Directive européenne THMPD

L’industrie pharmaceutique sort comme la grande gagnante

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Directive européenne THMPD

Publié le 12 mai 2011
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C’est fait. La Directive européenne 2004/24/EC concernant les médicaments traditionnels à base de plantes (Traditional Herbal Medicinal Products Directive ou THMPD dans le jargon européen) est entrée en vigueur le 30 avril 2011, en dépit des cris d’alarme et de la pétition lancés par les groupes voués à la défense des médecines naturelles. En vertu de cette directive, les préparations médicinales à base de plantes sont maintenant soumises au même processus d’agrément que les médicaments. Pour être vendues, les médecines phythothérapeutiques traditionnelles doivent dorénavant obtenir une licence ou être prescrites par un phythothérapeute agréé.

(Dessin de presse : René Le Honzec)

Cette réglementation, qui vise à protéger les consommateurs contre les traitements néfastes ou frauduleux afin de préserver la santé publique, privera-t-elle les patients européens de centaines de plantes médicinales, comme l’ont averti des groupes comme l’Alliance for Natural Health, Gaia Health ou l’Organisation syndicale de médecine chinoise ? En principe non. Mais en pratique, il pourrait en être autrement des produits offerts par les herboristes. Car même si, en vertu d’une procédure simplifiée, des tests pharmacologiques et toxicologiques ne sont pas requis pour les produits ayant fait l’objet d’un usage médical pendant au moins 30 ans, les fabricants devront fournir « des preuves que le produit a été utilisé à but médical pendant les trente dernières années, dont au moins quinze ans au sein de l’Union européenne », selon le magazine Le Point.

Quant aux produits qui ne sont pas encore sur le marché européen, la nouvelle procédure européenne oblige les fabricants à enregistrer tous les remèdes utilisés à base de plantes, « avec les coûts, les délais, et les tracasseries administratives que cela implique », déplore l’Organisation syndicale de médecine chinoise. Il est vrai que cette réglementation a été adoptée dès 2004 et que les fabricants ont eu sept ans pour s’ajuster aux nouvelles normes. Mais il reste que ces procédures, même simplifiées, entraînent des coûts importants pour les petits fabricants qui n’ont pas les mêmes moyens que l’industrie pharmaceutique. Les herboristes ou les tisaneurs – qui sont les principaux fournisseurs de remèdes à base de plantes -, pourraient donc cesser de vendre des médicaments traditionnels à base de plantes médicinales et se tourner plutôt vers les compléments alimentaires à base de plantes, dont l’enregistrement serait moins compliqué.

Une atteinte à la liberté de choix ?

« Les patients n’ont plus accès à des centaines de produits médicinaux à base de plantes », rapportait le Daily Reporter Mail au lendemain de l’application de la directive. Heureusement, les produits les plus communément utilisés en Angleterre ont été rescapés par le ministre anglais de la Santé, Andrew Lansley, qui a approuvé un plan permettant au Health Professions Council d’établir un registre des praticiens offrant des plantes médicinales non licenciées.

D’après la députée européenne Michèle Rivasi, qui évalue les coûts d’enregistrement de chaque produit à €60.000, « des produits utilisés pour la médecine traditionnelle chinoise ou indienne (ayurvéda), certains compléments alimentaires, et plus largement la filière bio artisanale risquent de faire les frais de la nouvelle donne européenne ». En voulant garantir aux Européens la qualité et l’innocuité de leurs traitements phytothérapeutiques, l’Europe a-t-elle outrepassé ses limites ?

Beaucoup estiment qu’il est normal de soumettre à une autorisation des plantes médicinales contenant des composés chimiques actifs. Car au même titre que les médicaments de synthèse, les plantes peuvent avoir des effets bénéfiques ou malfaisants. Selon les partisans de cette directive, celle-ci protégera donc le citoyen en lui fournissant une description scientifique des composés et des processus et en l’informant sur l’efficience et le mode d’emploi sécuritaire.

Ceux qui s’opposent à cette réglementation, par contre, croient que l’État est allé trop loin. Car bien que la THMPD soit présentée comme un service rendu aux citoyens européens, ses méthodes pourraient involontairement entraîner un effet pervers : une flagrante réduction des droits des individus de se procurer et d’utiliser les traitements de leur choix pour se soigner – sans les effets secondaires reprochés aux médicaments pharmaceutiques. À titre d’exemple : même la menthe, qui a été classée en tant que plante médicinale par l’EMA, devra se soumettre à la nouvelle réglementation et obtenir une licence.

Deux forces en présence, un grand gagnant

En fait, deux grands joueurs sont affectés par la THMPD, selon Christian Busser, d’École Plantasanté. D’un côté, le secteur agro-alimentaire, qui aura de plus en plus de difficultés à commercialiser des compléments alimentaires à base de quelque 150 plantes médicinales. De l’autre, le secteur pharmaceutique, qui pourra mettre en marché d’ici 2012 des phytomédicaments avec autorisation de mise en marché (AMM), à un coût beaucoup plus avantageux que les AMM allopathiques. « Cela représente une avancée très importante dans l’histoire des plantes médicinales en Europe, et surtout une reconnaissance implicite de leur valeur », fait remarquer M. Busser.

