Le GIEC est mort, vive la science – postface

Que la science s’unisse enfin à la politique, pour que le gouvernement des hommes quitte la sphère des idéologies, et gagne celle de la raison !

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Le GIEC est mort, vive la science – postface

Publié le 8 février 2012
- A +

Science et politique, un mariage malsain avec le réchauffement climatique. Illustration avec une petite fable.

Par Drieu Godefridi, de Bruxelles (Belgique). Texte paru initialement en postface de son livre « Le Giec est mort, vive la science ! » (Ed. Texquis, 2010).

POLITICUS & SAPIENTES

Claquemuré dans son laboratoire, l’éminent professeur Sapientes médite la bêtise des hommes… Comme il nourrit ces noires pensées, Sapientes entend qu’on frappe à la porte du laboratoire, qu’il ouvre ; s’engouffre aussitôt un petit personnage virevoltant, qui lui saisit les épaules et, plongeant son regard dans le sien :

I have a dream !

-Plaît-il ?

-J’ai fait un rêve ! Que la science s’unisse enfin à la politique, pour que le gouvernement des hommes quitte la sphère des idéologies, et gagne celle de la raison !

Sapientes a reconnu Politicus, un ministre qu’il a toujours méprisé, plus encore que les autres ; Politicus poursuit :

-Comme vous le savez, suite à un enchaînement de circonstances que nous ne maîtrisons pas encore complètement, mais qui paraît impliquer une collision entre un astéroïde et une fusée d’essai nucléaire lancée par les Russes, un morceau d’astéroïde a rejoint l’orbite de la Terre.

-Je sais cela.

-Mais ce qu’on ignore encore, poursuit Politicus, est que, selon les premiers calculs de nos experts, l’orbite de cette astéroïde n’est pas stable.

-Vous voulez dire que… ?

-Exactement : cette météorite risque de s’abattre sur la Terre, causant un choc équivalent à la moitié de nos armes nucléaires.

-Mon Dieu !

-Oui.

-Mais en quoi votre histoire me concerne-t-elle ?

-C’est évident : vous êtes le plus grand, le plus réputé, le plus couvert de médailles de nos astrophysiciens : nous devons travailler ensemble, main dans la main, à la solution de ce problème !

S’étant imperceptiblement redressé, Sapientes demande :

-Seuls ?

-Non, bien sûr ; le problème est mondial, la réponse devra l’être également. Nous sommes occupés, avec les autres gouvernements de la planète, d’instituer un groupe intergouvernemental d’experts sciento-politique pour l’étude de la Pierre, le GIESPOP, dont il vous est demandé de prendre la présidence.

En un instant, Sapientes entrevoit la possibilité de modeler enfin l’humanité à l’image de cette Raison qu’il n’a cessé, lui, de servir : il s’empresse d’accepter la proposition de Politicus.

Le GIESPOP commence sans attendre ses travaux, et Sapientes se dépense sans compter, rassemblant des scientifiques et experts du monde entier, pour constituer trois groupes de travail : le premier est chargé d’étudier le caractère instable de l’orbite de la Pierre et les causes du phénomène ; le second les effets de sa chute éventuelle ; le troisième, enfin, doit conseiller les gouvernements sur les mesures à adopter pour atténuer ces effets, et s’adapter aux conditions de vie drastiquement modifiées qui se développeront suite à la Chute.

L’aspect scientifique de son travail dans le Groupe I, le compagnonnage de ses collègues savants du monde entier, tout cela donne à Sapientes de réelles satisfactions; mais il ne peut se cacher que les moments qu’il goûte le mieux, sont ces conférences de presse qu’il multiplie désormais aux quatre coins de la planète, fièrement juché devant le sigle du GIESPOP et une image en trois dimensions d’un gigantesque astéroïde surplombant une petite Terre (on a expliqué à Sapientes les nécessités du marketing, qu’il a acceptées avec bonhomie, et non sans amusement).

