L’État, principal ennemi de vos retraites

L’État est en guerre contre l’épargne. On nous répète depuis au moins une décennie que pour sauver l’économie, il faut sortir la carte de crédit et dépenser car la reprise ne peut arriver sans le consommateur. On sabre dans les taux d’intérêts dans le même but: encourager l’emprunt des ménages et décourager l’épargne. Et tant pis pour votre retraite.

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L’État, principal ennemi de vos retraites

Publié le 23 mars 2012
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L’État est en guerre contre l’épargne. On nous répète depuis au moins une décennie que pour sauver l’économie, il faut sortir la carte de crédit et dépenser car la reprise ne peut arriver sans le consommateur. On sabre dans les taux d’intérêts dans le même but : encourager l’emprunt des ménages et décourager l’épargne. Et tant pis pour votre retraite.

Par Pierre-Yves Saint-Onge, depuis Montréal, Québec.

La planification financière de la retraite compte sur un taux de rendement minimum pour atteindre ses objectifs, que ce soit à travers des placements personnels ou un fonds de pensions. Les actuaires font leur prévisions avec un taux de rendement estimé qui leur permet de calculer si un régime possédera les fonds suffisants pour verser les prestations à ses membres le temps voulu.

Depuis plusieurs années, on note que bien des régimes de pension sont en déficit actuariel, déficit qui devra être comblé soit par des contributions de l’employeur ou bien par des contributions additionnelles des employés. On nous rappelle régulièrement que le vieillissement de la population est la cause de ce problème. À mesure que la population vieillit et que nous avons moins de travailleurs actifs pour payer les pensions des retraités, il devient de plus en plus lourd pour ceux-ci de payer assez de contributions pour assurer les paiements. Ce problème est très réel, et une conséquence directe du mode de gestion des régimes à bénéfice défini.

Mais ce n’est pas toute l’histoire, et le reste de l’histoire, les autorités n’ont pas intérêt à nous en parler : l’État est en guerre contre l’épargne. On nous répète depuis au moins une décennie que pour sauver l’économie, il faut sortir la carte de crédit et dépenser car la reprise ne peut arriver sans le consommateur. On sabre dans les taux d’intérêts dans le même but : encourager l’emprunt des ménages et décourager l’épargne.

Mais cela a des répercussions sur les plans de pension. Des fonds qui sont gérés sur une très longue période pour de tels buts ont une grande partie de leurs actifs sous forme d’obligations. Quand les gouvernements manipulent le prix du crédit et amènent les taux d’intérêts à des niveaux artificiellement bas comme présentement, les fonds de pension ont deux choix : continuer à investir les fonds des employés de façon traditionnelle et voir les rendements chuter – ce qui amène sans faute des déficits accumulés car les rendements ne suffisent pas ; ou bien chasser les rendements élevés en investissant dans des placements à plus haut risque. Les placements à risque semblent une bonne idée… jusqu’à ce que ça pète, comme en 2007/2008, et nous avons vu les résultats avec la Caisse de Dépôt, par exemple.

De plus, l’interférence gouvernementale ne se limite pas à manipuler les taux d’intérêts. Les règle du jeu sont aussi changées en cours de route. Traditionnellement (et par traditionnellement, je parle des lois sur la propriété qui sont multi-centenaires), les règles sont établies en cas de défaut de paiement pour les personnes et les entreprises. Un système de hiérarchie permet de repérer assez facilement qui sera payé en premier lors d’un faillite corporative, et cela permet aux investisseurs d’évaluer le risque d’un placement, et donc son prix. Quand le gouvernement intervient dans ce processus établi, il brouille les signaux qui permettent d’évaluer les placements, car l’investisseur ne sait plus à quoi s’attendre. Un très bon exemple est la faillite de General Motors. Lorsque la situation est devenue critique pour cette entreprise, le marché a pu donner une valeur aux obligations de GM, car les investisseurs obligataires connaissaient leur rang dans la liste de qui serait remboursé en premier, ainsi que la valeur probable des actifs de la société. Le marché pouvait donc tenter d’établir un prix pour les obligations qui reflétait le risque de ne pas être payé entièrement. Le gouvernement, ayant pris le contrôle de GM par une loi spéciale, a déterminé unilatéralement combien ces détenteurs d’obligations (les véritables propriétaires de la société en cas de faillite) obtiendraient, et ont unilatéralement accordé des parts de la société à eux-mêmes (gouvernements américain et canadien) ainsi qu’aux syndicats des travailleurs de la compagnie. Si ce n’était de la loi spéciale, ceci aurait été qualifié de vol pur et simple. Les investisseurs… qui sont en grande partie des retraités, des fonds de pensions ou des compagnies d’assurances ont perdu beaucoup dans cette affaire, et, s’ils sont sages, verront avec scepticisme toute garantie derrière une obligation, corporative ou gouvernementale. Donc, en fait, cette mesure nuit aux fonds de pension… mais aussi à la reprise car elle nuit à la crédibilité d’un contrat légal.

Le gouvernement américain fait actuellement la même chose avec les hypothèques, dans le but d’aider les familles qui ont spéculé sur l’achat de leur maison et se retrouvent maintenant en mauvaise posture en forçant la réouverture des contrats sous de nouveaux termes. La famille qui voit ses paiements ou son capital dû réduit est bien sûr heureuse de voir ses obligations réduites, mais ces changements ne viennent pas de l’éther – le propriétaire de l’obligation de l’autre côté de la transaction doit en payer la note. Et encore une fois, bien souvent, celle-ci a été revendue soit en MBS ou directement à un fond de pension ou une compagnie d’assurance…

Donc, ne vous étonnez pas si votre pension est en difficulté. Elle est belle et bien attaquée de toute part, et non seulement par la démographie, mais par l’État qui déteste l’épargne.


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