Une presse subventionnée encore plus veule

Pour compenser un business-model dépassé, la presse veut taxer les FAI et continuer à se vautrer dans la facilité.

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Une presse subventionnée encore plus veule

Publié le 24 février 2012
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Le libéralisme frappe encore ! Les patrons de la presse française massivement subventionnée, sentant le souffle chaud de la faillite sur leur nuque, proposent d’ajouter une taxe sur les prestations des FAI afin de rééquilibrer leurs comptes. Décidément, le capitalisme fait des ravages !

Résumé des épisodes précédents.

Après avoir constaté que la presse française est massivement subventionnée, après avoir noté que même avec ces subventions, le rapport poids/prix lui était défavorable, après avoir noté que ses lecteurs s’en détournent de plus en plus, la presse a décidé de signer officiellement son arrêt de mort cérébrale en tenant un Pascal Nègre Ultra aux fournisseurs d’accès internet, une prise pourtant peu subtile et qui n’a jamais abouti qu’à la fin tragique de l’opérateur…

Je l’écrivais il y a peu : cette presse française aux abois, d’une médiocrité si bruyante et si visible qu’elle n’attire plus guère que la moquerie, n’a jamais réussi à comprendre que son business model n’était pas et n’a jamais été basé sur la remise en forme de dépêches AFP dans un cadre numérique sympathique à regarder. Ce qui pouvait encore fonctionner il y a vingt ans alors que la plupart des gens n’avaient pas d’autres sources d’information ne peut plus continuer alors que tout le monde peut se faire une idée, quasi instantanément de ce qui se passe à l’autre bout du monde sans passer par tous les intermédiaires qui furent jadis indispensables.

Et en refusant de s’adapter, cette presse s’est littéralement suicidée.

Dans un pays sclérosé comme la France, la mort de tout un secteur économique prend du temps. Pour une agonie vraiment lente mais vraiment terminale, elle nécessite l’intervention d’un maximum de personnages de l’État. Et cette intervention passe par le lobbyisme et le corporatisme, avatars institutionnalisés d’un capitalisme de connivence parfaitement assumé par des journaliste de gauche mais pas suffisamment fous pour croire à leurs opinions politiques : le marxisme, le socialisme, l’anticapitalisme plus ou moins revendiqué, c’est très bien pour le contenu des papiers mais dès qu’il s’agit de bouffer, on oublie. Le moindre petit tintement de la grosse louche à subvention sur les grandes marmites cuivrées remplies de fonds publics attirent immanquablement tous les ténors de la presse, jamais en retard à la gamelle.

Et lorsque cette corporation lutte pour un pouvoir d’achat, sachez que c’est le sien et certainement pas le vôtre : aider la veuve, l’orphelin, le précaire et le smicard, c’est très bien sur le papier. En pratique, s’il faut proposer d’augmenter les tarifs des FAI en faisant payer leurs clients plus cher, qu’à cela ne tienne : « proposons rapidement une bonne taxe qui claque et récupérons ainsi l’argent des autres dans nos popoches pour continuer à produire la même soupe insipide qui a fait notre renommée ! »

L’idée est donc lancée et on peut déjà observer les barils d’argumentaires bien dodus se déverser dans une presse évidemment tout acquise au principe. En pratique, on retrouve, packagé avec un autre papier-cadeau, les mêmes arguments moisis que ceux qui furent utilisés par l’industrie de la Musique Qui Braille et des Films Qui Bavent pour justifier la création d’une taxe sur les supports numériques.

Je ne résiste pas à l’envie de vous infliger l’histrion-totem de ces insondables abrutis.

Pascal Nègre a des goûts très sûrs.

Dans la presse, on devra se contenter des poils en bataille et des odeurs de tabac froid des vieux briscards de rédaction. C’est moins glamour et paillettes, mais ça reste la même cuisine : on veut de l’argent pour maintenir notre statut. Et puisque la presse fait partie des motifs importants de consultation d’Internet sur tous les supports possibles et imaginables, cela signifie que sa production doit pouvoir être facturée au lecteur.

