Pourquoi je ne te donne pas d’emploi

L’analyse du marché du travail par un Hongrois est parfaitement transposable à la France.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
Hongrie

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Pourquoi je ne te donne pas d’emploi

Publié le 11 janvier 2012
- A +

La Hongrie est actuellement sur le devant de l’actualité pour différentes raisons (notamment politiques). Ce pays traverse actuellement une assez grave crise interne, et notamment économique. Cette crise économique a poussé un entrepreneur hongrois à relater, en quelques billets rapides sur son blog, quelques vérités parfois pénibles à entendre, surtout lorsqu’elles sonnent si justes et si facilement transposables pour un Français…

Ce blogueur, Jakab Andor, s’exprime en anglais sur son blog, mais la lecture des titres ne devrait pas être trop compliquée pour le Français lambda, pourtant généralement si allergiques aux langues étrangères. On y trouve notamment deux billets, l’un expliquant pourquoi il ne veut pas employer le lecteur, et le second dans lequel il se demande si, en ne créant ainsi aucun emploi, il ne serait pas méchamment anti-social.

Dans le premier billet, l’auteur explique ainsi que bien qu’ayant la volonté d’employer 12 personnes, là, maintenant tout de suite, il s’y refuse. Et directement, sans gants, il annonce d’emblée qu’il ne veut pas employer de femmes, parce qu’elles lui coûteront trop cher, les lois hongroises l’obligeant à supporter leurs congés maternités pendant plusieurs années. Il explique ensuite qu’un employé touchant, net, 760€ de salaire (ce qui n’est pas exactement le Pérou, même à Budapest) revient en réalité à 1572€ à l’employeur ; certes, concède-t-il, il peut fort bien payer moins, et supporter ainsi un salaire brut moins lourd pour lui, mais risque d’avoir un employé sous-payé qui lui sera, finalement préjudiciable.

Et il en profite pour noter que la Hongrie est, du point de vue du coût employeur, le pays où l’on établit un record.

Coût du travail en Europe

On notera, sans broncher, la très belle seconde place de la France dans ce joli panneau.

Puis notre entrepreneur en devenir se lance dans un intéressant calcul horaire, qui l’amène simplement à constater que pour s’en sortir honorablement, il va devoir facturer ses services autour de 37€ TTC de l’heure, pour un profit estimé, au mois, de 4373€. Une fois son propre salaire déduit de ce profit (un salaire de 1500€ net), et les impôts payés, la compagnie bénéficierait de 266€ au final.

Tout calcul fait, il constate ensuite qu’au marché au noir, dans l’illégalité, les gens facturent 9€ de l’heure et s’en sortent donc autour de 1000€ par mois. On comprend que ceux-là ne veulent pas du job légal à 760€. (Si cela évoque des choses pour le petit Français qui sommeille en vous, c’est purement fortuit.)

Il ajoute de surcroît que ces mêmes personnes auraient probablement assez vite fait de dénigrer son entreprise et qu’il serait rapidement confronté à de la propagande anti-capitaliste, puisqu’il chargerait 37€ de l’heure au lieu de 9€. (Là encore, si cela vous rappelle quelque chose, c’est parce que vous venez trop sur Contrepoints).

Il note qu’il serait aussi possible que, compte tenu du système légal très accommodant pour les salariés, certains pourraient en profiter pour lui voler ses clients, puis se débrouiller pour s’offrir un procès aux prud’hommes contre lui, et gagneraient.

À la suite de ces remarques et de ces calculs, notre Hongrois n’est plus du tout convaincu de vouloir entreprendre quelque chose et conclut, fort logiquement, que ces raisons et son raisonnement sont la raison pour laquelle il y a de plus en plus de chômage, que les gens consomment de moins en moins (ce qui ramène de moins en moins de TVA à l’État), qu’il y a donc conséquemment de moins en moins de compagnies décentes et que celles qui restent payent donc de moins en moins d’impôts, entraînant une chute dans la collecte des fonds nécessaires à faire tourner la machine à aides sociales.

Évidemment, après avoir posté un tel billet, des milliers de bobos européens se sont soudain sentis vexés et terriblement endoloris par une telle lecture ! Un Hongrois était en train de leur expliquer qu’entraver le business d’une entreprise et imposer des lois du travail trop contraignantes étaient fortement préjudiciable à toute l’économie et, donc, au bien être social de toute une nation. C’est intolérable !!!

Heureusement, Jakab a bon fond et tente de se rattraper dans un second billet au moins aussi intéressant. Dans celui-ci, il présente ses plus plates excuses pour avoir exposé ses motivations à ne pas créer d’emploi, et motive son emportement par une enfance passée… dans un pays communiste.

Eh oui, la Hongrie a pu tester, en vraie grandeur, le communisme joyeux tant vanté par les amusants clowns qu’on trouve assez facilement sur la blogosphère et dans les journaux de nos jours. Et apparemment, Jakab Andor n’a pas trouvé ça très très cool ; le hardcore socialisme, pour Jakab, c’était méchamment antisocial. En tout cas, pas suffisamment pour en redemander, et assez pour s’en servir comme excuse de dire des choses qui choquent les bisounours européens.

