Diaboliser le profit

Ce n’est pas le profit qu’on doit diaboliser. Mais plutôt le manque de concurrence et ceux qui cherchent à truquer le système en leur faveur

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Diaboliser le profit

Publié le 4 septembre 2011
- A +

Ce n’est pas le profit qu’on doit diaboliser. Mais plutôt le manque de concurrence et ceux qui cherchent à truquer le système en leur faveur.

Par David Descôteaux, depuis Montréal, Québec

Dans ma dernière chronique, je disais qu’on devrait enterrer le mythe selon lequel les Québécois perçoivent négativement le succès financier. C’était peut-être vrai dans les années 1950, où on se faisait enfirouaper par le curé, mais les Québécois ont changé depuis.

Un lecteur, Normand, apporte une nuance intéressante. Le problème, dit-il, n’est pas celui du succès financier. Les Québécois n’ont aucun problème avec la richesse affichée de nos artistes ou sportifs. Nous sommes fiers de leur succès, et l’attribuons à leur talent et effort. Mais c’est autre chose quand on parle de profit. Nous avons tendance au Québec à diaboliser le profit. Si une entreprise fait de gros profits, c’est que l’entrepreneur exploite ses employés. Ou qu’il occupe une position dominante dans son marché. Ou les deux.

Même les entrepreneurs eux-mêmes le ressentent. Certains m’ont écrit pour me dire qu’ils se sentent un peu mal quand ils font « trop » de profit!

C’est vrai que le mot « profit » est suspect au Québec (et pas seulement au Québec). Plusieurs perçoivent le profit, quand il vient du secteur privé, en opposition à l’« intérêt public ». On voit les entrepreneurs privés comme des gens aux intentions égoïstes, alors que les fonctionnaires et politiciens seraient des anges dévoués à l’intérêt public (hu-hum!).

Grosse erreur!

En réalité, les entrepreneurs n’ont pas le choix de contribuer à l’«intérêt public». Sinon, ils crèvent!

J’ai retrouvé hier un passage d’un manuel d’économie politique des HEC, écrit par Jacques Raynauld et Yvan Stringer. Je le résume : pour augmenter son profit, l’entreprise doit offrir à sa clientèle ce qu’elle désire, au meilleur prix possible. Évidemment, le marchand de vélos ou le restaurateur brasse des affaires pour son profit. Mais accessoirement, il sert la collectivité. Ce n’est pas un choix, mais une question de survie!

Dans le privé, le profit n’arrive qu’avec une relation fructueuse avec sa clientèle, écrivent les auteurs. Le client doit y retirer un avantage net. Les entreprises qui offrent une plus value recherchée par les consommateurs ont du succès et… font des profits! Tout le monde est content.

C’est ce que je disais de Steve Jobs la semaine dernière. Le PDG d’Apple en a probablement fait plus pour ses concitoyens — avec ses produits et les milliers d’emplois qu’il a créés — que n’importe quel politicien. Et qui sait? Jobs n’a peut-être rien à cirer du « bien commun ».

La clé : les règles du jeu

Bien sûr, on trouve de l’abus, de la triche et toute sorte de problèmes dans des entreprises privées. Mais est-ce différent du secteur public? Où scandales, abus et corruption font encore plus souvent les manchettes?

La clé, soulignent Raynauld et Stringer, ce sont les règles du jeu. Partout, on doit favoriser la concurrence. De cette façon, un entrepreneur ne peut exploiter ses consommateurs en augmentant le prix de ses produits. Car il perdrait sa clientèle au profit de ses concurrents. Même chose au gouvernement : si les règles du jeu permettent aux fonctionnaires et politiciens d’accroître leur propre bien-être au détriment de l’intérêt public, on n’est pas plus avancé. C’est généralement quand des monopoles sévissent — autant dans le privé que dans le public (la SAQ par exemple) — qu’on voit des abus ou des profits «excessifs».

Ce n’est donc pas le profit qu’on doit diaboliser. Mais plutôt le manque de concurrence, là où il sévit. Ainsi que tous ceux qui cherchent à truquer le système en leur faveur.

—-
Sur le web

Voir les commentaires (5)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (5)
  • « C’est généralement quand des monopoles sévissent — autant dans le privé que dans le public (la SAQ par exemple) — qu’on voit des abus ou des profits «excessifs». »

    Qu’est ce que la SAQ ? :p

  • Encore du cassage de sucre sur le dos de la SAQ. M. Descôteaux semble tout ignorer du monde de l’alcool; dans ce monde ce sont de gros joueurs qui obtiennent les meilleurs produits et c’est grâce au monopole de la SAQ que les Québécois ont accès à quantité de bons produits à bon prix (en fait les produits sont chers, mais c’est à cause des taxes; les profits reviennent au gouvernement, et donc à la collectivité).

    Si M. Descôteaux faisait un peu moins d’idéologie, on le prendrait peut-être moins pour un amateur.

    • « c’est grâce au monopole patati patata »
      Foutaises vibrantes de bêtise.

      Il y des douzaines de pays où ce monopole n’existe pas (Dieu merci) et comme par hasard, les gens ne meurent pas d’intoxications, et les prix sont inférieurs à ceux constatés au Canada (et sans mal, en plus).

      Si Descôteaux est un amateur, vous êtes un gros clown.

  • Un exemple ?
    Wikileaks révèle un télégramme de l’Ambassadeur américain suite à son entretien avec Javaux (Président Parti Ecolo Belge)…. « Monsieur Javaux a le soutien de nombreux industriels »….

    heu.. si ça ce n’est pas un exemple de capitalisme par connivence , faut qu’on m’explique…. « le soutien de bcp d’industriels »… bin oui, les lois que Javaux va réussir à faire passer arrangent bien les lobbies verts…. à coup de subventions délirantes, ces industriels vont s’en foutre plein les poches !

    HONTEUX !!

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Auteur : Anne Jeny, Professor, Accounting Department, IÉSEG School of Management

Les processus de création de valeur ont connu d’importantes évolutions ces dernières années. Comparons par exemple Google (Alphabet), un étendard de la nouvelle économie et une entreprise relevant du secteur industriel traditionnel, comme le constructeur automobile General Motors. La réussite de Google apparaît au travers de sa capitalisation boursière, celle-ci atteignant 1148 milliards de dollars pour environ 190 234 salariés fin 2022. General Motors aff... Poursuivre la lecture

Article publié initialement sur l'IREF.

Cet été 2023, la SNCF a atteint un jalon impressionnant en vendant pas moins de 24 millions de billets de train, marquant ainsi une augmentation de 4 % par rapport à l'année précédente.

Ce record aurait pu être encore plus conséquent si elle disposait d'un parc de wagons plus important. Au cours de la dernière décennie, la compagnie ferroviaire a réduit son offre, passant de 520 à 360 wagons, laissant ainsi une part significative de la demande insatisfaite, en particulier entre mai et débu... Poursuivre la lecture

Par Philbert Carbon. Un article de l'IREF

 

Idée gaulliste s’il en est, la participation des salariés aux résultats de l’entreprise, instaurée en 1959, avait pour ambition initiale de rapprocher patrons et salariés en leur donnant des intérêts communs. Une récente étude du Centre d’analyse économique tend à montrer que cette participation se fait au détriment des actionnaires. Ainsi, elle contribuerait plutôt à les opposer.

En 1959, en lançant la participation des salariés aux résultats de l’entreprise, le général de... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles