L’impasse

Le discours dominant en France est un renoncement à l’idéal républicain qui ne voit aucune perspective pour la population et propose une logique de rationnement pour répartir les places.

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L’impasse

Publié le 16 avril 2012
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Le discours dominant en France est un renoncement à l’idéal républicain qui ne voit aucune perspective pour la population et propose une logique de rationnement pour répartir les places.

Par Vladimir Vodarevski

L’impasse est un film de Brian de Palma, avec Al Pacino dans le rôle principal. Il relate l’histoire d’un caïd de la drogue, qui veut changer de vie, mais qui n’y parviendra pas. L’impasse, c’est aussi ce qui qualifie la vision économique et politique en France.

Les discours, en cette campagne présidentielle, ne présentent aucune perspective. La France ressasse son idéologie en matière économique et politique, sans même y croire. Alors que le monde a rarement présenté autant de perspectives qu’aujourd’hui.

Le renoncement qui caractérise la France est illustré par la proposition d’instauration de quotas en classe préparatoire de l’enseignement supérieur. Le candidat socialiste veut qu’une proportion d’élèves de chaque lycée français intègre une classe préparatoire. L’admission en classe préparatoire ne dépendra ainsi plus des résultats, mais de quotas. Un bon élève pourra être recalé car il n’entrera pas dans les quotas.

Ce système de rationnement est déjà à l’œuvre sous d’autres formes, à l’Institut d’Etudes Politiques de Paris notamment. Il consiste en une procédure spécifique d’admission pour les élèves des lycées classés en ZEP. Cette politique est appelée « diversité sociale ».

Cette politique est un renoncement à l’idéal républicain. Cet idéal est de permettre à chacun d’améliorer son sort, et celui de la génération suivante. Il ne s’agit pas de promettre d’être PDG à tous. Mais de donner une perspective.

Aujourd’hui, l’idée d’offrir à tous les élèves des lycées classés en ZEP un avenir meilleur est abandonné, remplacée par celle de répartition des postes. Ainsi, il est proposé de faire en sorte qu’un petit nombre d’entre eux soient intégrés dans une école prestigieuse, un cursus favorable. Et de montrer ainsi que la répartition est égalitaire.

Offrir un avenir meilleur suppose une certaine qualité de l’enseignement. Mais aussi des perspectives économiques, des emplois correctement payés. C’est le développement économique qui permet la méritocratie. Le renoncement à l’idéal républicain, dans le discours dominant en France, est le signe que même ceux qui soutiennent ce discours ne croient plus en l’idéal républicain. Ils ne croient plus qu’il soit possible d’offrir des perspectives à tous.

impasse

Pourtant, c’est toujours la même politique qui est mise en œuvre, depuis les années 1970. La dépense publique est présentée comme le remède, alors que celle-ci est passé de 36 % du PIB dans les années 50, à 40 % dans les années 60, et a passé le seuil des 50 % dans les années 80. Les politiques de relance sont préconisées, alors qu’elles ont échoué dans les années 1970, 1980 (entraînant un formidable plan de rigueur en France), et que la croissance française se traîne malgré un déficit budgétaire constant depuis les années 1970. Il est même demandé que la Banque Centrale Européenne finance la dépense publique par la création monétaire, ce qu’elle fait déjà d’ailleurs, alors que la création monétaire est à l’origine de la crise (cf Les essentiels sur la crise ).

L’État est présenté comme pouvant ramener la croissance pour tous. Or, en France, l’emprise de l’État n’a cessé de grandir, sans résultat : réduction du temps de travail, réduction de la population active (par les pré-retraites), réglementation sur l’installation des magasins, subventionnement de l’électricité produite par panneaux solaires ou éolienne, crédits d’impôts en tous genre pour les entreprise et les particuliers, divers avantages au secteur dit culturel, etc.

Les résultats ne sont pas présents, mais la mise en œuvre de cette politique continue, et ses promoteurs ne demandent qu’à l’amplifier. Les problèmes du pays sont mis sur le compte d’ennemis, comme les marchés financiers, alors qu’ils sont si cléments envers la France, offrant des taux d’emprunt très bas, surtout compte tenu de l’inflation, pour un pays surendetté. Les riches, accusés de vouloir fuir le pays et leur devoir de solidarité, alors que la France est un des pays les plus égalitariste au monde. L’ultra-libéralisme, alors que ce terme n’a aucune signification. Mais il faut un ennemi pour justifier les problèmes, et éviter de se remettre en cause.

Pourtant, notre époque offre d’immenses perspectives. Ainsi, jamais la planète ne s’était autant développée. Les Chinois, les Brésiliens, les Russes, les Indiens font partie des pays émergents. La pauvreté a reculé de manière phénoménale. Alors que le monde était constitué d’une petite partie, 20 %, qui était développée, et de 80 % sous développée, la proportion évolue favorablement, offrant par ailleurs espoir aux pays qui restent dans le sous-développement.

Tous ces pays qui se développent sont de formidables opportunités pour nos entreprises. Et donc pour l’emploi. Une entreprise, qui végète sur son marché national, a déjà l’Europe comme terrain de développement, et elle a maintenant le monde entier, ce mouvement étant soutenu par l’OMC et les accords sur les échanges internationaux.

D’autre part, la technologie offre elle aussi des perspectives formidables aujourd’hui. Les technologie de l’information et de la communication ont atteint un point de basculement, qui irrigue toute l’économie. Il est possible aujourd’hui de dicter un message à un petit smartphone, qui l’enverra sous forme écrite. Des applications qui nécessitaient des ordinateurs de la taille d’une armoire tiennent aujourd’hui dans la poche.