Pourquoi « doit » ? Mais c’est très simple, pardi ! Comme les autres lecteurs ne les lisent plus, ils ne s’abonnent plus. Et comme les subventions n’arrivent pas à couvrir, malgré leurs jérémiades, tous leurs coûts de fonctionnement, il leur faut donc — pour parler comme un manager dans le coup — trouver des relais de croissance, c’est-à-dire d’autres sources de pognon frais pour leur business.

Comme le dit l’un des véhéments instigateurs de cette nouvelle taxe :

« Nous représentons un secteur qui contribue fortement à l’émergence de l’économie numérique, et nous sommes peut-être celui qui en bénéficie le moins. Il existe des mécanismes de redistribution pour le cinéma et la musique, mais rien pour la presse. Or, nous sommes un secteur qui relève de l’intérêt général de la démocratie ! »

Presse : l'argent d'internet m'intéresseEt pan dans les dents ! Le petit Pascal Nègre, lui, ne pouvait même pas faire valoir la carte bonus « Démocratie » et « Intérêt Général » dans son argumentaire (ce qui l’a peut-être conduit à s’habiller comme un proxénète lillois, mais c’est un autre sujet). Sans rire donc, nos frémissants entaxeurs estiment que leur métier doit bénéficier des mêmes mécanismes iniques que le Cinéma ou la Musique ! « Puisqu’eux y ont droit, nous aussi », en somme.

Sauf que… Sauf que dans plein de pays, la presse ne bénéficie pas de subventions (en tout cas pas à hauteur des montants scandaleux que l’État français distribue) et produit pourtant des articles papier et en ligne de bien meilleure qualité. Ou, dans d’autres cas, elle reste rentable sans réclamer de taxes et attire malgré tout des millions de lecteurs (chose qui ne s’est plus vue en France depuis au moins vingt ans).

Ce qui veut donc dire que la presse non ou peu subventionnée, c’est possible, qu’avoir un lectorat papier et online, c’est possible, que ne pas piquer dans la poches des autres, c’est possible même si c’est contraire aux habitudes des socialistes en place.

Mais au-delà même de la constatation qu’ailleurs, les journalistes et la presse s’en sortent mieux qu’en France, disons-le clairement : continuez, messieurs, à vous comporter de la sorte et votre sort en sera scellé.

Vous estimez que vous apportez un vrai contenu sur le web et que ce simple fait vous octroie le droit d’aller piocher de l’argent dans nos poches ? Lorsque vous constaterez qu’on se passe toujours plus de vos resucées de l’AFP, de vos analyses cryptomarxistes, de vos chroniques collectivistes pathétiques, de vos reportages bidonnés et de vos scoops truqués, que ferez-vous ?

Les internautes et les Français en général sont en train de se passer de vos minables services d’écrivaillons poussifs parce qu’ils voient le décalage croissant entre une intelligentsia confite de ses certitudes et un peuple épris de bon sens. Vos lecteurs fuient non pour aller sur Internet, mais tout simplement parce que vous produisez un porridge gluant de bien-pensance, de lieux communs, de sophismes éculés et de polémiques minables.

Quand tout un peuple s’enfonce dans la dette et le collectivisme, qu’aucun des candidats à une présidentielle ne sait faire le moindre budget à l’équilibre et ne propose qu’un champ de taxes ruineuses et d’impôts florissants, vous n’avez ainsi à cœur que de dénoncer bruyamment les banalités d’un Vanneste désigné cible du jour. Où étiez-vous, pénibles imposteurs, lorsqu’il s’agissait de raconter les dérives sexuelles condamnables de votre poulain présidentiel et dont le Tout Paris était au courant ? Qui, chez vous, diligente les enquêtes sur Karachi, sur les empilements effarants de détournements de fonds et d’affaires mafieuses dans le Nord et les Bouches-du-Rhône ?

Ah, ça, pour nous rapporter que Mamie Jolie « emmerde » Corinne Lepage, vous êtes sur le pont ! Pour réclamer de la taxe bien fraîche pour faire perdurer la Rédac à Papa sans y changer quoi que ce soit, là, vous criez présent !

Mais pour rapporter l’ignoble tentative d’étouffement par les parlementaires du rapport Perruchot, on n’a guère entendue de bronca de votre côté. Il aura fallu la force d’une mobilisation et les questions répétées de certains députés pour faire sortir le rapport au grand jour.

