S’attaquer au monstre de l’endettement

Il existe quatre approches pour corriger un problème de surplus de dettes. Mais chacune d’elles comporte des pièges

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S’attaquer au monstre de l’endettement

Publié le 5 janvier 2012
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Il existe quatre approches pour corriger un problème de surplus de dettes. Mais chacune d’elles comporte des pièges.

Par David Descôteaux, depuis Montréal, Québec

Les problèmes économiques de la planète vont-ils se régler en 2012?

Je suis tombé il y a quelques jours sur une analyse du Boston Consulting Group (reprise par John Mauldin). Elle met en lumière le boulet qui plombe l’économie mondiale — l’endettement excessif. Mais aussi, les stratégies possibles pour essayer d’en sortir.

La dette par rapport au PIB des 18 pays fondateurs de l’OCDE (core countries) a doublé depuis 1980, font remarquer les auteurs. Ajustée à l’inflation, la dette des gouvernements a bondi de 425 %. Celle des consommateurs, de 600 %. C’est sans compter les passifs non capitalisés (comme les promesses de régimes de retraite ou de sécurité sociale) et les effets à venir du vieillissement de la population.

Quatre façons d’en sortir

Comment sortir de ce trou? Il existe quatre approches pour corriger un problème de surplus de dettes, disent les auteurs. Mais chacune d’elles comporte des pièges.

Réduire les dépenses et épargner. Simple, non? Sauf que si tout le monde le fait en même temps (gouvernements et consommateurs), la consommation va diminuer, ainsi que la croissance — du moins à court terme. Le chômage risque d’augmenter, ce qui rendrait encore plus difficile de rembourser des dettes ou d’épargner.

Une forte croissance économique. Le scénario rêvé par les politiciens, dont les nôtres à Québec et à Ottawa. Cela éviterait d’avoir à faire des choix douloureux. Si la croissance augmente plus vite que l’endettement, le ratio de dette par rapport au PIB diminue. Seul problème : ce scénario est peu probable. Les gouvernements et les consommateurs croulent déjà sous les dettes, et le vieillissement de la main-d’œuvre risque de peser sur la croissance dans les années à venir. De plus, la récession se pointe le museau un peu partout sur la planète.

Rembourser / éliminer le surplus de dettes. Les auteurs estiment que pour revenir à un niveau de dette tolérable par rapport au PIB (autant pour les ménages, les entreprises que les États), il faudrait rembourser (ou restructurer) 11 000 milliards $ de dettes seulement aux États-Unis! Et 6 000 milliards $ dans la zone euro. Comment? Par exemple en imposant une taxe de 20 à 30 % sur tous les actifs financiers. Les politiciens n’oseront jamais imposer une mesure aussi impopulaire, estiment les auteurs. Ce qui laisse une seule option…

L’inflation. La seule façon de générer une croissance nominale du PIB (et de réduire le ratio dette/PIB) sera de créer de l’inflation, disent-ils. Mais encore là, les résultats sont loin d’être garantis. Les banques centrales aux États-Unis et en Europe injectent déjà des liquidités dans leurs économies. Et sauf en Grande-Bretagne, l’inflation bouge à peine (du moins dans les statistiques officielles). Le surendettement des ménages et des États poussent ceux-ci à réduire leurs dépenses, ce qui crée plutôt de la flation. Aussi, si on « imprime » trop de monnaie, il y a un risque de perte de contrôle et d’hyperinflation.

Quelle est la meilleure option? Je vous laisse choisir. Mais une chose semble de plus en plus certaine, et les auteurs le soulignent : une longue période de croissance faible est à prévoir dans les pays occidentaux. Les gouvernements qui veulent équilibrer leur budget en misant surtout sur la croissance économique et l’effort des contribuables risquent d’être déçus.

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  • La première hypothèse, réduire les dépenses et épargner, est pourtant la bonne, car ce n’est pas la consommation qui fait le PIB mais la production, comme Say l’avait compris il y a deux siècles. La consommation n’a jamais contribué à la croissance et la production génère toujours sa propre consommation, à condition de libérer l’une et l’autre du contrôle étatique sclérosant.

    Réduire les dépenses publiques tout en réduisant les prélèvements obligatoires ne peut pas réduire la consommation. Au contraire, la réduction des dépenses publiques provoquera une hausse de la production, entraînant à sa suite la hausse de la consommation.

  • D’accord avec Bubulle (et avec le bon sens) : seule la production fait le PIB et la richesse, et pas la consommation qui ne fait que les réduire au contraire.

    Il ne s’ensuit pourtant pas que la réduction de la consommation est la seule voie possible.
    On peut et même on doit envisagé une augmentation de la production à dépense constante. Le secteur privé fait ça en permanence (et même quand la concurrence est imparfaite voire inexistante : la recherche de la valeur ajoutée maximum est aussi celle du meilleur rapport production/cout), reste plus que le secteur public en fasse autant … on qu’on le privatise.

    , spécialement dans le secteur public qui, faute de concurrence, a largement les moyens de ne pas produire assez (contrairement au privé qui cherche toujorus à maximiser .

  • En France, il est fort probable que l’inflation ne résoudrait rien car nos politiques à courte vue ont lié de nombreuses chose à l’inflation. C’est le cas du salaire minimum, du salaire des fonctionnaires, des retraites, de la plupart des prestations, … En conséquence, la présence d’inflation ne fera qu’amplifier les problèmes actuelles en augmentant les transferts vers les secteurs non productifs de l’économie et en diminuant la productivité globale …

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