Peter Schiff sur la politique économique américaine

Peter Schiff, économiste de l’école autrichienne, commente les mesures de l’État fédéral américain contre la crise

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Peter Schiff sur la politique économique américaine

Publié le 20 novembre 2011
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Damien Theillier s’est rendu l’été dernier à la Freedom Fest. Peter Schiff y est intervenu sur les mesures de l’État fédéral américain contre la crise.

Par Damien Theillier

Article publié en collaboration avec l’Institut Coppet

Peter Schiff est un économiste de l’école autrichienne, diplômé de Berkeley, apparaissant régulièrement sur CNN, ​​CNBC ou Fox News. Il a été conseiller économique de Ron Paul lors de la campagne présidentielle en 2008. Il fut l’un des premiers à prédire la bulle immobilière et la crise des subprimes. En 2007, Peter Schiff a écrit un livre prémonitoire intitulé Crash Proof: How to profit From the Coming Economic Collapse (La preuve par le crash: comment tirer profit de l’effondrement imminent de l’économie). Il est le président de EuroPacific Capital,une société de courtage spécialisée dans les marchés et les titres étrangers (hors Amérique).

Dans son intervention à La FreedomFest à Las Vegas, Peter Schiff a expliqué pourquoi les mesures actuelles, prises par les pouvoirs publics contre la crise, ne faisaient qu’aggraver la situation.

Madoff vs. Bernanke

Pour bien comprendre son propos, il faut se souvenir que la solution de Ben Bernanke, le président de la Réserve Fédérale américaine, pour lutter contre la récession, c’est de faire tourner la « planche à billets », via des achats de titres de dette publique. On appelle cela le Quantitative Easing : l’assouplissement monétaire quantitatif ou encore QE. Après QE1 en mars 2009 et QE2, en nombre 2010, Ben Bernanke a émis l’hypothèse d’un QE3 « si nécessaire ».

Or Peter Schiff a prédit devant l’auditoire de la FreedomdFest que si la Réserve Fédérale lançait un troisième programme de QE, l’or pourrait monter jusqu’à 10 000 dollars dans les cinq ans !

Il n’y a pas de prix plancher pour le dollar, il n’y a donc pas de prix plafond pour l’or. Je ne sais pas à quel point l’imprudence et l’irresponsabilité de la Fed (la banque centrale américaine) et du Congrès américain sont possibles, mais ils peuvent surement aller assez loin pour faire monter le prix de l’or jusqu’à 10 000$.

En effet, le gouvernement ne paie pas ses factures, il emprunte pour le faire. Mais s’il doit emprunter pour rembourser l’argent qu’il a déjà emprunté, c’est l’aveu que le gouvernement mène une « chaîne de Ponzi » (circuit financier frauduleux). Or Bernard Madoff a récemment lancé un appel de sa prison, expliquant que le gouvernement américain perpétuait la plus grande « chaîne de Ponzi » de l’histoire du monde. « Madoff a raison et nous devrions l’écouter », a dit Peter Schiff, ajoutant que Bernard Madoff – qui a été condamné pour avoir opéré justement une telle chaîne de Ponzi – avait certainement plus de crédibilité que Ben Bernanke en la matière.

Échec des plans de relance et de la réglementation étatique

Tout le monde semble savoir ce qui a provoqué l’effondrement économique récent. La crise aurait pu être évitée s’il y avait eu plus de règlementation de la finance et du marché, entend-on.

Mais selon Peter Schiff, cette vision des choses est totalement inexacte. La Réserve fédérale américaine et les politiciens du Congrès ont créé toutes sortes de distorsions dans le marché qui ont rendu l’effondrement financier quasiment inévitable. Deux ans après les plans de relance d’Obama, il faut bien se rendre à l’évidence : l’intervention du gouvernement ne fonctionne pas. Stimuler l’économie avec de l’argent bon marché n’a pour effet que de créer de l’inflation et des bulles. « Utiliser l’assouplissement quantitatif pour combattre la récession, c’est comme utiliser de l’essence pour éteindre un feu », a lancé Peter Schiff sous les applaudissements.

Hyperinflation et « big crash »

Le gouvernement nous dit que l’inflation est à son plus bas niveau depuis les années 1950. Pendant ce temps, les prix s’envolent. Selon Peter Schiff, l’augmentation du prix des matières premières est le résultat de l’assouplissement quantitatif. L’inflation se mesure aussi par la réduction de la qualité de nos produits. Peut-être que les prix n’ont pas augmenté, mais la réduction de notre qualité de vie est bien une réalité, selon lui.

Comme il le précise, certains iraient jusqu’à dire que nous aurions besoin d’une guerre pour aider à la relance de l’économie. Mais c’est une absurdité totale. « Depuis quand la destruction conduit-elle à la prospérité ? » s’est ainsi demandé Peter Schiff.