Un mois après sa constitution, le GIESPOP publie son premier rapport scientifique, dont les conclusions sont ainsi résumées dans un document d’une demi-page à l’attention des décideurs : (1) l’orbite de la Pierre est instable ; la cause anthropique du phénomène est établie à 95% ; (2) si le morceau d’astéroïde vient à s’abattre sur la Terre, environ la moitié de l’humanité périra sans rémission et une nouvelle ère glaciaire débutera ; (3) il convient, dès lors, de cesser toute espèce d’activité pour rassembler un maximum de moyens de subsistance dans les plus profondes grottes, cavernes et souterrains que des équipes ont déjà commencé de creuser.

Déjà exténué par la charge inhumaine de travail qu’il assume chaque jour, Sapientes est abasourdi de voir se lever un vent de contestation porté par des individus qui se réclament pourtant du beau nom de la science; leurs arguments peuvent ainsi se résumer : (1) l’instabilité de l’orbite de la Pierre et la cause anthropique du phénomène ne sont pas établies ; (2) étant la fragilité de sa constitution, il est vraisemblable que l’astéroïde, s’il devait tout de même pénétrer l’atmosphère terrestre, se briserait en des morceaux qui se consummeraient avant de toucher le sol ; (3) les mesures qui sont prises sous l’égide du GIESPOP constituent, pour l’humanité, une menace plus grande que la Chute éventuelle de la Pierre.

C’en est trop pour un Sapientes qui ne peut tout à la fois, mener le combat de la survie de l’humanité, et composer de patients arguments pour répondre à des inepties qui menacent de rompre la belle solidarité née de la publication du premier rapport du GIESPOP. En étroite concertation avec les gouvernements de la planète, il est décidé de lancer une pétition solennelle, signée par des dizaines de milliers de scientifiques, d’experts et de politiques, titrée Pour l’Unité, et de faire taire ceux et celles qui entravent de manière irresponsable cette indispensable unité. Prenant pour l’occasion la parole à la tribune des Nations-Unies, Politicus déclare qu’il ne laissera pas les tentacules humides et glacés du doute se saisir du coeur de ses frères humains enfin réunis, et tendant les bras au ciel, il trouve la force de lancer un dernier I have a dream !, avant de fondre en larmes, sous des tonnerres d’applaudissements.

Toutefois Sapientes prend conscience qu’à mesure qu’il colmate les brèches, d’autres brèches s’ouvrent, menaçant la crédibilité et la stabilité même du GIESPOP ; il est ainsi révélé que la courbe qui représente l’orbite de la Pierre dans son Rapport, est une projection artistique de la réalité, non la représentation d’icelle, ce qui surprend; que des données avérées sur la complexion de l’astéroïde, qui tendent en effet, à prouver ce qu’un savant australien appelle sa crumbliness, ont été sciemment gommées ; qu’enfin, un membre du deuxième Groupe de travail du GIESPOP, qui s’étonnait de ces procédés, a mystérieusement disparu. Surtout, Sapientes constate qu’il se consacre désormais intégralement à ces intrigues que, dans le secret de son laboratoire, il méprisait tant ; qu’au nom de la survie de l’humanité, il participe à la persécution de scientifiques ; que le plus clair des rapports du GIESPOP se fonde sur des jugements d’opportunité, pas des considérations scientifiques et que la réalité de ce pouvoir politique qu’il cautionne lui échappe néanmoins ; qu’en somme, il a cessé d’être un scientifique, sans devenir un politique. Mais il est trop tard.

Deux jours avant la publication du cinquième rapport du GIESPOP, comme la moitié des physiciens de la planète ont été mis hors d’état de nuire, que des millions de gens vivent dans des grottes, et que la famine ravage les cinq continents, un enchaînement de circonstances encore mal élucidées provoque subitement l’expulsion de la Pierre hors l’orbite de la Terre. Le GIESPOP est dissous, les gouvernements de la planète proclament gravement qu’il est temps, pour les scientifiques, de retourner dans leurs laboratoires, et qu’ils seraient bien avisés de n’en plus sortir.

Méditant ces événements dans l’avion qui le mène vers l’assemblée plénière du Groupe Ethico-Art pour la Bioallégresse, Politicus, qui s’est depuis longtemps totalement désintéressé du GIESPOP, mesure que, dans cette pénible affaire, on lui reprochera sans doute de l’opportunisme ; mais n’a-t-il pas fondé scrupuleusement son action sur des rapport qu’il croyait scientifiques ? Si un péché d’orgueil a été commis, ce n’est certes pas par lui ! Et de sourire, en songeant à la naïveté de ces scientifiques pourtant si dédaigneux à l’égard d’hommes pratiques tels que lui.

En somme, Politicus s’avise que, dans cette affaire il n’a rien perdu ; et Sapientes, tout.

Echec du sommet climatique de Durban, interview exclusive du chimiste István Markó

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  • Nul, et ridicule.
    Heureusement que la politique ne s’arrête pas à attendre de savoir si les contingences matérielles seront favorables ou non. On pourrait même dire que l’une des premières décisions de l’Homme a été au moins de prier des entités supérieures, même si c’est irrationnel c’est au moins la prise de conscience que quelque chose se passe. La politique du pompier est évidemment plus rentable au niveau de la popularité, mais elle reste peu efficace.
    Mais soit, allez vivre tout nu et tout seul dans la jungle et laissez-nous essayer de prendre notre destin en main.

    • Mais prenez donc votre destin en main, mais pas avec mon argent et sans m’imposer de régulations. Ainsi moi aussi je pourrais prendre mon destin en main.

      • Si « un enchaînement de circonstances encore mal élucidées provoque subitement » la fin de tous les destins, ce serait dommage. La science c’est l’étude des enchaînements de circonstance, le fait qu’elle s’institutionnalise est du domaine de l’Histoire et de la civilisation. Cela peut aboutir à des dérives, j’en conviens, mais en l’occurrence on ne peut pas, lorsqu’on est un adulte (quand on se prend en charge), compter sur « un enchaînement de circonstances encore mal élucidées provoque subitement ». Ca c’est bon pour les bébés qui ne sont pas encore sevrés: ils pleurent et là, ça leur semble automatique, il y a « un enchaînement de circonstances encore mal élucidées provoque subitement » l’arrivée du sein de leur maman dans leur bouche… petit à petit le bébé élucide un peu moins mal le processus et là catastrophe ! on appelle ça la période transitionnelle.

    • « un enchaînement de circonstances encore mal élucidées provoque subitement l’expulsion de la Pierre hors l’orbite de la Terre »
      Remarquons que le propre des circonstances mal élucidées c’est qu’elle peuvent ou peuvent ne pas arriver (ça s’appelle une contingence). C’est un peu comme de savoir si oui ou non on va pouvoir manger le soir: si on ne met aucune organisation collective en œuvre il n’est pas possible de s’attendre à une garantie de pouvoir manger après être sorti du bureau, et, en fait, il n’y a tout simplement pas de bureau, pas de salariat, pas de travail. C’est ça la civilisation: l’abstraction de la chaîne de gestion des contingences matérielles par l’intermédiaire d’une certaine organisation collective.
      Gageons que dès aujourd’hui vous avez tout à fait le droit de décider de planter en secret votre yourte quelque part et arrêter de payer des impôts. Il vous sera tout de même très difficile d’aller vous acheter des fringues au super-marché dans ces conditions.
      Moi je ne suis pas moralement en désaccord avec l’idée d’éradication de la civilisation, contre un retour total et pur à l’état de Nature. Je remarque simplement que la nature humaine c’est de s’organiser… aucun jugement de ma part là-dessus. A partir de là on met en place des systèmes politiques dont l’essence est de gérer, pour simplifier, cette articulation entre individu et collectivité. Donc certes il ne faut pas aliéner l’individu, mais nier toute organisation, même individuelle, c’est débile (« gouverner c’est prévoir »). C’est à dire que je vous parie autant de milliers d’euros que vous voulez que si jamais vous partez vivre demain tout nu dans votre jungle, même tout seul, vous allez très rapidement chercher à vous garantir votre alimentation quotidienne, même si vous n’avez pas faim sur le moment. Alors que si ça se trouve « un enchaînement de circonstances encore mal élucidées provoque subitement » l’arrivée d’une tranche de steak saignante accompagné d’un gratin dauphinois dans une assiette et d’un bon verre de Bordeaux… on n’est pas à l’abri de ce genre de choses… c’est juste qu’il faut pas trop y compter.
      C’est comme ça: on a du mal à ne pas utiliser son propre cerveau.

