L’examen de Paul Samuelson

Paul Samuelson n’avait pas terminé ses études universitaires qu’il était déjà l’enfant prodige de l’économie américaine

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L’examen de Paul Samuelson

Publié le 10 mars 2012
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Il semble que l’examen de Samuelson fut extraordinairement brillant. Et le jeune économiste impressionna tellement les professeurs du département que, une fois conclu le débat avec le candidat, Schumpeter commença la délibération du jury avec la questions suivante à ses collègues : Avons- nous réussi ?

Par Francisco Cabrillo, de Madrid, Espagne

Bien qu’il doive la plus grande partie de sa popularité à son fameux manuel d’introduction à l’économie, le prestige professionnel de Paul Samuelson se base sur les nombreuses contributions qu’il a apportées dans des domaines très divers de la théorie économique, qui permettent d’affirmer sans aucun doute que très peu d’économistes ont contribué à la formation et à la modernisation de leur science à un tel degré.

Si nous considérons la définition connue de l’analyse économique, selon laquelle celle-ci consiste en l’étude des aspects scientifiques de la pensée économique, il est évident que Samuelson représente parfaitement cette façon d’aborder les problèmes de notre discipline. Sûrement, le professeur américain a été moins heureux dans son interprétation des problèmes de l’économie politique, ce terme étant compris comme une vision plus large du phénomène économique, qui inclurait l’étude des idées et des politiques qui s’appliquent à la résolution de problèmes concrets, de même que comme le cadre social où se développe l’activité productive. Dans cette optique, il convient de rappeler, par exemple, ses peu prophétiques observations sur l’économie soviétique et son adhésion à la thèse de la convergence des systèmes économiques, selon laquelle le monde se dirigeait vers des modèles mixtes entre la planification soviétique et le libre marché américain.

Paul Samuelson est né à Gary (Indiana) en 1915. Il n’avait pas terminé ses études universitaires qu’il était déjà l’enfant prodige de l’économie américaine. Il obtint sa licence à l’université de Chicago où, avant même son premier diplôme, il assistait déjà comme élève au fameux cours de doctorat sur la théorie des prix que donnait Jacob Viner dans cette université et qui provoquait pleurs et grincements de dents chez un nombre non négligeable des étudiants inscrits.

Au moment de choisir un centre pour passer son doctorat, Samuelson choisit Harvard, université où il déménagea avec une bourse en 1935. À 21 ans, il publia son premier article dans une revue universitaire. Et seulement deux ans plus tard, il commença à publier, avec une surprenante régularité 4 ou 5 articles en moyenne, rythme que, aussi surprenant que cela puisse paraître, il conservera pendant près d’un demi siècle. En 1940, il était déjà professeur assistant à l’Institut de technologie du Massachusetts. Et l’année suivante, il présenta sa thèse de doctorat, qui constituera la base de de ce qui a peut-être été son livre le plus important d’un point de vue de la recherche, ses Fondements de l’analyse économique. Cet ouvrage signifia un pari décidé pour la formalisation mathématique de l’économie ; et eut une telle influence dans le monde académique qu’il convient de parler, dans ce domaine, de l’époque antérieure et l’époque postérieure aux Fondements.

Mais avant de publier sa thèse, il dût passer par les durs examens de doctorat, habituels dans les universités américaines les plus prestigieuses. Dans le jury que forma le département d’économie de Harvard se trouvait Joseph Schumpeter, le grand économiste autrichien, qui occupait une chaire dans cette université en 1932. Il semble que la soutenance de Samuelson fut extraordinairement brillante. Et le jeune économiste impressionna tellement les professeurs du département que, une fois conclu le débat avec le candidat, Schumpeter commença la délibération du jury avec la questions suivante à ses collègues : Avons-nous réussi ?

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Article paru dans Libertad digital. Traduit de l’espagnol.

Voir un article plus critique sur Paul Samuelson sur Wikibéral

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