Ce dernier a également prédit que le dollar américain connaîtrait une dépréciation massive par rapport aux autres devises, entraînant un effondrement majeur de l’économie. La valeur du dollar deviendra presque nulle, correspondant à une hyperinflation et à des augmentations massives du prix des produits d’importation comme le pétrole, de nombreux aliments et la majorité des biens de consommation. Cette hyperinflation pourrait créer une situation en Amérique et en Europe comparable à ce qui est arrivé à l’Allemagne de Weimar après la Première Guerre mondiale ou à l’Argentine pendant la crise de 1999-2002. La dévaluation de la monnaie fut telle que tous les particuliers perdirent leur épargne placée dans les banques. C’est pourquoi Schiff encourage les Américains à s’approvisionner en biens de consommation non périssables (comme les vêtements, les chaussures et les piles) maintenant tant que leurs prix sont encore abordables.

Peter Schiff estime que la baisse soudaine du niveau de vie pourrait conduire à la violence civile et que le gouvernement américain pourrait instaurer un contrôle des prix sur les produits de base, recourant même à la confiscation de biens privés pour payer les dettes publiques et plaçant les mouvements de capitaux sous contrôle afin d’empêcher  les transferts d’argent hors du pays. Pour ces raisons, Schiff recommande fortement aux Américains de sortir leurs avoirs des États-Unis et d’investir à l’étranger.

L’épargne indispensable

Nous avons besoin d’un plan qui stimule l’épargne et la production. Ce sont les emprunts et la surconsommation qui nous ont mis dans ce pétrin.

La vérité brutale que personne n’ose reconnaître, selon Peter Schiff, c’est que nos problèmes économiques systémiques ne peuvent être résolus que par un changement de mode de vie, c’est-à-dire par une réduction des prêts à la consommation et une augmentation de l’épargne. Il faut cesser de vivre à crédit. Une récession douloureuse est la seule voie pour y parvenir. En interférant avec les tentatives du marché pour apporter les corrections nécessaires, toutes les propositions actuellement en provenance de Washington ou de leurs économistes, ne font qu’exacerber les déséquilibres  et causeront une crise encore plus grave dans l’avenir. Il est temps de réduire drastiquement l’intervention étatique dans l’économie et de mettre un terme aux énormes subventions accordées au système bancaire. Selon Peter Schiff, la meilleure chose que nous puissions faire pour l’économie et pour les détenteurs d’obligations d’État américaines c’est de ne pas relever le plafond de la dette et de réduire coûte que coûte les dépenses du gouvernement.

—-
Article originellement publié sur 24h gold et sur Le Bulletin d’Amérique.

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  • Pessimiste le bonhomme.

  • Non, seulement réaliste

  • http://www.youtube.com/watch?v=MnekzRuu8wo

    C’est cette vidéo qui m’a fait basculer vers l’école autrichienne d’économie. Étudiant l’économie dans le cycle supérieur, on m’a imposé la vision keynésienne de l’économie. La vision dominante.

    Cette vidéo montre que Peter Schiff comprend très bien le système économique actuel, et l’explique avec des termes extrêmement simples. Pourtant, il n’y a pas de raison de s’inquiéter pour Bernanke… Et Krugman assure que l’on ne peut rien prévoir.
    La bulle des prêts hypothécaires était tellement énorme qu’ils ne l’ont pas vue!

    • Pas d’accord. Dans les faits, Bernanke n’est absolument pas monétariste mais keynésien tout comme l’était Greenspan. Dès que l’économie donne quelques signes de faiblesses, ils baissent fortement les taux d’intérêt (en deçà de la trappe à liquidités, pour reprendre un concept keynésien) et n’hésitent pas à faire tourner démesurément la planche à billets. Ce n’est pas vraiment monétariste, çà! Si Greenspan avait fixé les taux directeurs selon la règle de Taylor, par exemple, nous n’aurions pas connu une crise des Subprimes de cette ampleur. Et si Bernanke appliquait cette règle, le risque de fortes crises futures serait beaucoup plus faible.

    • D’accord avec toi, Lio.
      Est-ce que la masse monétaire a varié au même niveau que la production? M1 a explosé, donc Bernanke n’a pas appliqué une politique monétariste.
      Greenspan s’est dit inspiré par les mouvements libéraux, et il a une grande sympathie pour les libertariens US. Dirais-tu dire que Greenspan est libéral?

  • Attention !
    « Crash Proof » ne signifie pas du tout « la Preuve par le crash », mais plutôt « à l’épreuve du crash » (cf. waterproof qui veut dire étanche).

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