La désastreuse politique économique d’Obama

Charles Gave analyse pour Le Bulletin d’Amérique la politique économique de Barack Obama

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

La désastreuse politique économique d’Obama

Publié le 18 mai 2011
- A +

De la bataille budgétaire au projet de santé en passant par la FED, Charles Gave analyse pour Le Bulletin d’Amérique la politique économique de Barack Obama. Membre de l’Institut Turgot, fondateur de la société GaveKal, Charles Gave est économiste financier. Il a écrit de nombreux ouvrages, le dernier en date étant L’Etat est mort, vive l’Etat ! Il tient le blog lafaillitedeletat.com. (Illustration: les Ernest/ENS)

***

Le Bulletin d’Amérique : Depuis le début de l’année, les chiffres du premier trimestre montre un certain essoufflement de l’économie américaine. Notamment la croissance est tombée à 1,8 %. Faut-il craindre un retour de la récession ?

Je ne le crois pas, car le dollar est actuellement très sous-évalué et il est difficile d’imaginer une récession dans ces conditions. C’est quelque chose qui se produit très rarement. Toutefois, les seuls à avoir été surpris par l’absence de croissance aux États-Unis sont ceux qui considèrent qu’une politique keynésienne peut fonctionner. Or avec une telle politique, l’économie marche très mal.

LBdA : Comment expliquez-vous cette croissance molle ?

Il y a eu certains phénomènes exceptionnels qui peuvent l’expliquer, comme par exemple la chute des dépenses de défense. Mais si l’on observe la consommation et l’investissement, la croissance a été tout à fait satisfaisante. La conjoncture moyenne devrait donc être corrigée dans les prochaines statistiques à venir.

Beaucoup de personnes se sont mises à acheter de l’or et de l’argent. On est en plein dans une bulle et des gens vont se ruiner.

LBdA : Ben Bernanke n’a-t-il pas raison de vouloir soutenir l’économie par une politique accommodante vis-à-vis des taux d’intérêts ?

Pas du tout. Pour que le capitalisme fonctionne, il faut qu’il y ait un coût du capital. Sans cela, le capitalisme ne fonctionne qu’en raison de ce que Schumpeter appelait la création destructrice. En maintenant les taux d’intérêts réels négatifs, la destruction ne peut pas avoir lieu. Les mauvaises sociétés continuent à avoir accès au capital car cela ne leur coûte rien. D’autre part, la politique de la FED permet la croissance des dépenses de l’État qui se finance à des taux négatifs. Il n’existe malheureusement pas d’exemple d’une telle politique qui n’ait pas débouché sur un ralentissement économique structurel. Quand les États-Unis l’ont fait dans les années soixante-dix, ils sont passés d’un taux de croissance structurelle de 4 % par an à 1,5 % en 1980. Depuis 2002, on a fait la même chose et les États-Unis ont une croissance de 1,5 ou 2 %. La politique de la banque centrale américaine a donc pour conséquence une croissance plus faible, un accroissement du rôle de l’État et du niveau de la dette. Beaucoup de personnes se sont mises à acheter de l’or et de l’argent. On est en plein dans une bulle et des gens vont se ruiner. Un jour ou l’autre, les marchés vont reprendre la main, les taux d’intérêt vont remonter à un niveau de marché et quand cela s’est produit en 1980, l’or est passé de 800 à 200, le pétrole de 40 à 5, l’Amérique latine a fait faillite et le Standard & Poor 500 a triplé. Donc, on est dans une période où la politique de la FED a complètement distordu les prix sur le marché.

La faillite de l’État américain est impossible pour une raison simple, c’est qu’il peut imprimer sa propre monnaie.

LBdA : Ce début d’année a été marqué par une bataille sans précédent au Congrès entre républicains et démocrates, concernant la question du budget et la réduction des déficits. Pourrait-on imaginer un scénario, comme en Grèce, de faillite de l’État aux États-Unis ?

La faillite de l’État américain est impossible pour une raison simple, c’est qu’il peut imprimer sa propre monnaie. Milton Friedman disait toujours que le déficit n’a aucune importance. Ce qui compte, c’est la croissance des dépenses de l’État. Or la présidence Obama a amené à la plus forte croissance de l’État qu’il n’y ait jamais eu aux États-Unis. Le vrai danger, c’est que la présidence Obama est en train d’essayer de transformer le pays en social-démocratie. Or les Américains n’en veulent pas. La solution à la crise est donc une réduction des dépenses de l’État. Qu’on revienne aux 22 % qui sont la norme des dépenses de l’État, et non pas 27 ou 28 créés par Obama à partir de rien. À titre d’exemple, le fonctionnaire de base a 130 000 dollars par an, le salarié privé a 85 000. Les Américains considèrent qu’avant d’augmenter les impôts, il faut ramener les fonctionnaires au niveau des travailleurs du privé.

LBdA : Le gouvernement devrait atteindre la limite maximale des 14 300 milliards de dollars de dette le 16 mai prochain. Jusqu’à quand pourra-t-on relever le plafond de la dette américaine ?

