Les cochons et les indignés

Le fonctionnement des mouvements « Occupy » fait drôlement penser à « La ferme des animaux » d’Orwell

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Les cochons et les indignés

Publié le 29 novembre 2011
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Le fonctionnement des mouvements « Occupy » fait drôlement penser à « La ferme des animaux » d’Orwell.

Par David Descôteaux, depuis Montréal, Québec

Je viens de relire La ferme des animaux, de George Orwell. Un bijou. Qui me fait drôlement penser aux divers mouvements « Occupy », que ce soit à Montréal ou Wall Street.

Sur la ferme, les animaux se révoltent. Menés par les cochons — animaux les plus intelligents du groupe —, ils chassent le fermier. Une fois la révolution faite, les animaux s’entraident pour faire fonctionner la ferme. Mais au fil du temps, des clans se forment. Certains animaux assoiffés de pouvoir — les cochons — prennent le contrôle. Les cochons usent de propagande, de mensonges (ils collaborent même avec les fermiers voisins!) Le sort des animaux de la ferme se dégrade peu à peu. Pendant que les chevaux, canards et autres crèvent de faim, les cochons se bourrent la face. Et dorment au chaud dans la maison du fermier…

Un des commandements de la nouvelle ferme se lisait au départ : Tous les animaux sont égaux. À la fin, il se lit : « Tous les animaux sont égaux, mais certains le sont plus que d’autres ». Par cette fable, Orwell voulait critiquer les travers de la Révolution russe.

Le parc Zuccotti

J’ai pensé à La ferme des animaux en visionnant un segment de l’émission The Daily Show, de Jon Stewart. On y voit une journaliste se promener parmi les « indignés » à Zuccotti Park, New York. Le mouvement Occupy Wall Street, dit-elle, était en train de devenir ce qu’il dénonçait lui-même : une société non pas égalitaire, mais où s’opposent des classes sociales.

« Plus les gens deviennent nombreux, plus ils ont tendance à former des groupes », dit l’un des manifestants. Le parc se divise en deux classes, ajoute-t-il. D’un côté du parc, l’« élite ». Avec ses librairies de fortune, ses machines à café espresso et ses ordinateurs Apple dernier cri. De l’autre, le « ghetto ». Des manifestants plus pauvres, des tambours et des casseroles, des installations plus rudimentaires. « Ils (les “élites”) prennent les décisions sans le consentement de tout le parc », se plaint un indigné du ghetto.

Quand la journaliste demande à un manifestant s’il veut partager sa tablette électronique iPad avec un membre du ghetto, celui-ci répond : non. C’est à moi. Je suis contre la propriété privée, mais pas contre la propriété personnelle…

Comble de l’ironie : pour discuter et voter des propositions, les « élites » se rencontrent, bien au chaud… dans le lobby de l’immeuble de la Deutsch Bank, sur Wall Street!

Les beaux idéaux

Évidemment, le Daily Show fait dans l’humour. (Et non, je ne crois pas qu’Occupy Wall Street aurait fini en sanglante dictature des fans d’Apple!) Mais le parallèle avec Orwell est tentant (d’autres l’ont d’ailleurs fait avant moi). Les mouvements « occupy » sont légitimes et dénoncent avec raison un système tout croche. Mais si on pouvait vraiment repartir à zéro, est-ce qu’on accoucherait d’une société bien différente? Les plus belles idées font souvent fi de la nature des hommes, dont une partie cherchera toujours le pouvoir et le contrôle. Ou jugeront qu’ils le méritent parce qu’ils mettent plus d’efforts à la cause.

Cela vaut aussi pour les rêveurs les plus à droite. Vous souhaitez voir le gouvernement disparaître? Ça ne prendrait pas deux minutes qu’un autre prendrait le relais, peut-être en pire.

Peu importe les grands désirs de changement, l’histoire tend à se répéter. On a tous scandé « à bas le système » un jour ou l’autre. Avec raison. Mais comme Churchill dirait, le capitalisme est le pire de tous les systèmes économiques… à l’exception de tous les autres que l’on a essayé.

—-
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Créer un compte Tous les commentaires (18)
  • Bien trop facile votre critique, Monsieur. Vous prenez comme example de ce qui se passe dans les mouvements « Occupy », une émission comique américaine (connue pour être sournoisement réac, soit dit en passant), sans vous référer au journalisme citoyen qui tient compte du vrai movement dans toute sa diversité ? Mouvement dont le principe de base est l’inclusion via le consensus ? « Et hop – tu vois, aussitôt ils récréent la même société capitaliste qu’ils prétendent opposer! » Trop facile, Monsieur. On vous invite à quitter votre télé et à faire un véritable article sur les mouvements Occupy, qu’on ne manquera pas de lire – car on réserve notre jugement. On vous attend.

