Je suis un indigné

Je suis un indigné, mais je me différencie des casseurs idéologues parce que je m’inscris dans le vrai sens du progrès: celui de la liberté

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Indignés (Crédits : Sabine Nourrit/Aleps, tous droits réservés)

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Je suis un indigné

Publié le 25 octobre 2011
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Je suis un indigné, mais je me différencie des casseurs idéologues parce que je m’inscris dans le vrai sens du progrès : celui de la liberté.

Par Jacques Garello
Article publié en collaboration avec l’aleps(*)

Illustration : © libre.org

Les indignés : ah, les braves gens, les braves petits ! Ils ont eu le courage de manifester dans la rue, sur les places de Madrid, à New York au Time Square, à Rome où ils ont pillé banques et brûlé voitures ! Ils ont exprimé tout haut, avec quelque véhémence (ne dites pas sauvagerie), ce que pensent tout bas les peuples du monde entier. Ce sont des témoins, ce sont des prophètes. Comprenez-vous maintenant pourquoi je suis moi aussi un indigné ?

Les indignés n’en sont pas à leur coup d’essai. Leurs parents, ou leurs frères aînés, avaient déjà fait parler d’eux en France en 1968, puis après 1991. Peut-être même y avait-il quelques soixante huitards dans les rangs des manifestants, retrouvant avec plaisir les vêtements, les slogans et les guitares de la chienlit. La religion des indignés a ses rites.

Je rappelle quelques-unes de ces tranches d’histoire de la civilisation. En 1968 les jeunes étudiants gauchistes parisiens veulent porter les idées de la contestation née dans les campus américains : « non à la société de consommation », « il est interdit d’interdire », « faites l’amour et pas la guerre », etc. Ce qui est frappant, avec le recul du temps, c’est que cette jeunesse gavée de marxisme et de maoïsme rêve d’autogestion, entend se libérer et de la morale et de la famille qu’elle incarne, au même moment où l’empire soviétique commençait à vaciller sous les héroïques coups de butoir de la jeunesse des peuples épris de liberté et sous « les armées du Pape ». Nos indignés des barricades étaient montés dans le mauvais train de l’histoire.

Leurs enfants, ou les plus jeunes d’entre eux, se retrouveront avec le même enthousiasme après 1991. Pourquoi 1991 ? Parce que c’est à la conférence de Rio que les déchus du soviétisme trouvent l’argument de leur revanche : la défense de la planète contre les assauts de la croissance, d’oppression et d’exploitation. Voilà donc naître le mythe du développement durable, antidote de la croissance capitaliste.

Les Rouges se sont peints en Verts. Alors, ici à nouveau, quelle déception quand la mondialisation s’installe, quand les pauvres pays émergent grâce à l’ouverture au marché et à la concurrence ! Désormais, tous les « sommets » mondiaux vont s’accompagner de démonstrations d’une nouvelle génération d’indignés. Ceux qui aujourd’hui s’étonnent des émeutes de Rome doivent savoir qu’à Gênes il y a eu pire. Après Gênes, il y a eu Davos, Johannesburg, Strasbourg, et tant de voitures brûlées, tant de magasins pillés, et autres hauts faits de manifestants provoqués sans doute par la répression et les bavures policières.

En quoi nos indignés actuels diffèrent-ils de leurs aînés ? Je ne vois guère de différence a priori. La pensée est toujours la même : contre le capitalisme, contre l’exploitation et les inégalités qu’il engendre, bref : contre « le système » et ses vices : la croissance, la pollution, le chômage, l’appauvrissement des plus pauvres et l’enrichissement des plus riches.

Pourtant quelque chose a changé : c’est que les idées des indignés sont devenues progressivement « politiquement correctes ». Les Verts sont maintenant intégrés dans le système politique, le développement durable a acquis ses lettres de noblesse. La mondialisation est davantage subie qu’appréciée, nationalisme et protectionnisme sont de bon ton. Le Bonheur National Brut se veut l’antidote du Produit Intérieur Brut.

C’est alors que je m’indigne. Car, en fin de compte, qui est responsable de la résurgence de ces manifestations ? En 1968, on pouvait incriminer les communistes de manipuler la jeunesse. On pouvait aussi en 1991 voir la conférence de Rio comme une reconstitution de réseaux malmenés par la chute du mur de Berlin. Mais aujourd’hui, d’où viennent cette diffusion et cette concomitance universelles ? Qui tire les ficelles ? On sait le rôle des réseaux sociaux, et les liens étroits qu’ils établissent, accumulant et grossissant les extrémismes. Y a-t-il derrière tout cela des « spin doctors », des experts en manipulation ?

Je ne le sais pas, mais je sais quel rôle lamentable ont pu jouer les grands de ce monde. Ils ont menti sur l’origine et la nature de la crise, qu’ils ont passée avec empressement au débit du capitalisme. Quelle touchante unanimité du G 20 pour accuser la finance mondiale, l’absence de réglementation des marchés ! Parallèlement ils ont passé sous silence le désordre des dépenses publiques, l’hypertrophie de leurs administrations et de leurs réglementations. Enfin, ils réagissent aujourd’hui par des politiques de relance, qu’ils masquent avec des annonces de fausse austérité. Ils ont redécouvert Keynes, Roosevelt, et le socialisme destructeur de l’entreprise et de la propriété et créateur de chômage massif.

Je suis donc un indigné, mais je vous rassure : je me différencie des casseurs idéologues sur deux points. D’une part, je ne suis pas cultivateur de nostalgie, et je m’inscris dans le vrai sens du progrès : celui de la liberté. D’autre part je ne suis pas destructeur, mais constructeur : je crois qu’en effet il y a trop de gens dans le monde qui souffrent de la conjoncture et ont le sentiment qu’ils sont victimes d’une injustice, et qu’ils ont droit à la vérité. Je me fais donc un devoir, comme tous les libéraux, d’éclairer leur lanterne en les faisant accéder à la connaissance économique et en leur expliquant comment on peut très souvent se passer de l’État pour rendre aux êtres humains leur liberté et leur dignité.

—-
Sur le web.

(*) L’alepsprésidée par le Professeur Jacques Garello, est l’Association pour la Liberté Économique et le progrès social, fondée il y a quarante ans, sous l’autorité de Jacques Rueff, dans la tradition intellectuelle française de Jean Baptiste Say et Frédéric Bastiat.

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  • Paradoxe : il est interdit d’interdire, et la génération suivante invente un interdit par jour. Tout est interdit, enfin tout ce qui fait plaisir, le coca, les frites, les 4×4. Tout est censuré, on n’a plus le droit de rire, Le Honzec est sommé de s’expliquer sur une caricature.
    Mais profiter d’une émeute pour aller s’approvisionner, pas grave. C’est de la redistribution des richesses.

  • « Le Honzec est sommé de s’expliquer sur une caricature. »

    Ah bon ?

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