(Au passage, je vous encourage à lire sa description de la version über-sociale du socialisme réel et palpable qui fut mis en place. C’est toujours bon de se rappeler ce que ça fut là-bas, et ce que ce sera bientôt chez nous. Ça motive les plus malins à fuir et laisser le merdier se décanter, si vous voulez mon avis.)

L’analyse qu’il tire de son propre vécu du socialisme appliqué est que, en somme, le Socialisme favorise la survie du plus corrompu, au lieu du plus adapté, en se basant sur l’idée de protection : il prétend protéger le faible de la même façon que la mafia « protège » le faible. Les socialistes créent un beau bordel, notamment là où il y a des socialistes nationalistes. Tout comme ces nervis de cinéma, baraqués, chauves, au cou épais, ils vous mettent mal à l’aise, avec comme un besoin de cette protection que, justement, ils vous offrent pour une partie « raisonnable » de votre salaire. Ils vous garantissent une bonne santé (et refuser n’est pas une option). Et au plus les gens ont besoin d’être protégés, au plus il faut lever des taxes et des impôts pour assurer cette protection.

Bien sûr, là encore, toute ressemblance avec un pays que je prétends foutu depuis quelques temps est parfaitement fortuite.

Et pour faire bonne mesure, je vous encourage à aller voir vous-même la solution qu’il propose pour se sortir du problème hongrois. Solution qui, soit-dit en passant, pourrait fort bien tirer la France de son ornière et qui ne sera donc jamais appliquée.

(Eh oui : ce pays est foutu.)

—-
Sur le web

Voir les commentaires (5)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (5)
  • On sent d’ici les réponses indignées des socialos français (de tout poil) : « Ah mais non, heu, faut pas confondre, heu, la Zongrie, heu, c’est pas comparable, heu, ça a rien à voir avec la France, heu, sauf peut-être pour les zactrices des films ki faut pas montrer aux nenfants, et en plus, heu, on voit bien ce que ça donne le libéralisme avec Sarko au pouvoir, heu… »
    Bref, j’en passe…

    • Fa-bu-leux! le blog du gars est en gros excellent d’ailleurs. Je bosse avec les ex-pays du bloc Communiste depuis plus de 14 ans, et franchement ce qu’il décrit n’importe qui (de bonne foi, s’entend) ayant connu l’ancien système pourrait l’exprimer, avec plus ou moins de variations sur le thème de la viande verte 😉

      Maintenant faut être réaliste: les clowns criminels qui rêvent au socialisme chez nous en Europe de l’ouest te balancent à tous les coups un gluant et vibrant « aaaaaaahhh mais non! ce n’était pas du socialisme à l’Est, on ne peut pas comparer […] »

      En général à ce moment-là, tu laisses tomber …

  • Graphique que l’on peut retrouver sur ce document.
    http://goo.gl/PkcQT

  • Les liens menent sur la page de base du blog… à rien en rapport avec l’article. dommage cela semblait intéressant.

    Je n’ai pas trouvais le bouton pour l’avoir en anglais.
    Rien compris au site, peut être que mon niveau d’anglais a baissé mais je crois sincèrement que peu d’anglophile arriveront à comprendre ça :
    « Több mint 60 Ferrari vett részt azon a felvonuláson, amely végighaladt az amerikai nagyváros több fontos pontján is.  »
    Oui il parle de ferrari, mais à part ça? pff…

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Lors de son discours de politique générale, Gabriel Attal a annoncé deux milliards d’euros de baisses d’impôts pour les classes moyennes, financées par la solidarité nationale.

En langage courant, cela signifie payé par les riches. Les classes moyennes ne devraient pas se réjouir trop tôt : François Hollande avait déjà opéré ce type de transfert fiscal au début de son quinquennat et pour lui, être riche commençait à 4000 euros par mois. Le jeune Gabriel Attal était à cette époque membre du cabinet de Marisol Touraine. Le fruit ne tombe... Poursuivre la lecture

Mercredi 17 janvier dernier, le président argentin Javier Milei a prononcé un discours enflammé et disruptif au Forum économique mondial de Davos. Son éloge de la croissance et des entrepreneurs, tout comme sa mise en garde contre les dangers du socialisme ont déjà fait couler beaucoup d'encre. En réalité, l'économiste n'a fait que reprendre, à quelques expressions près, le contenu d'une conférence TED donnée en 2019 à San Nicolás, au cours de laquelle il expliquait comment, tout au long de l'histoire, le capitalisme s'était avéré supérieur a... Poursuivre la lecture

Article disponible en podcast ici.

Jadis, seuls les criminels se retrouvaient sur écoute. La traque du citoyen par les bureaucrates était une exception. Les surveillances de masse étaient réservées aux régimes totalitaires, impensables dans nos démocraties.

Or depuis le 11 septembre, nos gouvernements nous considèrent tous comme des potentiels criminels qu’il faut espionner constamment. Et toute comparaison aux régimes totalitaires fera glousser nos fonctionnaires devant une telle allusion.

J’ai déjà longuement commenté... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles