L’Eurozone de tous les risques

Alors qu’on ne sait toujours pas clairement où les développements futurs vont mener l’Eurozone, les coûts et risques à maintenir le système sont déjà immenses et s’accroissent.

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L’Eurozone de tous les risques

Publié le 26 avril 2012
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Alors qu’on ne sait toujours pas clairement où les développements futurs vont mener l’Eurozone, les coûts et risques à maintenir le système sont déjà immenses et s’accroissent.

Par Philipp Bagus, professeur associé à l’Universidad Rey Juan Carlos, de Madrid, Espagne.

Les hommes politiques européens continuent d’essayer de sauver le projet de l’euro. Ils conçoivent des plans de sauvetage toujours plus massifs tandis que se prépare en parallèle un gouvernement économique. Les Etats vont probablement abandonner des portions de leur souveraineté et la nature de l’Union Economique et Monétaire (UEM), et même de l’Union Européenne (UE), pourrait changer à jamais.

Alors qu’on ne sait toujours pas clairement où les développements futurs vont mener l’UEM, les coûts et risques à maintenir le système sont déjà immenses et s’accroissent.

L’erreur de fabrication de l’Euro

Dans la zone euro, des Etats souverains fiscalement indépendants coexistent avec un seul système de banque centrale. Cette construction est unique en son genre puisqu’en général, un Etat possède son propre système bancaire.

Les Etats peuvent financer leurs déficits grâce au système bancaire et à la création monétaire. Lorsque les Etats dépensent plus qu’ils n’ont de recettes fiscales, ils émettent en général des obligations d’Etat. Le système financier achète une partie importante de ces obligations en utilisant la création monétaire. En effet, les banques achètent ces obligations parce qu’elles peuvent les utiliser comme collatéral (garantie) pour obtenir des prêts auprès de la Banque Centrale Européenne (plus précisément le Système Européen de Banques Centrales).

De la nouvelle monnaie alimente les Etats qui monétisent de cette façon leurs déficits indirectement. Le coût de cette monétisation indirecte est supporté par tous les utilisateurs de la monnaie sous la forme d’une baisse du pouvoir d’achat, i.e., de l’inflation. Lorsqu’on a un seul par banque centrale, toute la nation supporte les coûts de la monétisation du déficit. Mais dans la zone euro, les différents Etats contrôlent leurs propres budgets.

Imaginons que tous les Etats sauf un aient leurs comptes à l’équilibre. Celui qui est en déficit peut alors externaliser sur les autres nations une partie des coûts de son déficit sous la forme d’une augmentation des prix. Cette redistribution monétaire est l’union de transfert actuelle qui règne dans l’UE.

Un Etat comme la Grèce, qui possède un déficit élevé, imprime des obligations d’Etat que le système bancaire achète et monétise. Par voie de conséquence, les prix vont avoir tendance à monter dans toute l’union monétaire. Plus le déficit d’un des Etats est élevé par rapport aux déficits des autres pays, plus celui-ci peut externaliser ses coûts avec efficacité. Les incitatifs de ce système sont explosifs car les Etats gagnent à avoir des déficits plus élevés que ceux de leurs voisins de l’eurozone.

Le Pacte de Stabilité et de Croissance, construit pour contenir ces incitatifs, a complètement échoué car ce sont les Etats qui jugent quelles sanctions ils s’imposent à eux-mêmes.

Un des effets de ce désastreux programme est qu’il permet aux Etats de maintenir des structures économiques non compétitives comme des marchés du travail rigides, des systèmes sociaux immenses et des secteurs publics énormes pendant longtemps. Cela cause l’endettement massif et l’absence de compétitivité typique de la récente crise des dettes souveraines. Au passage, l’accumulation de ces crises a engendré une tendance à la centralisation du pouvoir à Bruxelles ainsi que le nouveau fonds de sauvetage. En d’autres termes, l’union de transfert monétaire a amené la crise des dettes souveraines jusqu’à nous approcher plus que jamais d’une union de transfert explicite. Le possible gouvernement économique européen ou les transferts par les eurobonds sont le seul résultat de la dangereuse et sous-jacente union de transfert monétaire contenue dans le logiciel institutionnel de l’euro.

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Article original. Traduction GB/Contrepoints.

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