    • Sur les 4 issues possibles pour ce genre de mouvement égalitariste (essoufflement, dissolution dans le capitalisme, dérive autoritaire et accouchement effectif d’une alternative convaincante), reconnaissez quand même qu’on manque de précédent pour trouver l’éventualité de la sortie par le haut bien crédible.
      Que les dérives de la fable soient déjà en germe ou pas chez les occupants, ça reste pertinent de rappeler qu’à la fin ça y ressemble souvent.

      • « on manque de précédent » : ?? ah bon ?
        Certainement pas en France : on y baigne dans la culture du ouiouinisme revendicatif égalitariste avec dissolution rapide dans le capitalisme et le n’importe quoi de l’essoufflement.

        • Je pense que tu ne m’as pas compris, à moins que tu ne voies dans ce que tu décris l’accouchement effectif d’une alternative convaincante…

          • Non non, je disais juste qu’en France, on ne manquait pas de précédents de mouvements du type OWS, avec les mêmes slogans et les mêmes résultats, c’est tout.

          • Soit la même chose que moi, tu m’as mal compris.
            Je ne disais pas qu’on manquait de précédents tout court, mais de précédents s’en étant sortis par le haut, i.e. par l’accouchement effectif d’une alternative convaincante.

        • « On manque de précédent » ? La crise actuelle, dans laquelle même les gouvernements dits ‘démocratiques’ des pays développés on cédé le pouvoir à l’appareil militaro-financier (exemple : la France qui se permet et se targue même d’initier des incursions colonialistes en Afrique et au Moyen-Orient) n’est-elle pas sans précédent?

    • « une émission comique américaine (connue pour être sournoisement réac, soit dit en passant) »
      ————–
      Jon Stewart, et son émission, réac ??? Pfff, n’importe quoi.

      • « Pff » n’est pas une réaction très développée… Je nuance mes propose: Je dis « réac » parce que Stewart fait finalement partie des « mainstream media » et même si son humour épingle souvent efficacement les dérives du système américain, cela reste de l’humour. Le fait que, faute de mieux, il est pris au sérieux comme commentateur de l’actualité (y compris pas M. Descoteaux) en dit long sur l’état actuel du journalism aux USA. Mais sa démarche reste fondamentalement négative. Il ne représente pas une force de proposition; il ne prend pas position sur le plan moral. (Le mouvement Occupy/Indignad@s, si.)

    • http://www.thedailyshow.com/watch/wed-november-16-2011/occupy-wall-street-divided?xrs=synd_facebook

      Observez bien à la fin : au chaud à la DB, il n’y a que des blancs, comme chez les voisins de Michael Moore au bord du lac Torch. Sauf que dans le premier cas, ça ne relève par du libre choix des individus, mais d’une décision de la minorité.

      Les sociétés socialistes sont élitistes et ségrégationnistes par nature : ceux qui ont le pouvoir n’acceptent jamais de le remettre en cause, par des élections par exemple, et décident quelle doit être la place de chacun dans la société.

      http://lejournaldemontreal.canoe.ca/journaldemontreal/chroniques/sophiedurocher/archives/2011/11/20111116-110847.html

  • La disparition de l’Etat n’implique pas la disparition de pouvoirs et contre-pouvoirs tendant à maintenir un ordre (plus juste que l’ordre actuel). L’absence d’Etat ne signifie pas l’absence d’institutions pour protéger les individus.

    (ça s’était pour la petite pique contre les anarcho-capitalistes à la fin de votre article, mais sinon je suis d’accord avec le reste)

    • Ouais, des institutions suffisamment capables et bienveillantes pour empêcher à la fois le retour du monopole de la violence et la concurrence dans la violence.
      Quitte à rêver les indignés ont raison, pourquoi borner son ambition, on n’a qu’à les faire aussi suffisamment capables et bienveillantes pour organiser la production et la consommation sur une base égalitaire et écologique en garantissant le bénéfice et le bonheur de tous.

  • « Le fonctionnement des mouvements « Occupy » fait drôlement penser à « La ferme des animaux » d’Orwell. »

    Avec Hessel dans le rôle de Sage l’Ancien ?

  • Il n’y a pas que les Occupy qui font penser à des animaux, les indignés espagnols aussi:

    –> http://www.youtube.com/watch?v=y7H00pKlDIE

  • Un raccourci pour la vidéo en question.
    http://goo.gl/Spk11

  • Des éléctions qui représentent un véritable choix ? Quelle pays habitez-vous ? Le pouvoir, dans votre pays, n’est pas élitistes et ségrégationniste ? Car c’est la nature même de tout pouvoir.

    Sauf erreur, il n’a pas été question de socialisme ou d’un quelconque « isme ». Le mouvement Occupy s’affiche d’emblée comme étant démocratique et non-partisan. S’il est question de pouvoir, le pouvoir ne peut être que celui d’une espèce humaine finalement réuni autour des valeurs réelles.

  • Changer…pour que rien ne change !!!

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