Car si les herboristes appréhendent cette directive, cette loi est en revanche bien accueillie chez les pharmaciens. La sénatrice Patricia Schillinger estime que « cette nouvelle contrainte aurait pour effet de restreindre le nombre d’acteurs sur le marché de l’offre de soins et profiterait largement à l’industrie pharmaceutique. » Cela, même si les herbes et les plantes médicinales, offertes par la nature, sont fort prisées des consommateurs depuis des millénaires. Elle aura sans doute vu juste, bien que cette réglementation ne porte en apparence aucune atteinte directe à la libre concurrence.

Article paru originellement sur UnMondeLibre.org.

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  • Combien coute de demander une autorisation de mise sur le marché? Il est probable que seuls les grands groupes auront les moyens d’effectuer une telle demande, une fois de plus la règlementation vient assurer une rente a un petit nombre d’entreprises proches du règulateur. Nous vivons en oligarchie.

  • Que l’on veille à la sécurité des consommateurs est normal. Que des tests et des contrôles soient effectués (même sur les produits à base de plante)n’est pas scandaleux mais ça n’est pas du tout souple. Les demandes d’autorisation devraient être traitées instantanément, elles ne devraient pas être aussi coûteuses, et surtout des auditeurs privés devraient s’en charger. Sinon, on ressert le marché, on avantage les grands groupes et on limite l’innovation au détriment des consommateurs.

    • « Les demandes d’autorisation devraient être traitées instantanément, elles ne devraient pas être aussi coûteuses, et surtout des auditeurs privés devraient s’en charger. »

      Il y a dans cette phrase un paradoxe énorme:
      Pas coûteuse et auditeurs privés.
      Comment allez vous rendre des milliers des tests de toxicité et d’efficacités sur plusieurs années peu coûteux?
      Comment allez vous trouver des organismes privés pour réaliser ces mêmes tests si ceux-ci sont peux coûteux?

      En outre, votre demande d’un traitement instantané démontre une totale méconnaissance du parcours d’AMM.
      Il faut des tests par milliers pour vérifier l’apport du traitement et sa faible toxicité (effets secondaires acceptables / bienfaits apportés). Et cela prend des années.

  • « En effet, le pouvoir antioxydant de la pomme contribuerait à réduire le risque de maladies cardiovasculaires. En effet, les antioxydants contenus dans la pomme aideraient à diminuer et à prévenir l’oxydation des lipides en circulation dans le sang et réduiraient le taux de cholestérol sanguin selon une récente étude. »

    Aucune étude ne montre cela. Bien au contraire, toutes les études récentes en physiologie et médecine montre que les antioxydants n’ont aucun effet sur la santé aux doses normales et sont dangereux aux doses élevées.

    L’article de Hester van der Woude (http://edepot.wur.nl/121777) montre bien que la Quercitine a un effet toxique, elle permet de contrer le développement de lignée cellulaire cancéreuse (ce qui est la preuve de sa toxicité, comme la papaïne, la colchicine …).
    La quercitine inhibe aussi la cytochrome P450 oxydase, qui est une enzyme majeur de la dégradation des xénobiotiques.
    Elle ralentit la croissance des foetus chez le rat, augmente la fréquence de dommage de l’ADN chez le rat…

    Nombre d’études ont montrés les effets toxiques:
    http://lib.bioinfo.pl/meid:173289
    http://www.inchem.org/documents/iarc/vol73/73-18.html

    Il faut arrêter de croire tout ce que raconte les journaux de bonnes femmes…

  • Juste une question : qui êtes-vous donc « Mr Daniel »? Tant de connaissances en médecine « dite moderne » et aussi tueuse que les plantes que vous ne supportez pas… me laisse sans voix.
    En reprenant votre maxime, attention à tout ce qui est noté sur Internet!!

  • Une fois de plus le consommateur est pris pour un imbécile ! de quel droit quelques personnes peuvent décider que je ne peux pas me soigner comme je le veux !
    Marre de n’avoir que des obligations et des interdictions !
    La mèdecine chinoise, la mèdecine indienne sont beaucoup plus intelligente que la mèdecine occidentale qui n’a toujours pas compris (depuis le temps) qu’une personne n’était pas qu’un bras ou une jambe mais un tout et qu’il fallait soigner cette personne dans sa globalité bref, soigner la cause et non l’effet, et surtout pas à coup de médicaments chimique qui tuent beaucoup plus sûrement que la maladie.
    Mais ces médicaments tueurs ont un très très grand atout : ils enrichissent à coups de milliards d’euros l’industrie phamaceutique qui décide maintentant de tout et surtout a le pouvoir du monde entre ses mains.
    Honte à nos gouvernements, à tous ces politiques mous et occupés uniquement de leur statut..
    JE CONTINUERAI A ME SOIGNER COMME JE LE DESIRE ET J’ESPERE QUE CEUX QUI SONT POUR CES MEDECINES QUI SOIGNENT VRAIMENT NE LACHERONT RIEN !

  • @ Daniel
    Je préfère mettre ma vie entre les mains d’une médecine millénaire qui a fait largement ses preuves ainsi que ses plantes, plutôt qu’entre les mains de gens peu scrupuleux sortant des médicaments qui tuent, rendent fou, provoquent des malformations tels que le médiator ou la thalidomide pour ne citer que ceux là, dûment testés je suppose (sur des animaux en plus) avec les résultats que l’on connaît, mais qui ont rapporté des milliards à l’industrie pharmaceutique.
    Elle est là la réalité, et si les plantes tuaient autant que les médicament sur le marché ça se saurait.
    De toutes façons si ça n’était pas pour des intérêts financiers, nous pourrions nous soigner comme nous le voulons.

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