Et pour nous parler du Mécanisme Européen de Stabilité, lamentablement voté dans l’indifférence de vos salles de rédactions, qui fut là ? Qui expliqua ce qu’il allait en coûter au contribuable et au citoyen européen ? Encore une fois, bernique !

Votre taxe n’est plus qu’un cache misère pour une profession tombée rapidement dans l’ornière de la facilité. Son seul avantage, au final, est de permettre l’observation d’un phénomène d’une extraordinaire rareté : un consensus anti-taxe dans les commentaires d’un article du Monde !

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  • Excellent article!
    Indignons-nous bordel!

  • et PAN !! ils l’ont bien cherché !!

  • Excellent article (à la fois sur le fond et la forme).
    Bravo !

  • Pourquoi parlez-vous au début de votre article de libéralisme ? Il me semble que vous démontrez justement dans cet article qu’en ce moment ce sont bien les grandes entreprises et le capitalisme qui sont justement des freins au libéralisme, et que les gouvernements ne font que se soumettre à ces intérêts particuliers mal maîtrisés par ceux qui en sont en charge.

    • La reference au liberalisme et au capitalisme en debut de l’article etait du second degre. L’auteur etait ironique et voulait faire comprendre a son lecteur qu’il s’agit en fait de l’inverse du marche libre.

      Beaucoup d’auteurs liberaux utilisent le second degre mais j’ai bien peur que certains lecteurs (surtout ceux qui ne sont pas encore liberaux) le lisent au premier degre… et pensent donc que le liberalisme, c’est l’art de creer des taxes et des subventions.

      Par souci de clarite, dans mes articles, je n’emploie jamais le second degre.

      • En l’occurrence si le capitalisme et le libéralisme n’étaient pas régulièrement confondus ça ne m’aurait posé aucun problème.

        D’ailleurs je ne comprends pas pourquoi les marxistes sont particulièrement attaqués: eux qui appellent justement à une collectivisation administrative et à un fonctionnement économique à base de subventions, je trouve qu’il y a une certaine cohérence. Quand Le Figaro titre « A bas l’assistanat » d’un côté, et touche des millions de subventions de l’autre, je trouve que c’est gonflé. Ainsi je ne suis pas d’accord sur l’idée que Le Figaro soit un nid de communistes, ce que je dis c’est que communisme et capitalisme sont deux logiques de confiscation de la richesse et, par définition, contre le libéralisme.

      • « [et] pensent donc que le liberalisme, c’est l’art de creer des taxes et des subventions. »

        Si vous me permettez: ils pensent que le libéralisme c’est l’art de déréguler et de faire entrer le renard dans le poulailler. Pourtant et de fait, ils se retrouvent avec des taxes et des règlements (ou des lois), et encore des taxes et des règlements (ou encore des lois).

        Tout le contraire du libéralisme, convenez-en 😉

  • A quel point des journalistes qui ne bouffent que de subventions et de niches fiscales peuvent-ils être indépendants du pouvoir ?

    Et à quel point, au contraire, peut-on simplement penser qu’il lui mangent dans la main ?

    • ben voila t’as tout compris,t’as mis le temps.les présentateurs des grands journaux télévisés sont les mieux payés.pourquoi?parce que comme cela ils sont « responsables » et « raisonables »

  • Merci à h16 pour cet article qui nous fait du bien !

    A ropib : Je vous conseille de relire l’article parce que visiblement vous n’avez pas bien saisi son contenu …

    Je partage l’indignation de h16 qui est utile parce qu’elle permet de réfléchir et de résister sur le plan intellectuel. Mais, pour aller au-delà des mots, je pose la question suivante :
    Si les tarifs des FAI sont augmentés pour financer le train de vie de certains journalistes parasites qui vivent sur le dos du contribuable, serait-il possible aux abonnés des FAI de refuser de payer la partie de leur abonnement qui correspondrait à ce financement ?
    J’ai lu quelque part que certains clients EDF refusent de payer la partie de leur facture (1% ou 2% ?) qui correspond aux sommes destinées à financer le Comité d’entreprise de EDF.

  • Il faut désovietiser la France. La faillite nous y aidera.