Nous sommes entrés dans un nouveau monde, plein de promesses et de perspectives. La technologie permet de diminuer les coûts dans de nombreux domaines, offre des perspectives de nouveaux produits et services. Même dans les produits traditionnels. Grâce à la combinaison de la mondialisation, de la logistique, et de l’internet, la moindre entreprise française peut vendre son produit au bout du monde.

La politique pour profiter de ces perspectives est connue. Elle est symbolisée par le modèle de la Silicon Valley. Un salarié, expérimenté, après 15-20 ans de boîte, crée son entreprise, avec les économies qu’il a accumulé. Il peut être aidé par des business angels, généralement d’ancien chefs d’entreprises qui ont revendu leur affaire, et qui investissent leur argent dans des domaines qu’ils connaissent, ou qui veulent simplement consacrer une partie de leur argent pour donner aux autres la même chance qu’ils ont eu. Parfois, ce sont carrément de jeunes chercheurs qui créent une entreprise, avec l’aide des business-angels. Ensuite, l’entreprise se développe, faisant différents appels de fonds, qui intéressent différentes catégories d’investisseurs, jusqu’à l’IPO, l’initial public offering, c’est-à-dire l’entrée sur un marché boursier. D’abord le Nasdaq, généralement.

L’État peut favoriser ce mouvement, par une politique fiscale adaptée, et en ne mettant pas d’entrave à la création de nouvelles activités. Il peut aider les entreprises à se développer, en créant, par exemple, dans les universités, des organisme ad hoc, qui proposerait des conseils aux entreprises à potentiel, en matière de financement, de nouveaux marchés. Mais des services en partie payant, pour impliquer les entreprises.

Ce processus de création et de développement d’entreprises, qui favorise l’emploi, porte un nom : le capitalisme.

Le discours dominant en France est donc un discours de renoncement à l’idéal républicain. C’est un discours qui ne voit aucune perspective pour la population, même en appliquant sa politique. Alors ce discours propose une logique de rationnement, pour répartir les places. Cela alors même qu’une autre politique est possible que celle menée sans succès en France depuis les années 1970. Mais cette autre politique est rejetée, par pure idéologie, car c’est le capitalisme. A la place, la même politique est menée depuis les années 1970, sans même aucun espoir. Une impasse.
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  • Premier point:
    L’idéal républicain serait ne d’avoir qu’un seul système scolaire offrant une chance égale à tous les élèves. C’est à dire de faire disparaitre les grandes écoles (ENA, HEC, Polytech…) et de n’avoir que des universités.
    Les moyens mis à disposition des élèves doivent être les mêmes: horaires d’ouvertures des bibliothèques, financement, qualité de l’enseignement, accès à internet, salles de cours et de révision… Hors cela est réservé aux « grands établissements » comme Louis LeGrand, Henry 4 …
    La république donne l’égalité des chances, après à chacun de faire avec ce qu’il veut !!!

    Deuxième point:
    « Les riches, accusés de vouloir fuir le pays et leur devoir de solidarité »
    Le devoir de solidarité n’est pas du tout dans l’esprit de la république. La « solidarité » n’apparaît pas dans la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyens de 1789 (texte fondateur de notre république).
    C’est une invention purement de gauche afin d’obliger moralement certains à accepter d’être ponctionner plus que ce que la République permet (Article XIII : Pour l’entretien de la force publique, et pour les dépenses d’administration, une contribution commune est indispensable. Elle doit être également répartie entre tous les Citoyens, en raison de leurs facultés).
    C’est un peu le Fair-play à l’anglaise.

    Troisième et dernier point:
    L’idéal Républicain reconnait le Droit de Propriété, les Droits Naturels et la distinction sociale.
    Toutes choses qui ne peuvent exister dans l’idéologie gauchiste:
    – Il ne peut y avoir d’égalitarisme s’il y a propriété. Certains possédant plus que d’autres.
    – Il ne peut y avoir égalitarisme s’il y a des droits naturels. Le premier de ces droits étant le libre arbitre; les gens « égaux » ne peuvent pas choisir. Donc les « élites » seules peuvent décider.
    – Il ne peut y avoir d’égalitarisme s’il y a distinction sociale. Pour être tous égaux, il faut être tous pareils, dans le même moule, la même classe sociale…

    La conclusion:
    La France a perdu depuis longtemps l’idéal Républicain : Donner la même chance à tous. Mais elle est a pris l’Egalitarisme pour nouvel idéal : Tous les gens sont égaux.
    Hors Egalité des chances et Egalité des gens ne sont pas la même chose.

    L’Egalité est un idéal Républicain, L’Egalitarisme est une idéologie dictatoriale !!!

    L’un propose aux homme une base commune pour s’élever par eux-même, l’autre réduit tout les hommes à l’état d’esclaves de la société…

    • Commentaire intéressant mais difficilement audible à propos des universités. L’Etat n’a pas à s’occuper des universités ou des écoles, grandes ou petites, sauf pour quelques aides limitées aux infrastructures. La recherche et la formation supérieure doivent être financées par les entreprises et les étudiants qui en profitent, non par l’Etat. Aux institutions universitaires et aux élèves d’aller chercher leurs financements.

      • « La recherche et la formation supérieure doivent être financées par les entreprises »ok,c’est le bon sens aux usa,mais c’est pas dans la mentalité des patrons français.a part des courses de voile ou des championats de polo,est ce que tu as vu beaucoup d’entreprises françaises investir dans les quartiers difficiles?gdf investit dans l’athletisme et le tennis,on a rarement vu plus stupide.bnp investit dans roland garros,ils ont encore les moyens?

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