Après la règle d’or de Sarkozy, la règle du 1/11 de Fillon

Avec la règle du 1/11 de Fillon, c’est l’austérité pour les français mais pas pour leur administration

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Après la règle d’or de Sarkozy, la règle du 1/11 de Fillon

Publié le 27 août 2011
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Avec la règle du « 1/11 » annoncée par le premier Ministre français François Fillon, c’est l’austérité pour les français mais pas pour leur administration. On rabote les niches fiscales, alors que la vraie urgence est celle du rabotage des « niches administratives ».

Par Emmanuel Martin
Article publié en collaboration avec UnMondeLibre

Face à l’emballement de la dette, ce 24 août le premier Ministre français François Fillon a annoncé son plan pour « économiser ». Ironie de la rhétorique politique, il n’est pourtant guère question d’économies réelles dans ce plan : seulement 1 milliard sur un plan de 11 milliards. Cela signifie donc essentiellement 10 milliards de rabotage de niches fiscales et de hausses de contributions, impôts et taxes diverses : sur l’alcool, les cigarettes, le soda (pour notre bien à tous), et bien sûr, le capital et les riches… Voici donc ce qu’on appellera peut-être bientôt la règle Fillon : la « règle du 1/11 », 1 milliard d’économie réelles sur un plan de 11 milliards « d’économies » !

Avec la règle du « 1/11 », c’est donc l’austérité pour les français mais pas pour leur administration. Car, alors que le Premier Ministre affirme que « le seuil de tolérance de l’endettement est dépassé », c’est en réalité le seuil de tolérance de la dépense publique qui est dépassé (55% du PIB), et ce, depuis fort longtemps.

Le piège de la règle d’or que nous dénoncions il y a peu s’est bien refermé : le débat n’a pas porté sur des rationalisations de l’administration et de la dépense publique, de manière à réduire cette dernière, mais sur comment revenir à l’équilibre budgétaire, ce qui, dans un pays allergique à la réforme, ne pouvait que se traduire par « comment augmenter impôts et contributions ». La règle d’or a ainsi permis au gouvernement de se concentrer sur le retour à l’équilibre budgétaire plutôt que sur les réductions de dépenses pouvant y mener. En clair : on rabote les niches fiscales, alors que la vraie urgence est celle du rabotage des « niches administratives ».

Ce « plan » est aussi critiquable pour trois autres raisons. D’abord sa faible ampleur. Que sont ces 11 malheureux milliards face à un déficit qui se rapproche des 150 milliards ? Au vu de l’urgence de la situation, notamment dans le contexte européen actuel, on vient de donner un petit os à ronger aux marchés pour les calmer, de la poudre aux yeux. Mais seront-ils dupes longtemps ?

Ensuite, dans une tradition bien française, plutôt que de simplifier la fiscalité et de la remettre à plat, on change à nouveau les règles à la marge, en rajoutant une couche de complexité. Ceci a pour effet de générer une incertitude fiscale, qui est extrêmement nocive pour l’entrepreneuriat et l’investissement. Exactement comme le fait de « taper » à nouveau sur l’épargne. Enfin, dans ces conditions, les hypothèses du gouvernement sur la croissance (un très optimiste 1,75% au lieu d’un utopique 2,25%) font sourire.

Ce plan n’est pas sérieux. Il se veut doublement démagogique : pour les électeurs en faisant croire qu’on va faire « un peu » payer les riches dans un moment difficile, et pour les marchés, en donnant l’illusion que la France maîtrise enfin ses finances publiques, ce qui ne sera en fait jamais le cas tant qu’elle ne maîtrisera pas ses dépenses. On attendait beaucoup mieux de la part de l’homme qui déclarait il y a quatre ans « je suis à la tête d’un État en faillite ».

Les français, qui vont devoir à nouveau payer pour l’incurie de leurs dirigeants, ne doivent pas se laisser anesthésier, dire « non » et exiger des comptes. Enfin.

—-
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  • comment exiger des comptes?
    cordialement.

  • En France, uniquement par le vote, si les règles sont loyalement respectées.

    • En France, les règles sont respectées, mais un élu étatiste remplace toujours un autre élu étatiste.
      Donc, il est impossible d’exiger des comptes dans ce pays

  • En France le contrôle démocratique de la dépense ne peut pas marcher :
    – la décentralisation « à la française » a créé la confusion entre missions et financements : on ne sait plus qui décide quoi et donc qui tenir pour responsable. Dans ces conditions les « élus » ont une incitation à dépenser pour acheter leur clientèle électorale, consolider leur fief bureaucratico-politique.
    – les élus ont des poste de « garage » entre chaque mandat
    – la Cour des comptes ne sert à rien (rien à voir avec le NAO de Grande Bretagne)

  • Les commentaires sont fermés.

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