      • Mais enfin, ropib, vous êtes fou à lier !

        Vous affirmez : «C’est un peu comme de savoir si oui ou non on va pouvoir manger le soir: si on ne met aucune organisation collective en œuvre il n’est pas possible de s’attendre à une garantie de pouvoir manger après être sorti du bureau»

        En réalité, c’est exactement le contraire qui se passe : la production de biens de consommation n’est précisément possible qu’en l’absence d’organisation collective.

        C’est expliqué par exemple ici :
        http://herve.dequengo.free.fr/Read/Read1.htm

  • « laissez-nous essayer de prendre notre destin en main. »

    Mais justement, vous souhaitez laisser votre destin entre les mains d’une entité que vous ne contrôlez pas. Le GIEC est l’exemple type d’une instance politico-scientifique, alors que le libre débat contradictoire et l’indépendance vis à vis du politique est une des bases de la Science.
    Les scientifiques doivent produire des hypothèses et les vérifier, puis les publier dans des revues à comité de lecture. Tout le reste n’est que politique politicienne (avec des intérêts croisés entre différents groupes d’intérêt). Toute organisation qui tente de noyer le débat ne peut avoir le qualificatif de scientifique.

    • Il y a plusieurs choses dans le GIEC, qui est une organisation de scientifiques parmi d’autres et qui n’a empêché aucun scientifique d’exprimer d’autres représentations de la réalité. Moi je me souviens d’Allègre par exemple, je veux dire son point de vue est défendable, il l’a défendu, c’est bien, je suis très content. A noter que Allègre, comme tout homme, est parfois plus ou moins convaincant… peut-être qu’il s’est fatigué à force d’avoir raison tout seul. D’ailleurs, de ce que j’ai compris, il ne prônait pas particulièrement le statuquo, juste des mesures divergentes de celles du GIEC.
      Ma thèse étant que, en effet, il y a des dynamiques profondes qui font que l’industrie dépasse son propre modèle, que le GIEC n’y a pas grand chose à voir… mais ça, mon avis, tout le monde s’en moque et c’est bien compréhensible. Si un jour j’arrive à convaincre quelqu’un je me dirai que j’ai peut-être raison. Comme en plus mon avis abouti à l’idée que de toutes façons ça ne changera rien aux dynamiques profondes de la société…
      Et sinon, vous avez lu les différents rapports du GIEC en grand scientifique que vous êtes et qui ne prenez pas position comme ça à la légère ?

  • « laissez-nous essayer de prendre notre destin en main. »
    ———-
    oui, oui, c’est toujours ce que disent les escrocs étatistes pour nous faire les poches.

  • Excellent, et brillant.
    Toute la perversion du GIEC y est.

  • Oui, excellent Godefridi !

  • Oups, vraiment très bon !

    Et j’ajouterai qu’il existe une différence entre Sapientes et Jouzel ou surtout Van Ypersele, c’est que le premier est Honnête.

  • Magnifique dérision, à se bidonner… « La projection artistique ! »

  • Les commentaires sont fermés.

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