L’Inde, un exemple stimulant pour l’Afrique

Dans quelle mesure les réformes indiennes peuvent-elles inspirer les pays africains désireux de sortir de la pauvreté?

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L’Inde, un exemple stimulant pour l’Afrique

Publié le 31 janvier 2012
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Contrepoints continue sa couverture des réformes libérales indiennes (voir 1, 2 et 3). Aujourd’hui nous nous demanderons dans quelle mesure les réformes indiennes peuvent inspirer les pays africains désireux de sortir de la pauvreté.

Par Swaminathan Aiyar (CATO Institute) et de Gisèle Dutheuil (Audace Institut Afrique)!–more–>
Article publié en collaboration avec Audace Institut Afrique

Jadis observée dans le monde pour sa grande pauvreté, l’Inde aujourd’hui relève la tête au point d’être reconnue comme un exemple de réussite, potentielle super-puissance et les États-Unis l’ont même plébiscitée pour l’obtention d’un siège de membre permanent au Conseil de sécurité des Nations-Unies. Les analystes politiques l’entrevoient comme le seul pays asiatique capable de contrer l’hégémonie chinoise au XXIe siècle. L’Afrique ne pourrait-elle pas avoir des enseignements à tirer si elle décortiquait les stratégies qui ont aidé les Indiens à démarrer ? Sans vouloir s’obstiner à faire du copier-coller, il est toujours intéressant de s’inspirer des bons principes qui ont marché ailleurs car il est inutile de réinventer la roue à chaque fois que l’on prend une bicyclette.

Swaminathan Aiyar, chercheur au Cato Institute’s Center for Global Liberty and Prosperity, spécialiste de l’Inde pour y avoir été éditeur des deux plus grands journaux indiens relatifs à la Finance (The Economic Times and Financial Express), a cherché à comprendre cette avancée fulgurante. Certes la pauvreté existe encore en Inde bien que l’on note un recul du degré de pauvreté, même dans les tranches les plus pauvres de la population indienne. Tous les problèmes ne sont certes pas résolus loin de là mais le bout de chemin réalisé ces 20 dernières années pourrait aider l’Afrique à oser une nouvelle voie de développement, celle du libéralisme.

L’analyse montre que l’Inde, confrontée à une crise des devises étrangères en 1991 a été contrainte d’abandonner des décennies de socialisme marquées par un repli sur elle-même, une priorité à l’autosuffisance et la prédominance du secteur public, pour adopter des réformes économiques semi-libérales qui transformèrent l’éléphant pataud en dernier né des tigres asiatiques. La mise en place de politiques tournées vers, entre autres, le marché et la baisse du taux d’imposition des entreprises a permis d’amorcer le décollage. Lors de la dernière décennie, le taux de croissance du Produit Intérieur brut de l’Inde (PIB) a atteint plus de 8% en moyenne, et en l’espace de deux décennies, le revenu par habitant a connu une très forte progression, passant de 300$ à 1700$. De surcroît, l’Inde observe une forte progression démographique, au moment où la Chine est vieillissante, si bien qu’au cours de la prochaine décennie, ce pays pourrait dépasser la Chine en termes de croissance.

Dès la mise en œuvre des réformes, en 1991, de nombreux critiques prédirent que l’Inde souffrirait d’une « décennie de croissance perdue » à l’instar des pays africains qui s’étaient soumis aux politiques de la Banque Mondiale et du Fonds Monétaire International dans les années 80. Ils mettaient en garde contre l’ouverture vers l’extérieur qui risquait de provoquer l’anéantissement des entreprises indiennes par la domination de multinationales, quand parallèlement des mesures fiscales rigoureuses étrangleraient les mesures sociales à l’attention des plus pauvres. Toutes ces terribles prédictions se sont pourtant avérées fausses. Les hommes d’affaires indiens s’en sont au contraire très bien sortis, et plusieurs d’entre eux ont même réussi à hisser leurs entreprises au rang de multinationales. Les énormes recettes provenant de la croissance rapide ont impulsé un taux record de dépenses de l’État dans des mesures sociales, même si l’on y note du gaspillage et de la corruption à grande échelle. Ainsi, d’un taux préalable de 45,3% enregistré lors de l’année fiscale 1994, la pauvreté a chuté à 32% au cours de l’année fiscale 2010, et en l’espace de deux décennies, le taux d’alphabétisation est passé de 52,2% à 74%, ce qui représente la plus grande performance jamais réalisée par l’Inde. Plusieurs des régions les plus pauvres ont vu leur taux de croissance doubler ou tripler depuis 2004 et les salaires moyens y ont augmenté de plus de 50% au cours des trois dernières années.

L’auteur montre cependant que l’Inde souffre toujours de mauvaise gouvernance et d’un environnement défavorable aux affaires. Cet environnement malsain conduit même à des violences. Le pays se classe très bas dans les indicateurs du Doing-business. Une règlementation du travail très stricte ne permet pas aux entreprises indiennes de s’équiper d’usines d’envergure dotées d’une main d’œuvre suffisante pour optimiser leurs exportations comme en Chine. L’Inde a donc besoin de poursuivre ses réformes en s’axant sur l’amélioration de la liberté économique et sur une meilleure gouvernance. Notons d’ailleurs que le niveau d’éducation ayant fortement progressé dans le pays, la société civile constitue un réel contre-pouvoir et d’après l’auteur, est très attentive aux propositions des candidats aux différentes élections sur le problème de la corruption. Il semble que ça devienne même un enjeu électoral majeur.

Tirons de cette expérience qu’un desserrement de l’étau socialiste protectionniste, l’ouverture à quelques mesures libérales a permis à l’Inde, un pays pauvre, d’avancer sur la voie du progrès. L’Inde pourtant, comme l’Afrique a des spécificités (castes, régions, Maoïsme) qui en font un pays différent des pays occidentaux tels que les États-Unis qui ont opté pour un modèle libéral. Cela prouve que ces recettes savent se fondre aux réalités locales et que donc l’Afrique ne peut pas éternellement fuir les bonnes solutions au prétexte de refuser les modèles dits importés.

Difficile de parler de modèle importé d’ailleurs puisque le libéral place l’homme au centre du développement en épousant donc sa culture et son environnement. Toutes les réussites sont bonnes à copier surtout dans le contexte africain où le recul de la pauvreté reste un enjeu crucial.

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