Deuxième mort de ben Laden

Tué par des soldats américains le 1er mai et, symboliquement, le 15 janvier au Caire

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Deuxième mort de ben Laden

Publié le 3 mai 2011
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Ben Laden est mort deux fois : il a été tué par des soldats américains, au Pakistan, le 1er mai, mais l’avait déjà été, symboliquement, le 15 janvier au Caire.

(Dessin de presse : René Le Honzec)

Que nous avaient signifié alors les rebelles de la Place Tahrir ? La révolution égyptienne, comme la révolution tunisienne avant elle, annonçaient aux Arabes et au monde que, dans leur longue quête de la dignité et de la modernité, les Arabes ne souhaitaient pas restaurer le califat, ni revenir à la charia. Entre le retour au temps du Prophète préconisé par ben Laden, par la violence, et l’entrée dans le monde de la démocratie libérale, par le pacifisme, le 15 janvier, les Arabes avaient choisi. Tous les autres peuples musulmans, qui vivent encore en tyrannie, n’aspirent eux aussi qu’à cette « fin de l’histoire » que leur paraît être la démocratie libérale.

Ben Laden, qui avait donc perdu la croisade pour l’avenir musulman, conservait une certaine utilité, locale, pour les militaires pakistanais : ceux qui le protégeaient. Le Pakistan, en effet, est un pays qui n’existe pas, mais une vague confédération de peuples à peine réunis par l’islam : un Pakistanais est avant tout un Sindhi, un Pendjabi, un Baloutche, ensuite musulman et, à la rigueur, citoyen du Pakistan. Les seuls vrais Pakistanais sont les militaires et les services secrets (généralement pendjabi), dont la seule raison d’être est la guerre contre l’Inde, le frère ennemi séparé à la naissance, la partition de 1949.

Sans Inde, plus de Pakistan et surtout plus d’armée pakistanaise. Celle-ci recourt à toutes les armes possibles, du nucléaire au soutien aux talibans et au terrorisme. Ben Laden était capable de déclencher une attaque terroriste en Inde-même, où vivent plus de musulmans qu’au Pakistan : à plusieurs reprises, l’Inde a été déstabilisée par des attentats à caractère islamiste. Ben Laden, devenu un pion pakistanais, permettait aussi de tenir en échec l’armée américaine, en la clouant au sol en Afghanistan. Ben Laden était enfin une bombe à retardement dans les mains des services secrets pakistanais. Dans l’hypothèse où les États-Unis se rapprocheraient trop de l’Inde, au détriment du Pakistan, il était possible d’activer le réseau Ben Laden : ce ben Laden valait plusieurs bombes atomiques.

Le pion a été capturé, mais l’armée pakistanaise ne l’est pas : la partie continue.

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  • Kill Bin Laden

    Oussama Ben Laden n’est plus…
    Je voudrais envoyer aux plus proches du défunt un petit billet pour leur exprimer mes doléances plutôt que mes condoléances…
    Mais je ne sais pas à qui les adresser.
    A l’Amérique qui en a fait un guerrier puis un meurtrier et enfin un fou à lier qui croyait détenir le verbe sacré.
    A Israël, qui n’a jamais feint de le craindre, mais qui a néanmoins subtilisé son anathème pour transformer ses élus en électeurs et ses ennemis en états unis.
    Ou bien aux services secrets du monde entier qui ont fait semblant de le pourchasser ou fait exprès de l’épargner.
    Mais tout compte fait, on ne dira jamais à qui ses crimes ont profité sous peine de se mettre à dos tous les réseaux de la désinformation.
    Quant à l’Arabie, elle n’a désormais plus rien à se reprocher, elle peut se rapprocher de Dieu et cesser de lui cacher son jeu : en lui avouant enfin qu’à part l’or noir, tout le reste est blanc…
    Ben Laden est mort… mais ses ombres navrantes sont toujours flottantes dans la mémoire de chaque homme, qui sait que la vérité n’est qu’un tissu de contre-vérités.

    http://www.lejournaldepersonne.com/2011/05/kill-bin/

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