La croisière s’amuse

Inconsciente, la croisière s’amuse, pendant qu’une tempête parfaite se déchaîne à l’horizon

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
croisiere-s_amuse

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

La croisière s’amuse

Publié le 24 octobre 2011
- A +

Inconsciente, la croisière s’amuse, pendant qu’une tempête parfaite se déchaîne à l’horizon.

Par David Descôteaux, depuis Montréal, Québec

Il y a quelques jours, je suis allé au Best Buy rapporter une tablette électronique. Vous savez, ces gadgets qui coûtent 500 $? Ces ordinateurs qu’on a compressés dans un rectangle plus petit et plus mince qu’un magazine?

Ça a été difficile. Le bidule possède un écran sublime. C’est un plaisir de déplacer le texte ou agrandir les photos avec mes doigts. Seul problème : je n’en ai absolument pas besoin. Comme bien d’autres acheteurs, je suppose. Et comme tellement d’autres bébelles qui envahissent notre société de consommation.

Quand même. Je me suis inventé un paquet de raisons pour la garder. Pour me faire croire que j’en avais besoin, que ça me rendrait plus productif…

C’est là que je me suis demandé : la roue, elle arrête quand de tourner?

La tempête parfaite

Nous consommons deux fois plus à crédit qu’il y a 30 ans. Notre dette personnelle a triplé depuis ce temps. Depuis 1990, notre endettement augmente 7 fois plus vite que nos revenus, selon l’Institut Vanier.

Les gouvernements font pareil. À combien s’élevait notre dette publique au tournant des années 1970? Allez, essayez. 100 milliards? 50? Réponse : 0 $. Aujourd’hui? 241 milliards $. En 40 ans. Les villes aussi vivent au-dessus de leurs moyens, et s’endettent de plus en plus.

Et tous les démographes le disent : notre société vieillit dangereusement. Le nombre de personnes âgées se multiplie, pendant que les travailleurs se font de plus en plus rares. Bientôt les hôpitaux vont craquer, et les coûts de santé vont exploser. Qui va payer?

Ajoutez à cela les promesses de retraites dorées qu’ont signées plusieurs grandes entreprises, et aussi notre gouvernement. Promesses qui seront impossibles à honorer. À moins, dans le cas de l’État, de hausser substantiellement les impôts. Bonne chance avec ça.

Mais on continue…

Les Anglais appellent ça du pull-forward demand. Depuis des années, nous avons consommé tout de suite — via le crédit — notre consommation de demain. Depuis au moins 10 ans, nous nous sommes payés de la croissance économique (du PIB) à crédit. Et si la loi de la gravité tient toujours, une sévère gueule de bois nous attend demain. La crise économique de 2008 n’en est que le premier balbutiement.

Sauf que demain, on n’en a rien à foutre. On couche devant le Apple Store pour se payer à crédit le nouveau iPhone. On se paye le cabanon, la clôture, le spa sur la marge de crédit. La Grèce est en feu? Les Bourses paniquent? Bah… Ma job est « safe ». Je peux aller à Cuba cet hiver l’âme en paix. Je rembourserai l’an prochain.

Au gouvernement, on embauche 1000 fonctionnaires de plus. On se verse des bonis à droite et à gauche. On rajoute des structures. Un TGV? Pourquoi pas! Faisons tout cela, et ajoutons 8-9 milliards sur notre dette collective, encore.

La croisière s’amuse. Inconsciente. Pendant qu’une tempête parfaite se déchaîne à l’horizon. Une tempête qu’on semble toujours repousser à plus tard.

Jusqu’à ce qu’un jour, la roue arrête de tourner.

—-
Sur le web

Voir les commentaires (3)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (3)
  • Cette civilisation, qui semble incapable d’échapper à sa fin, restera dans l’histoire comme le triomphe de la préférence temporelle.

  • contre l’endettement et la consommation personnelle on peut agir.on vit tres bien avec un salaire modeste si on ne consomme pas n’importe quoi et qu’on n’a pas de credit.la dette de l’etat est bien plus inquiétante,car on assiste a ces dérives , impuissants

  • Le gouvernement désire embaucher 1000 fonctionnaires pour controler les dérives du secteur … PRIVÉ qui arnaque le gouvernement avec de la collusion entre entrepreneurs et de faux dépassement de coût calculé par des ingénieurs du PRIVÉ qui reçoivent des petits cadeaux de l’entrepreneur PRIVÉ qui s’en met plein les poches.

    Alors faites-moi pleurer avec TOUT AU PRIVÉ !!!

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Mardi 27 février, Florian Grill, le président de la Fédération française de rugby, menaçait de délocaliser les matchs du XV de France hors du Stade de France à l'occasion d'un entretien à l'AFP. Le bras de fer entre la mairie de Paris et le PSG au sujet du Parc des Princes avait, lui aussi, connu un nouveau rebondissement le mois dernier : l’adjoint écologiste à la mairie de Paris, David Belliard, ne souhaitait pas le voir vendu au Qatar. Le président du PSG Nasser Al-Khelaïfi s’en était ému, accusant à demi-mot la mairie de Paris de racisme.... Poursuivre la lecture

5
Sauvegarder cet article

Comme chaque année, les chiffres de la balance commerciale sont minorés et présentés en retirant les frais de transport du montant de nos importations.

Les frais de transport sont pourtant une partie intégrante du coût de revient et sont répercutés sur le prix de vente au consommateur. Mais pourtant, ils sont retraités afin de les comparer aux chiffres des exportations qui, eux, n’intègrent pas les frais de transport. L’opération semble contestable…

Les « vrais » chiffres de la balance commerciale de 2022 avaient ainsi frôlé les... Poursuivre la lecture

Un article de Philbert Carbon.

La Fondation Valéry Giscard d’Estaing – dont le « but est de faire connaître la période de l’histoire politique, économique et sociale de la France et de l’Europe durant laquelle Valéry Giscard d’Estaing a joué un rôle déterminant et plus particulièrement la période de son septennat » – a organisé le 6 décembre 2023 un colloque intitulé : « 45 ans après les lois Scrivener, quelle protection du consommateur à l’heure des plateformes et de la data ? ».

 

Protection ou infantilisation du cons... Poursuivre la lecture
Voir plus d'articles