la mode, et d’autres facteurs.
      Supposons que nous parvenions, petit à petit, à la limite des ressources en pétrole, les prix vont fortement augmenter. Si ce n’est pas suffisant pour le point 2, car les ressources sont limitées, l’effet aura lieu sur les points 1 et 3. Cet effet sera progressif et d’autant plus fort que l’on se rapprochera de la dernière goutte.
      En tout état de cause, soyez-en sûr : cette dernière goutte ne sera jamais pompée. Trop chère.

      A titre d’information, les réserves connues de schistes bitumineux sont de l’ordre de 3000 milliards de barils. Ça fait un siècle de réserve, tout de même. Et ça, c’est avant de se lancer dans la prospection…

      • Remarques

        1 et encore on ne prend pas en compte:

        les réserves de gaz de schiste
        celles de charbon, toute deux largement supérieures à la consommation actuelle

        2 en 1965 déjà on disait qu’on n’avait de pétrole que pour 40 ans..
        3 rappelons nous la boutade : les économistes ont permis de re-crédibiliser les astrologues …

        • « toutes deux largement supérieures à 100 ans de consommation au rythme actuel »

          • Pour moi, la notion d’années consommation restantes n’a pas de sens. C’est bien trop flou, on peut faire dire ce qu’on veut à ce genre de chiffres.

            Ce que je comprends, ce sont les joules de réserve ( ressources techniquement exploitables ) prouvés ou probables ( 2P ). Pour le reste, je suis assez grand pour faire les produits en croix.

            Un volume de schiste bitumineux en sous sol ne veut strictement rien dire. Il y a des milliards de tonnes de métaux dissout dans les océans, ça ne veut pas dire qu’ils sont exploitables pour autant.

    • Au passage, les scientifiques du rapport Meadows n’étaient pas des géologues. La, vous avez ce qu’en pense un géologue ancien de chez Total : http://aspofrance.viabloga.com/files/JL_ENS_avril2011.pdf
      Il n’est pas catastrophiste, juste inquiet de voir tout le monde raisonner sur des données biaisées, et notamment les économistes, et lui aussi rigole quand il voit ces graphiques qui donnent les réserves accessibles en fonction du prix, et ne mentionnent nulle part le moment ou la production n’est plus énergétiquement rentable.

      • « Le moment ou la production n’est plus énergétiquement rentable » : encore un raisonnement à technologie constante, toujours la même erreur que celle commise par les malthusiens en général et par le Club de Rome en particulier.

        • quand l’énergie nécessaire, indépendamment de la technologie, je répète : indépendamment de la technologie est : 1L pour sortir 1L on fait quoi ? on construit des éoliennes a coté pour alimenter nos super technos ?

        • Le développement scientifique et technique ne tombe pas du ciel. Il coûte du temps, et de l’énergie. Quand justement le problème c’est de produire de l’énergie avec une contrainte sur le temps, affirmer que le progrès technique peut tout résoudre ne tient pas la route.

          Vous pouvez faire tout ce que vous voulez, à un moment vous allez buter sur les lois de la thermodynamique. L’économie n’est pas au dessus de la physique.

          • Et si on pousse le raisonnement malthusien jusqu’au bout, c’est valable aussi pour l’espace.
            La Terre est finie question espace, et tout le progrès technologique ne rajoutera pas des dimensions supplémentaires.
            Quand on est allé au bout des étapes 2 et 3 de DoM P, on en revient au 1. Ce qui n’est ni plus ni moins que l’avertissement des Malthusiens => une ressource ne peut pas augmenter de façon exponentielle éternellement.

          • En fait, FoinFoin, il me semble bien difficile d’imaginer d’aller « au bout » de mon point 3. Si c’est trop cher ou trop complexe d’aller chercher du pétrole à 20000 km sous Terre dans x siècles, les technologies alternatives auront bien changé depuis. Qui sait aujourd’hui de quoi demain sera fait ?

          • @Dom P

            Vous n’avez pas répondu à l’objection que j’ai faite : Le développement scientifique et technique ne tombe pas du ciel. Il coûte du temps, et de l’énergie. Quand justement le problème c’est de produire de l’énergie avec une contrainte sur le temps, affirmer que le progrès technique peut tout résoudre ne tient pas la route.

