Liberia: le bilan du Prix Nobel de la Paix, Ellen Johnson Sirleaf

Beaucoup ont contesté l’attribution du Nobel de la paix à Ellen Johnson Sirleaf, présidente du Libéria

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Liberia: le bilan du Prix Nobel de la Paix, Ellen Johnson Sirleaf

Publié le 9 décembre 2011
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Quel est le bilan d’Ellen Johnson Sirleaf, Prix Nobel de la Paix, à la tête du Liberia ?

Par Oasis Kodila Tedika

Beaucoup ont contesté l’attribution du Nobel de la paix à Ellen Johnson Sirleaf, présidente du Libéria. D’autres y ont vu une intrusion occidentale pour faire passer celle-ci en force comme président.

Au-delà du discours contestataire ou politicien, quel bilan peut-on dresser de son premier passage à la tête de ce pays à une histoire chargée ? Pour répondre à cette question, observons rapidement quatre compartiments clés de la société.

Du reste, ce bref bilan mettra aussi en exergue quelques défis pour le nouveau président.

 

Sécurité et souveraineté des droits

À son arrivée au pouvoir, Ellen Johnson Sirleaf hérite d’un pays en transition qui était encore très mal coté en termes d’État de droit.

Le graphique ci-dessous retrace l’évolution de la sécurité et de la souveraineté des droits, selon l’indice de la Fondation Ibrahim. Globalement, la tendance est positive. En fait, c’est depuis le départ du président Taylor que les choses ont commencé à s’améliorer. Quand elle arrive au pouvoir, Ellen Johnson Sirleaf trouve un pays qui venait de gagner en trois ans 9 points sur cet indice. Et de 2006 à 2010, elle a fait gagner au pays 13,7 points.

Figure 1. Évolution de la sécurité et souveraineté des droits au Libéria

Source: Auteur, à partir des données de la Fondation Ibrahim.

Du fait que cet indice reste inférieur à 50, il est clair que dans ce pays la sécurité et la souveraineté des droits ne sont pas encore acquises en dépit du progrès réalisé.

En effet, le processus judiciaire reste un chantier où il y a encore à faire car les interférences ou les pressions de groupes d’intérêt sont encore présentes. La reddition des comptes des responsables publics n’a vraiment connu un changement qu’en 2009, selon l’indice de The Economist. La corruption au sein du gouvernement et des responsables publics n’est pas encore éradiquée en dépit d’une forte volonté de vouloir le changement. Cela se traduit entre autres par une poursuite des abus du pouvoir. En dépit de l’amélioration de la sécurité nationale, la sécurité individuelle s’est dégradée alors qu’elle avait connu un changement remarquable au début de son mandat.

 

Participation et droits de l’Homme

Figure 2. Évolution de la participation et droits de l’homme au Libéria

Source: Auteur, à partir des données de la Fondation Ibrahim.

Sous le mandat d’Ellen Johnson Sirleaf, la participation libérienne à la vie politique s’est nettement améliorée.

La libéralisation politique a été donc au rendez-vous, avec davantage de droits politiques, de représentativité féminine. Cependant, le respect des droits de l’Homme s’est affaibli, ainsi que pour la liberté d’expression, qui reste toujours dans le vert, mais est réduite comparativement aux deux premières années de sa prise du pouvoir. Enfin, la liberté d’association et de réunion a connu de sérieux problèmes.

 

Développement économique

Figure 3. Évolution du PIB nominal et de la croissance réelle

Source : Agence monétaire de l’Afrique de l’Ouest

L’économie a continué de se redresser de manière sensible.

Les indicateurs macro-économiques ont présenté des signes d’amélioration. La croissance a flirté avec les 10 % avant la grande crise de 2008. L’inflation a été gérée tandis que le taux de change s’est amélioré. La gestion des finances publiques a été relativement positive car le gouvernement a pris des mesures appropriées, avec l’appui du FMI surtout pour la fiscalité. Le solde budgétaire a été amélioré, à la suite de l’augmentation du ratio des recettes budgétaires sur les dépenses budgétaires. L’amélioration relative de la politique budgétaire s’explique donc par le renforcement de l’efficacité opérationnelle des institutions de recouvrement des recettes. Il faut cependant aussi souligner que les dépenses ont été contrôlées. La gestion de la dette a été remarquable.

Sous son mandat, les institutions financières sont devenues plus fiables. Le pays a connu la levée des sanctions sur les exportations de diamant et de bois, et l’économie a connu une très légère diversification. Les secteurs miniers et manufacturiers ont progressé, malgré leur sous-exploitation. Ainsi donc, les exportations ont connu une évolution positive, en dépit du déficit commercial.

Sur l’environnement des entreprises, élément indispensable au progrès d’une nation, l’Indice ad hoc de la Fondation Ibrahim attribue en 2010 la note de 34 sur 100. Vu sous cet angle, le défi est donc très important. Il faut néanmoins reconnaitre un certain changement : en 2006, le pays recevait la note de 22.

Les infrastructures traditionnelles constituent une réelle difficulté. Aucun progrès significatif n’a été réalisé pour l’accès à l’électricité. Idem pour les réseaux routiers et ferroviaires, et le transport aérien. Néanmoins, pour la couverture numérique et l’accès aux téléphones, on a constaté des changements positifs.

 

Développement humain

De manière générale, la santé a connu une évolution positive : les mortalités maternelles et infantiles ont reculé.

Sous le mandat d’Ellen Johnson Sirleaf, le traitement par anti-rétroviraux a progressé dans les couches sociales. En 2006, l’espérance de vie à la naissance était de 71,9 ; elle s’est légèrement améliorée (72,6 en 2009). Aucune action efficace n’a été réellement lancée pour permettre l’accès à des sanitaires et à l’eau potable. Moins d’enfants libériens achèvent l’école primaire aujourd’hui qu’il y a cinq ans. Néanmoins la qualité de l’enseignement s’est améliorée.

Sur le graphique ci-après, on constate une évolution positive de l’indice global du développement humain de la Fondation Ibrahim du Libéria. Avec Ellen Johnson Sirleaf, le Libéria a gagné 7,9 points entre 2006 et 2010. Mais là encore, comme dans le premier graphique, l’indice est inférieur à 50. En des termes différents, beaucoup reste à faire comme le paragraphe précédent l’a démontré en partie.

Figure 4. Évolution du développement humain

Source: Auteur, à partir des données de la Fondation Ibrahim.

 

Conclusion

Le bilan d’Ellen Johnson Sirleaf nous paraît relativement positif.

Elle a fait de son pays le leader en termes d’amélioration de la gouvernance en Afrique, selon l’indice de la gouvernance de la Fondation Ibrahim. Mais la question qui reste posée est celle de savoir si elle pouvait faire davantage ? Les Libériens ont sans doute tranché : choisir le candidat de l’opposition pour remplacer cette économiste signifiait sans doute qu’elle n’a pas su exploiter notamment toutes les options et marges de manœuvre à sa disposition.

Malheureusement, l’opposition a arrêté la course avant les récentes élections, prétextant des fraudes. Ce qui pose donc problème : celui de la légitimité mais aussi celui du bilan d’Ellen Johnson Sirleaf. A-t-elle fait mieux au regard des attentes libériennes ? Difficile à dire quand vous êtes la seule candidate.

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