La grande question est de savoir si en 2012, les Américains vont faire ce qu’ont fait la Suisse, l’Allemagne et la Suède, à savoir voter un amendement constitutionnel pour empêcher l’État d’être en déficit. L’un des principes centraux de la démocratie, c’est qu’il n’y a pas de représentation sans impôt, et pas d’impôt sans vote. Or, en taxant nos enfants et petits-enfants en faisant de la dette, on va faire payer des gens qui n’ont pas voté pour ces dépenses. Démocratiquement, ceci est insupportable. Personne ne peut être pour la démocratie et pour le déficit budgétaire à la fois.

LBdA : Condamnez-vous l’attitude jugée jusqu’au-boutiste des républicains sur la question du budget en ce début d’année ?

La position des républicains est assez simple. Ils affirment que le problème, c’est l’excédent des dépenses de l’État. Or les démocrates ont augmenté les dépenses de façon invraisemblable. De fait, le moyen terme n’est pas une solution satisfaisante sur le plan intellectuel. Les républicains constatent que lorsque monsieur Obama est arrivé, il y avait un fonctionnaire au département du transport. C’était le ministre qui gagnait plus de 250 000 dollars par an. Maintenant, il y a près de 250 agents publics. Commençons par nettoyer les écuries d’Augias. Il faut se rendre compte que ceux qui ont le pouvoir aux États-Unis sont ceux qui sont là depuis longtemps. C’est la règle de l’ancienneté qui prime pour monter dans les commissions. Les élus démocrates actuels sont ceux qui ont été élus par les circonscriptions les plus à gauche, du style de Nancy Pelosi.

Le projet de santé fait plus de 18 000 pages. C’est une usine à gaz qui va faire exploser le déficit budgétaire dans les années qui vont venir.

LBdA : Cette augmentation des dépenses n’était-elle pas nécessaire pour permettre aux 16 millions d’Américains non couverts d’accéder à une assurance santé ?

Il y a un problème de fond et de forme. Sur la forme, Obama a monté un projet qui fait plus de 18 000 pages. C’est une usine à gaz qui va faire exploser le déficit budgétaire dans les années qui vont venir, alors qu’il a prétendu le contraire. Il a compté les recettes sur les 10 ans qui viennent et les dépenses simplement sur sept ans. Ce programme n’est donc pas financé et n’est pas efficient. Beaucoup de salariés vont être licenciés car les sociétés ne peuvent pas connaître les coûts où n’ont pas bien compris comment cela va fonctionner.

D’autre part, il n’est pas certain que ce programme soit constitutionnel. La Cour suprême doit encore se prononcer car dans la constitution américaine, il est interdit pour l’État de forcer les gens à acheter quelque chose. Sur le fond, les gens pauvres sont assurés par Medicare, tandis que les gens vieux sont assurés par Medicaid. Ceux qui n’ont pas de couverture sont donc des personnes qui n’ont pas voulu souscrire une assurance, estimant que la probabilité de tomber malade était trop faible. Si ces 16 millions de personnes arrivent sur le marché, les hôpitaux et le corps médical ne sont pas prêts à traiter cette demande nouvelle. Si les gens n’ont pas envie de s’assurer, pourquoi les forcer ?

cette génération […] autour d’Obama n’a qu’une idée, c’est de montrer que Thatcher et Reagan avaient tort. Or ils avaient raison.

LBdA : Nous sommes à un an de la campagne électorale pour les présidentielles. À ce jour, comment jugez-vous le bilan économique de Barack Obama ?

Désastreux. Ce bilan est très comparable à celui de Jimmy Carter. Vous remplacez l’inflation par la dette et vous aboutissez au même résultat. Le chômage reste très haut, les États-Unis sont en perte de crédibilité dans le domaine international malgré la mort de Ben Laden, le dollar s’effondre, l’or s’envole, le Moyen-Orient est un désastre, la gestion des négociations avec l’Iran est une catastrophe. Quand on compare les quatre ans de Barack Obama avec ceux de Reagan, il y a un fossé énorme. Sous Reagan, des millions d’emplois étaient créés, les gens reprenaient confiance en eux, ils sentaient que l’Amérique reprenait la main au plan international et, huit ans après, le communisme s’effondrait. Toute cette génération aux États-Unis qui est autour d’Obama n’a qu’une idée, c’est de montrer que Thatcher et Reagan avaient tort. Or ils avaient raison.

LBdA : Vous êtes élève de Milton Friedman, penseur libéral distinct de l’école autrichienne incarnée par Hayek ou Mises. Que reprochez-vous aux Autrichiens ?

Il n’y a pas d’énormes différences entre les deux. Toutefois, il y a toute une série de choses dans la théorie autrichienne qui me gênent. Les Autrichiens sont pessimistes et ils n’arrêtent pas d’annoncer la fin du monde. Milton Friedman est optimiste. Il pense qu’on peut trouver des solutions au fur et à mesure qu’on avance, tout en disant qu’il ne faut surtout pas faire confiance à l’État. En ce sens, il rejoint les Autrichiens. Mais, je n’aime pas les pessimistes.

Article originellement publié par Le Bulletin d’Amérique.

Voir le commentaire (1)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (1)
  • Les autrichiens, pesimistes? Tiens, je ne savais pas.
    Je pense au contraire de Charles Gave qu’il y a des différences non négligeables au niveau de l’analyse (sur le fond et la forme) même si les deux parviennent souvent aux mêmes conclusions. Ce qui me gêne en revanche chez certains autrichiens, c’est leur condamnation systématique de l’usage des mathématiques en sciences sociales.

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don