On se trompe de pillards

L’attention est trop facilement fixée sur les violences et les pillages de la rue, alors qu’on devrait aussi noter en haut les marques de pourriture.

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On se trompe de pillards

Publié le 23 août 2011
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Riots-Hackney-007« Une riposte sociale veut dire qu’il faut instiller dans notre jeunesse la politesse, la discipline et le sens du devoir qui en feront de bons citoyens », explique l’archi-hypocrite, David Cameron, cet homme qui tente de nous convaincre qu’il arrive à gérer les récentes émeutes et pillages.

Un autre prétendant est Tony Blair, qui au moins a raison lorsqu’il se moque des « raisonnements embrouillés » de ceux à Gauche comme à Droite. Les deux, prétend-il, « sont à côté de la plaque » sur la cause des émeutes. Les raisons de ces problèmes ne proviennent pas d’un manque de lien social ou d’une absence de sens des responsabilités personnelles. En fait, dit-il, l’Angleterre, comme « virtuellement tous » les pays développés, doit apprendre à gerer des groupes de personnes qui dépassent les bornes.

« Les principaux responsables sont ces groupes de jeunes aliénés, » explique-t-il, « mécontents, et qui sont en marge de la société et qui vivent dans une culture décalée des règles essentielles des comportements sains. Et voilà pourquoi je ne suis simplement pas d’accord avec la plupart des commentaires. D’après mon expériences, ils représentent un problème spécifique qui nécessitent une réponse profondément spécifique ».

Cette polarisation donne au parlement exactement ce qu’il veut, puisqu’il peut maintenant transformer l’analyse post-mortem des événements en spectacle de grand guignol, un genre qu’il sait gérer à merveilles.

Cependant, Blair a raison sur un point, en affirmant que les mécontentements observés à Tottenham et ailleurs sont un phénomène international, par exemple avec les incendies de voitures à Berlin. Cela cause le même étonnement et la même angoisse que les émeutes ici. Et, avec le récent développement de violences de rues à Hamburg, nous bénéficions d’images télé terriblement familières.

Certains avancent, cependant, qu’une part des violences a été orchestrée depuis Birmingham, avec un raisonnement similaire pour Londres, où l’on dit que des étrangers ont été amenés en bus pour y faire leurs « affaires ».

En tout cas, cette explication a tendance à balayer la théorie que nous serions en face d’une « violence aveugle » – le petit nom préféré donné par la Droite. Si c’était « organisé », ça pouvait difficilement être « aveugle » en même temps. Mais ce qui échappe autant à la Droite qu’à la Gauche, c’est une idée bien claire des raisons essentielles – une autre chose sur laquelle Blair a raison.

Cependant, pendant que Cameron radote sur la « politesse, la discipline et le sens du devoir qui font les bons citoyens », lui et ses prédécesseurs (Blair y compris) ont présidé une épidémie de pillages organisés qui relèguent les efforts des gangs de rue au rang d’enfantillages.

Ainsi ce week-end, nous voyons Peter Mandelson faire une offre pour une maison à 8 million de livres, et personne n’essaie même de prétendre que cette quantité d’argent a été obtenue de façon honnête. On observe aussi que la moitié des cadres municipaux les mieux payés ont bénéficié d’une augmentation de salaire alors que leurs services sont réduits, et en dépit des ordres du gouvernement de réduire leurs salaires.

Ceci vient à la suite d’autres exemples de pillage organisé, où les cartes de crédits du Conseil ont été utilisées pour dépenser 1.5 million de livres sur des objets qui incluent de l’ameublement et des bijoux de designer, et, oui, des écrans télé plasma. Ces conseillers et fonctionnaires municipaux ont aussi dépensé plus de 4 million de livres en voyages luxueux autour du monde.

Comme exemples de « politesse, discipline et sens du devoir qui font les bons citoyens », ces derniers puent carrément, mais personne ne semble vouloir en tirer de conclusion. Néanmoins, il semble que Cameron pourrait avoir un peu plus raison que Blair en cherchant la cause des émeutes dans un « déclin moral ». Là où le type a tort, c’est où il cherche les raisons de ce déclin.

L’attention est trop facilement fixée sur les violences et les pillages de la rue, alors qu’on devrait aussi noter en haut les marques de pourriture. A première vue, nous sommes en train de perdre notre argent en coffrant les mauvais pillards.

—-
Traduit depuis le site de l’auteur avec son aimable permission

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Créer un compte Tous les commentaires (1)
  • « nous sommes en train de perdre notre argent en coffrant les mauvais pillards. »

    Et si on coffrait les deux plutôt ? L’idée d’avoir des élus enfin sous contrôles mais des vitrines défoncées me semble plutôt étrange.

  • Les commentaires sont fermés.

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