            Je rajouterais qu’affirmer que le prix fera toujours correspondre l’offre d’énergie à la demande ne tient pas la route puisque la demande d’énergie n’a pas de limite. Il y a des limites à l’offre, et les limites sont données 1/ Par la ressource matérielle en sous-sol ( si on néglige les renouvelables ) 2/ Par les moyens humains mis en oeuvre pour l’extraire
            Le prix va permettre de faire varier les moyens humains mis en oeuvre pour produire l’énergie. Prospection, recherche, extraction, optimisation, tout ça c’est des moyens humains. Effectivement, si le prix augmente, plus de moyens seront mis en oeuvre, et plus d’énergie sera produite, mais au prix d’une mobilisation plus grande de la société pour la produire. ( A moins de supposer que le gain marginal de la R&D soit croissant, ce qui ne correspond pas à la réalité, sinon la production d’énergie suivrait une pente exponentielle et ne plafonnerait pas comme aujourd’hui. ) Or, l’intérêt de produire de l’énergie, c’est évidemment de diminuer l’effort humain nécessaire à la production matérielle, donc le mécanisme du prix ne marche pas dans le cas de l’énergie. Disons que si, il marche tant que la ressource superficielle est abondante, mais il arrivera forcément un moment où la rareté des ressources fossiles va rendre cette logique inopérante, et où il faudra se contenter des sources d’énergie renouvelables, aussi maigres soit-elles ( ou compter sur la conquête spatiale … ).

            La seule contradiction possible que je puisse voir à cette logique serait que le gain marginal de la R&D soit aujourd’hui artificiellement phagocyté par les dysfonctionnements de l’économie mondiale dus à l’interventionnisme étatique. Dans tous les cas, le résultat apparent est le même, il y aura un pic de production d’énergie, et une chute, avant que, peut-être, ça s’arrange.

    • Il n’y a pas de contorsion logique : si il n’y a plus de pétrole… et bien il n’y a plus de pétrole. Le marché ne peut évidemment pas battre la nature ou violer les lois de la physique… mais l’état non plus. Personne n’y peut rien.

      Le problème n’est pas là. Le problème c’est de faire des prévisions sans prendre en compte l’incitation du mécanisme des prix et en partant du principe que les êtres humains sont incapables de s’adapter à de nouvelles conditions économiques et techniques (implicitement sauf si l’état les guide évidemment).

      • @Arno

        Ce qui me turlupine, c’est de voir les gens confondre pétrole et énergie, et de penser que par le mécanisme du prix on peut garder la production de pétrole stable et donc la production d’énergie stable, alors que si le prix augmente, ça veut dire que l’énergie que va apporter chaque baril à celui qui l’achète diminue ( puisqu’une plus grande part de l’énergie contenue dans le baril devra être mobilisée pour rentabiliser son achat ) .

        Je cite souvent Jean Laherrère, qui réalise des productions de qualité sur la question des hydrocarbures. Il serait un « peakiste serein » s’il percevait une conscience du phénomène, et une anticipation appropriée, or ce n’est pas le cas, la plupart des gens réfléchissant à partir de données biaisées par des intérêts particuliers.
        Par exemple, tout le monde brandit les hydrocarbures non conventionnels pour « contrer » les peakistes, sans se rendre compte que ceux-ci en tiennent compte, et qu’en plus on brandissait déjà cette « solution » il y a 15 ans, qui devait permettre de maintenir le prix du baril sous les 30 $, avec les résultats qu’on sait ( un baril qui n’est jamais tombé sous les 40$ depuis 2005 )

        • Je n’ai rien compris à votre message. Enfin personnellement je ne connais rien au pétrole et je m’en moque.

          Pour faire simple : si vous pensez que le prix du pétrole est sous-évalué, achetez un puits et attendez que les prix montent pour l’exploiter (façons de parler, il y a des manières plus simple pour profiter d’une bonne anticipation du prix futur).

          Si vous vous pensez plus malin que l’ensemble des autres producteurs/intermédiaires/consommateurs/analyste et bien foncez : si vous avez raison vous permettrez à votre échelle une meilleure gestion dans le temps de cette ressource précieuse qu’est le pétrole, et en plus vous vous enrichirez. Si vous avez tort vous en assumerez les conséquences plutôt que de les faire subir à d’autre par une politique publique.

          Mais surtout laissez les gens tranquilles et laissez les faire leur propres anticipations.

          • Nous sommes entre adultes responsables. Chacun traite comme il veut les informations à sa disposition.

            Je ne suis pas Jancovici, n’ai pas dit qu’il fallait doubler la TIPP ou Eva Joly et fait la publicité des « emplois verts » dans l’éolien ou autres. Les faits sont indépendants des idées de ceux qui les utilisent. Donc je vous prie de de ne pas me faire de procès d’intentions.

          • D’après vous « le mécanisme des prix ne marche pas »… Personnellement pour gérer une ressource rare je vois pas grand chose d’autre que le mécanisme des prix ou la décision centralisé (ou un mixte des deux). Alors sauf si il s’agit simplement de dire qu’il ne marche pas dans le sens où il ne peut pas violer les lois de la physique ou ignorer les limites de la nature (ce qui est aussi vrai que sans aucun intérêt), je ne vois pas où voulez en venir.

          • @Arno

            Dans mon esprit, le mécanisme des prix ne marche pas pour ce qu’on voudrait. Je ne crois pas que le mécanisme des prix puisse éviter la pénurie à long terme. Gérer la rareté à court terme, oui, éviter la pénurie à long terme, non, pour les raisons que j’ai évoqué au dessus, en tout cas clairement pas de manière certaine.