  • Ah ah ! on est passé du « maquereau albanais » au proxénète lillois ? C’est le syndrome Bayrou: « produire français » ? ;o))

  • Excellent article, diagnostic de la presse francaise trés juste et c’est vrai que le resultat est carrément minable. Personne dans l’histoire de l’humanité n’a eu autand accés aux ressources d’information grace á internet. Et on a pas besoin de faire l’école de journalisme pour se rendre compte que la couverture des nouvelles est plutôt convenue, mal étayée et peu créative. Peu de sujets interessants font surface (et pourtant ils ne manquent pas). Tout cela pour se rendre á l’évidence, nos journalistes sont formatés mais peu formés, ils ont la réthorique facile mais peu de culture et ils ont un gros poil dans la main mais des employeurs qui les payent néanmoins.

    • Il y a deux options : soit les journaleux sont formatés/peu formés, soit ils font un exercice imposé par leurs employeurs sous peine d’aller voir ailleurs.
      Dans les deux cas de figure, le résultat -minable- est le même…

      • Je dirais la proposition un et c’est une partie du problème puisqu’avec la deux ça finirait par sortir de l’intérieur. (Personne n’aime ce faire dicter ses textes)

        Tout ces gens sont absolument et sincèrement convaincus même des pires absurdités.

        Après que le processus de sélection « nettoie » la profession des voix discordantes c’est indéniable mais la encore ça ce passe plutôt avec péridurale qu’avec le peloton. (Tout groupe tend à s’uniformiser)

        En résumance tout baigne dans le bonheur et la plus parfaite liberté de pensée cosmique vers un nouvel age réminiscent.
        http://www.dailymotion.com/video/x8p9t6_les-inconnus-les-sectes-skippy-le-g_fun

        • Certes, mais l’option N° 2 est à considérer (bien qu’au final, cela ne change pas grand-chose) ; j’ai ainsi pour coutume de dire aux gens que je rencontre et qui doutent de ma probité :

          « Vous avez raison de douter et, de fait, je suis corruptible, comme tout le monde ; le seul frein à mon degré de corruption, pour ceux qui voudraient m’acheter mon silence, c’est le prix que je fixe à mon cul »…

      • « Il y a deux options : soit les journaleux sont formatés/peu formés, soit ils font un exercice imposé par leurs employeurs sous peine d’aller voir ailleurs. »

        Les deux, mon général! Surtout sur le deuxième point d’ailleurs, attendu que leurs employeurs sont eux-mêmes soumis au diktat d’un capitalisme de connivence de bon aloi.

      • ben qui est propriétaire des journaux ou des médias?dassault lagardère,bouygues…quand on laisse certains groupes d’influence acheter les médias faut pas gémir!tous ces gens sont de grands marxistes affichés

  • Excellent article. La conviction et l’honnêteté intellectuelle de h16 font effectivement un gros contraste avec les publications de l’Immonde, qui, drapé d’un prétention à l’objectivité, sert chaque jour sa bonne grosse bouillie socialiste. Leur article sur cette idée de taxe le prouve encore une fois. Au passage, Xavier Niel a quand même été sacrément magnanime de les reprendre.

    Mais au même titre que la condamnation de Google par Bottin Cartographes, c’est quand même très révélateur du problème français en général. À défaut de se remettre en question, ces gens là ne vont pas se contenter de barboter en silence dans leurs excréments. Ils vont aussi éclabousser tout le reste de la société si cette dernière refuse de raquer pour eux ; en attendant que l’État, en bon Grand Nourrisseur qu’il est, les hélitreuille dans un de ces grands moment de « solidarité nationale ». C’est ceux qui galèrent tous les mois qui vont être contents de payer pour l’hélicoptère. Et comme le fait remarquer Nick de Cusa, on mesure par là leur degré d’indépendance par rapport au cartel politique.

  • Tu as pas peur d’un procès en parlant de Pascal Nègre comme ça ? « ce qui l’a peut-être conduit à s’habiller comme un proxénète lillois, mais c’est un autre sujet »
    #lol
    Moi c’est ce que je ferai du con

  • Enfin quelqu’un qui ne me met pas en colère, en tout cas pas contre lui..
    Je ne peux plus lire un journal ou écouter des « infos » sans sentir cette colère qui monte et contre laquelle je ne peux rien. Quoique?

  • Les commentaires sont fermés.

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