Pour des monnaies complémentaires

Dans son dernier ouvrage intitulé « Repenser l’économie », Philippe Herlin ne se contente pas de nous donner les clefs pour comprendre l’économie

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Pour des monnaies complémentaires

Publié le 4 mars 2012
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Philippe Herlin ne se contente pas seulement de nous donner les clefs pour comprendre l’économie. Il demande une grande réforme dans son dernier ouvrage intitulé Repenser l’économie (Eyrolles, 2012). Il a tout à fait raison.

Par Bogdan Calinescu, publié en collaboration avec l’aleps

Il faut le dire d’emblée. C’est un livre de théorie économique. Mais écrit avec clarté, pédagogie et – surtout – passion. L’auteur, chercheur en finances et chargé de cours au CNAM, est un admirateur de Mandelbrot, celui qui a découvert les fractales et qui est, malheureusement, trop peu connu en France. Ses travaux sur les marchés financiers ont même été boudés par les économistes universitaires réticents à l’idée d’« incertitude » en économie. Philippe Herlin rend justice à Mandelbrot et à sa théorie qui explique mieux que d’autres ce qui se passe depuis 2008.

« Notre économie est fractale », écrit l’auteur. Les variations de cours des actifs financiers répondent à des lois de puissance. Il faut en comprendre les conséquences sur l’activité économique aussi. Les fractales remettent en cause le concept d’efficience des marchés. Trop souvent on oublie de prendre en compte les anticipations qui sont multiples et peuvent changer régulièrement. Le marché est aléatoire, on ne peut pas vraiment prévoir.

Que faire ? Philippe Herlin n’hésite pas à proposer des solutions. Il faut se débarrasser de la vision gaussienne de l’économie et prendre conscience des lois de puissance. « Si je suis élu Président de la République, je m’engage à développer les monnaies complémentaires en France », c’est l’appel lancé par Philippe Herlin aux candidats à l’élection présidentielle à travers cet ouvrage.

On sait très bien que la crise n’est pas finie. On sait moins comment en sortir. L’auteur ne se contente donc pas de rappeler les principales causes de l’effondrement du système, il donne aussi des pistes pour le remplacer. Il vaut mieux penser déjà à l’après euro, cette monnaie politique et étatique, à « cours forcé », et favoriser la concurrence monétaire grâce aux monnaies complémentaires. Elles pourraient faciliter des transactions et créeraient de la richesse économique.

La plus ancienne monnaie complémentaire en service date de 1934, il s’agit du wir en Suisse. Elle a été lancée au moment où les banques diminuaient les crédits à cause de la crise économique de l’entre deux-guerres. Seize entrepreneurs se sont réunis pour voir comment ils pouvaient sauver leurs sociétés. Ils ont compris que ce qui leur manquait c’était l’argent pour payer les fournisseurs. Aux États-Unis, en 1933-1934, quatorze villes adoptent des monnaies locales et connaissent un redressement spectaculaire jusqu’à ce que le New Deal interdise cette expérience.

Mandelbrot, Pareto, cygne noir, monnaie complémentaire : les nouveaux concepts pour sortir de la crise. Voici un essai rafraîchissant face à un discours économique ambiant complètement déphasé.

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  • Ph Herlin continue de tromper ses lecteurs sur les réalités de la Finance Quantitative. Pour qui désire apprendre la véritable Histoire, les théories, modèles et techniques de cette discipline, il faudra se plonger dans des ouvrages plus sérieux, si vous vous en sentez capables – car ils sont aussi d’un tout autre niveau (et donc certainement pas à la portée de tous!)! Sinon vous pourrez toujours vous reporter sur des ouvrages de vulgarisation ou l’auteur essaie de faire passer les spécialistes pour myopes, amnésiques et autistes et que lui et ses lecteurs sont beaucoup plus intelligents qu’eux.

    Edit: une phrase enlevée par la modération

    • Pouvez-vous développer et préciser ? En effet, sans connaître l’auteur, quelqu’un qui parle de concurrence monétaire mérite quelque attention.

    • Je serais curieux de savoir à quel titre vous proférez ce genre de commentaire (économiste néo-keynésien honteux ?).

  • Je suis peut-être naïf mais je ne vois pas bien en quoi disperser ses biens (quels qu’ils soient, quelle que soit leur nature) dans des monnaies différentes représente-t-il un avantage ? N’est-ce pas gaspillage et risquer de se retrouver avec de la monnaie qui ne s’écoule pas lorsque l’on a besoin de la convertir en biens/services (idem aussi) ?

    • @ flomyen

      Ça ne regarde que celui qui possède la monnaie dont vous parlez. On devrait être libre d’utiliser la monnaie de son choix, personne, et surtout pas l’État ne devrait nous forcer à utiliser telle ou telle monnaie.
      D’autre part, lorsque l’on laisse les gens libre dans le choix de leur monnaie, on s’aperçoit qu’une ou deux monnaies finissent par devenir laregement majoritaire, pour des raisons de praticité notamment. Dans le passé, ce fut l’or et l’argent principalement.

      Enfin, les systèmes de banque libre ont tendance à être plus efficaces que les systèmes monopilistiques à banque centrale et réserves fractionnaires. Comme à chaque fois quand on compare un marché libre et un marché monopolistique.

      Nous avons compris que la production de biens et de services étaient mieux assurée dans un marché libre et concurrentiel que dans un marché centralisé et monopolistique aux mains de l’Étatique. On l’a compris avec la production de clous, de chaussures ou de voitures en ex-URSS. Mais on a encore du mal à l’accepter pour la monnaie…

      • Je ne comprends toujours pas, quel intérêt de créer des monnaies parallèles alors que vous-même soulevez le point que finalement on converge vers une ou deux monnaies pour des questions pratiques.

        C’est d’ailleurs bien aussi pour cette raison que les monnaies en France ont été harmonisées, afin d’arrêter de s’arracher les cheveux entre régions. Tout comme pour les autres unités de mesure.

        Aussi toute cette mode de fabrication de nouvelles monnaies n’est-elle finalement qu’un gaspillage de temps et d’argent. D’ailleurs il revient sûrement moins cher de créer un seul type de monnaie dans un pays que tout un tas, question d’échelle.

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