Gouvernance européenne: panique à bord !

La rébellion s’organise à travers l’Europe rappelant aux dirigeants politiques que l’idée de « plus d’Europe pour moins de liberté » ne passera pas.

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Gouvernance européenne: panique à bord !

Publié le 29 septembre 2011
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La gouvernance européenne est apparemment hors de contrôle. L’UE en tant qu’entité politique souffre d’un « déficit démocratique » et la rébellion s’organise à travers l’Europe rappelant aux dirigeants politiques que l’idée de « plus d’Europe pour moins de liberté » ne passera pas.

Par Sophie Quintin-Adali
Article publié en collaboration avec UnMondeLibre

La classe intellectuelle et politique européaniste se mobilise pour haranguer les citoyens sur l’impératif de remettre à Bruxelles davantage de pouvoirs souverains (une union budgétaire) au nom du concept flou de solidarité. La rébellion s’organise à travers l’Europe rappelant aux dirigeants politiques que l’idée de « plus d’Europe pour moins de liberté » ne passera pas.

Hors de contrôle

La gouvernance européenne est apparemment hors de contrôle. Le spectacle de l’élite fédéraliste essayant désespérément de sauver le modèle d’État providence européen en crise n’est pas rassurant. En dépit de ses leçons de démocratie au reste du monde, l’Union européenne en tant qu’entité politique souffre d’un « déficit démocratique », à savoir « des lacunes dans la représentation, la représentativité et la reddition des comptes ». Un problème crucial est la déconnexion croissante entre la strate supranationale de gouvernance et les peuples.

Les sommets européens sont devenus toujours plus surréalistes, comme s’ils prenaient place sur une autre planète. Ils sont également devenus moins … « européens ». La présence du secrétaire au Trésor américain en Pologne en est une illustration. Où exactement dans le traité de Lisbonne les États-Unis sont-ils caractérisés comme « conseiller spécial » au Conseil européen? Et que penser de l’entrée de la Chine communiste sur la scène de l’eurogouvernance? Si elle prête une main plus généreuse, pleine de Yuans pour acheter de la dette souveraine, son avis aura de facto plus de poids que celui de la plupart des États membres…

Du « consensus » au « consensus coercitif »

Le rapprochement de l’Europe en un espace unique a été d’abord et avant tout une question d’économie, non pas de démocratie ou de solidarité. La légitimité du processus d’intégration venait de la paix et, surtout, de la prospérité apportées par le développement d’après-guerre dans le cadre du marché commun. 20 ans après le Traité de Maastricht (et ses fameux critères), le Traité de Lisbonne n’a pas réglé la question du déficit démocratique. Au regard de l’actualité, les décisions prises engagent les peuples bien au-delà des termes des Traités. L’intégration politique est resté un processus imposé par l’élite « d’en haut ».

Pris dans un sens large, le « consensus » entre l’élite et les peuples par lequel les États démocratiques (et leurs peuples) ont accepté de renoncer aux droits souverains en échange de la prospérité économique est en train de s’évaporer. Sans la prospérité économique, le projet plus large d’une union politique énoncée par les « pères fondateurs » ne serait allé nulle part. En 2011, l’Europe est « face à l’abîme ».

L’Union monétaire et la mise en œuvre du « marché social » ont fini par mettre un coup de frein à la prospérité. L’Union a perdu en compétitivité dans un monde en évolution rapide. En fait, comme cela a été soutenu de façon convaincante par le président tchèque, Vaclav Klaus, le processus d’intégration politique lui-même a entravé le développement économique.

Les sirènes d’alarme hurlent dans les couloirs de la gouvernance européenne. C’est la panique à bord. Après des années de déclin économique, les économies du bloc sont maintenant dans le trou de récession et de la dette souveraine. La rue européenne se sent trompée.

Les contribuables allemands disent « nein » à davantage de renflouement en tenant leurs politiciens pour responsables aux élections locales. Lorsque le traité de Maastricht (1992) instituant l’Union économique et monétaire avait été discuté, le deal était clair : leur accord à renoncer à leur bien-aimé Deutschemark en échange de la clause de non-renflouement. Aujourd’hui on parle d’un mécanisme permanent de renflouement…

Le scandale des finances publiques grecques a été découvert non par le « gardien » des traités (la Commission), mais par les marchés et les agences de notation. Les politiciens irresponsables grecs se sont livrés à des années de débauche alors que « la gouvernance de l’UE » tournait la tête. Les citoyens grecs pensent que leur pays est devenu un protectorat avec casques bleus budgétaires désormais sur le terrain pour maintenir la « paix CE-BCE-FMI »…

Malheureusement, la salle d’attente européenne est pleine de patients. La question est: jusqu’où le « consensus de coercition » mènera-t-il le projet de l’UE, et ses peuples, sur la route de la servitude économique?