            Pour éviter la pénurie, le manque, à mon sens il faut surtout que chacun envisage d’investir dans les économies d’énergie. C’est un investissement comme un autre, mais qui est sous-évalué du fait de la relégation du problème vers le marché de l’énergie. Et encore plus ici qu’ailleurs, car la perception des distorsions du marché y est plus aiguë.

            Je me situe seulement en contrepoids de cette vision à mon sens lacunaire de la question de l’énergie. Et il y a encore une autre lacune que je n’ai pas abordée :
            Prenons l’exemple des taxes à l’export dans les pays de l’OPEC. Elles sont perçues comme une distorsion, une rente, une obstruction à l’efficience des marchés alors qu’il est impossible qu’il en soit autrement tant qu’il existera une relation de dépendance vis à vis de ces pays.
            La consommation d’énergie fossile est une dépendance, et toute dépendance se paye d’une manière ou une autre. On ne peut pas le percevoir tant qu’on ne pense le marché qu’en termes d’offre et de demande, sans jamais se préoccuper des rapports de force entre agents.

            De fait, qu’on le veuille ou non, aujourd’hui, consommer de l’énergie en quantité, c’est être dépendant du bon vouloir des russes et des pays du golfe pour maintenir son activité .. car le marché, c’est eux, et pour longtemps. Ou alors c’est être dépendant de la politique énergétique de l’état Français ( Autorisation de prospecter le gaz de roche mère ou pas. Et dans tous les cas, dépendants de la capacité d’investissement des grands groupes, car la production des hydrocarbures non conventionnel nécessite plus de capitaux à production égale que les hydrocarbures conventionnels).

            Sans possibilité de faire des économies d’énergie, compter sur le marché est illusoire, car il n’y a pas de marché libre s’il y a relation de dépendance.

  • Depuis un peu plus de 30 ans nous consommons plus de pétrole que nous en trouvons. Dans les 10 dernières années 70 GB trouvés pour 300 Gb consommés, en 2000 consommation de 75 Mb/j maintenant 88Mb/j. Nous avons de fait 40 ans de réserve, mais s´il faut 100 ans pour l´exploiter, alors nous avons un gros problème. L´important ce n´est pas la taille du réservoir, mais du robinet.
    C´est pour cela aussi qu´on exploite les sables bitumineux de l´Alberta (3 barils produits pour 1 consommé) ou sous plus de 2000m d´eau dans le «pre-sal» Brésilien avec des plateformes à plus d´un milliard de $ pièce. L´AIE nous a informé que le pic de production de pétrole conventionnel a eu lieu en 2006 et que maintenant les 2/3 des pays producteurs en dehors de L´OPEP sont en déplétion comme Mexique, GB, Norvège etc..
    On confond ressources et réserves, les ressources ne deviennent des réserves que lorsque celles-ci sont rentables à exploiter, en 1970 à 10 ou 30 $ le baril, beaucoup de réserves d´aujourd’hui étaient des ressources. Le rapport du Club de Rome que vous n´avez pas lu, en 1972 disait seulement qu´au XXI siècle notre société s´écroulerait, aujourd’hui il date l´écroulement pour 2030.
    http://www.agoravox.fr/actualites/environnement/article/1972-2012-le-club-de-rome-confirme-114264
    http://videos.senat.fr/video/videos/2012/video12508.html
    http://www.sauvonsleclimat.org/

    Á méditer

  • En dehors du ton de l’article condescendant au possible, voilà comment détourner un : « Nos réserves sont limitées, l’augmentation de la population mondiale va entraîner des catastrophes d’ici peut-être X années parce que A, B, C, etc…. » en « On a fait un calcul sur des inconnues et on est trop des guignols parce qu’on a pas intégré le concept de la main invisible et que les gens qui vivent dans le futur ils se marrent bien ». S’attacher à la date de la prédiction c’est s’attacher à un point de détail pour nier le fait que nous épuisons nos ressources et que l’augmentation de la population va poser problème ou pour cacher le fait qu’on a rien compris mais qu’on se souvient d’un cours d’éco à la fac et qu’il faut bien le ressortir un jour alors pourquoi pas là?

  • Je ne vois pas ce qu’il faut en conclure à la fin de cet article. Continuons à consommer et à gaspiller car ça n’a pas d’impact ?

    Les calculs du Club de Rome se sont fait selon les outils et les informations qu’ils avaient. Ils se sont trompés, tant mieux pour nous, sur les dates mais est ce que vous croyez qu’ils auront toujours tort ?

    Le sacro-saint marché et sa main invisible, fera monter les prix, les pauvres seront les premiers à ne plus pouvoir suivre. Business as usual au détriment du social et de l’environnement.

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