Davantage d’Europe pour moins de liberté

Bien que chaque jour apporte son lot de mauvaises nouvelles, les idéologues fédéralistes continuent d’annoncer leurs croyances quasi-mystiques en un projet politique intégrationniste. L’élite dirigeante cherche à imposer le consensus autour de « davantage d’Europe » par tous les moyens possibles. Le discours sur le risque de guerre prononcé par le ministre des Finances polonais devant le Parlement européen a été le dernier ajout à la boîte à outils de la communication fédéraliste. Les catastrophistes se surpassent pour instiller la peur dans l’esprit des citoyens avec leurs sombres prophéties. Bien sûr la situation est grave, mais l’hystérie n’aide pas vraiment.

La montée de l’euroscepticisme, que ce soit à gauche ou à droite, n’est pas uniquement le « travail des forces sombres du nationalisme ou du populisme ». C’est plutôt la conséquence d’une gouvernance européenne devenue folle et une réaction au diktat du consensus pour « plus d’Europe » imposé à tout prix. C’est un cri salutaire, pour la responsabilité et la reddition des comptes, lancé au visage d’un système collectif d’irresponsabilité.

Pour les citoyens, la « nouvelle donne » élaborée à huis clos par les mécanismes du processus décisionnel européen est susceptible de signifier davantage d’intégration politique au prix de moins de prospérité et de moins de… démocratie. Comme pour le célèbre pont, ce deal pourrait bien être le deal « trop loin ».

—-
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  • « la « nouvelle donne » élaborée à huis clos par les mécanismes du processus décisionnel européen  »
    ( qu’est ce à dire ???)
    http://www.dailymotion.com/video/xdb0zx_le-nouveau-logo-de-l-eurodictature_news#from=embediframe

  • J’aime bien le début de votre critique, mais ensuite je trouve que vous allez vraiment trop loin. Il y a un manque flagrant de démocratie, mais vous assimilez les fédéralistes à l’idée de création d’une Europe encore plus opaque et loin du peuple. c’est fondamentalement faux.
    les fédéralistes veulent une Europe unie, mais avec le peuple qui élise un parlement fédéra, et des institutions ayant un lien entre le citoyen et le représentant. AUCUN fédéraliste ne souhaite une Europe bricolé avec « gouvernement économique » à gauche, commission ici parlement sans pouvoir la bas.
    et pour répondre à votre critique sur les institutions de l’UE, qui sont si mauvaises qu’elles entrainent une montée de l’euroscepticisme, il me suffit de vous rappeler que c’est le conseil Européen, donc les Etats qui ont crée des institutions avec « le cul entre deux chaises ». Nous avons une monnaie et une banque centrale (du fédéralisme) mais qui ne peut rien faire, et en ne faisant rien asphyxie nombre des pays de la zone avec euro trop fort. c’est les ETATS qui ont fait une politique monétaire commune et oublié la politique économique !

    J’ai bien compris que vous êtes loin d’être un pro-européen, mais je vous en prie, un peu d’impartialité dans votre critique. l’Europe actuel est mauvaise je vous l’accorde, le statu quo est impossible à imaginer, mais ce n’est pas une vision des fédéralistes d’avoir des morceaux d’institutions entre les mains des bureaucrates de Bruxelles et Strasbourg !

    • Le ‘peuple’ a déjà voté non aux traités de l’UE, alors quel buvard d’acide faut il prendre pour croire que le ‘peuple’ devrait voter pour un président d’institutions dont ils ne veulent pas entendre parler. On n’a pas besoin d’eurocrates pour l’espace shengen, l’UE est inutile, et le ‘peuple’ n’en veut pas, regardez les résultats des référendums. Et les eurocrates ne veulent pas de la démocratie, regardez ce qu’ils ont fait de ces résultats démocratiques qui leur disaient NON. Ils les ont mis à la poubelle.

      • on ne peut pas qualifier l’union européene de démocratique.il n’y a qu’a voir les traitements faramineux qu’ils s’auto attribuent.quant a leur action elle se résume en deux points:une agence de régulation de la consommation et une agence de reception des dons des lobbies.aucune vision sociétale ni économique(ah si barroso est pour la taxe tobin,qu’est ce qui lui a pris brutalement?)

  • Un vrais fédéraliste c’est ceci: :http://www.challenges.fr/actualite/monde/20110928.CHA4815/et-si-l-europe-elisait-son-president-de-l-union.html

    Monsieur Wolfgang Schäuble, l’un des derniers vrais fédéralistes étant au pouvoir.
    c’est certes insuffisant, mais l’idée est la. un président élu par les citoyens !

  • Moi y’a un truc qui me chiffonne dans les eurobonds. Si l’on ajoute les dettes en nominales de tous les pays de la zone Euro et que l’on divise ce chiffre par le nombre d’habitant, quel ratio obtenons nous en comparaisons au ratio en France ???? Je suis pas sur que l’on gagne franchement à plus d’Europe.

    Ou peut on avoir les chiffres des dettes de chaque état ?????

  • La question étant comment vivre le décès de l’État Providence, l’idée de rajouter une couche d’étatisme semble complétement déplacée.

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