Laïcité : l’UMP froufroute trois heures et s’oublie sur le tapis

Le traitement de la laïcité par l’UMP ? Plus d’État, toujours plus d’État.

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Laïcité : l’UMP froufroute trois heures et s’oublie sur le tapis

Publié le 6 avril 2011
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Laïcité : l’UMP froufroute trois heures et s’oublie sur le tapis

Dernièrement, entre le boulet programme du PS et les âneries gluantes des vieux débris insomniaques, on a eu une assez bonne idée de ce que les socialistes de gauche savent produire. Étudions à présent ce que ceux de droite, jamais en reste d’une bonne goulée d’alcool de couleuvre saupoudrée de poudre de perlimpinpin, peuvent excréter lorsque l’actualité électorale les y accule.

Vu le tintouin dans les médias, il ne vous aura pas échappé que les socialistes de droite font absolument tout pour pousser des colombins produits par l’extrême-droite dans le proverbial ventilateur de la presse, qui tourne actuellement à plein régime. Le résultat est, on s’en doute, très graphique et ferait sans doute l’objet d’une subvention publique aussi quelconque que coûteuse s’il était produit dans le cadre d’une exposition exceptionnelle d’un artiste slovaque au nom ridicule expatrié en France grâce aux bons soins de Frédéric Mitterrand, par exemple.

Mais là, on a simplement droit aux petites particules fécales abondamment répandues dans les journaux, les sites internet, les télévisions et les palpitants reportages que des brochettes de journalistes désœuvrés nous proposent en désespoir de sujet réellement pertinent.

L’actualité est si calme, actuellement, que voulez-vous.

Bref.

Ici, je pourrai parler de Copé, de Morano, de Guéant et des autres qui, tous, ont lâché l’une ou l’autre petite phrase croustillante dont l’analyse serait certainement amusante. Mais pour cette fois, je me concentrerai sur l’élément le plus radioactif du réacteur atonique de la majorité présidentielle : la liste des propositions, au nombre de vingt-six, qu’ils nous ont pondues pour tenter de faire croire à une réflexion de groupe.

Copé, un politicien qui inspire confiance.

On comprend en effet dès la première salve qu’il n’y a pas besoin d’analyser les saillies ridicules de nos pantins politiques : le résultat se suffit à lui-même.

Ainsi, la première proposition : « Adopter une résolution parlementaire réaffirmant l’attachement aux principes républicains, spécialement ceux de laïcité (avant l’été). » Ceux qui ont du gel dans les cheveux, à la lecture de cette proposition foudroyante, en seront quittes pour refaire leur coiffure. Le souffle de l’explosion est trop fort : l’UMP propose, avant toute autre chose, de faire écrire par nos députés grassement payés un petit paragraphe pour dire qu’ils sont d’accord avec un principe défini il y a des douzaines d’années que personne ne remet en cause.

Indispensable. Monumental. Marquant.

On sent que le jeu sera serré.

La seconde proposition est du même acabit : « Elaborer un recueil exhaustif des lois, règlements, circulaires et jurisprudences relatifs à la laïcité (avant l’été). » Ils vont avoir un mois de mai studieux, les braves pépères. Une remarque me traverse l’esprit et un soupir le gosier : serait-ce à dire que, messieurs, vous fîtes un débat sans avoir préalablement fait l’état des lieux que vous visez ici ? On a placé la charrue avant les boeufs qu’on n’a pas encore achetés. Tout va bien, nous sommes en France.

Beaucoup plus lolesque, la troisième boutadeproposition : « Rédiger un Code de la laïcité et de la liberté religieuse (après 2012). » C’est le « après 2012 » qui emporte le gros lot ! Eh oui : avant, ce serait politiquement épineux, voyez-vous. Elections, tout ça, vous voyez ?

Le courage de la majorité présidentielle laisse songeur. Et il s’agit, au départ, de ces mêmes personnes qui envoient actuellement nos soldats dézinguer du Libyen, exploser sur des mines afghanes ou exfiltrer des Français de Côte d’Ivoire. Là, il s’agirait simplement de donner un code de conduite sur le sujet, mais zut de zut, c’est la panne du petit raisin sec qui leur sert de couille qu’ils ont en time-sharing avec les élus de gauche.

Heureusement, à partir de là, ça devient sérieux : « Consacrer par voie législative l’interdiction de se prévaloir de ses croyances religieuses pour s’affranchir des règles communes régissant les relations entre collectivités publiques et particuliers. » … Mais dites moi, exactement, depuis quand la loi permettrait-elle de s’affranchir gnagnagna comme vous dites ? Il me semblait naïvement que la loi républicaine était la même pour tous ? On m’aurait menti ? Ou me pipeauterait-on avec cette nouvelle proposition ? Dans le premier cas, je me verrais forcé de vous traiter de filous, messieurs de la majorité pestilentielle ! Dans l’autre cas, je serais obligé de vous prendre pour de fieffés menteurs ! On retrouve, dans les propositions 11 et 12, exactement le même aveu honteux que la loi, la simple loi existante, n’est pas appliquée et qu’il faudra donc en ajouter une couche.

Diable.

Les propositions suivantes permettent-elle d’y voir plus clair ? « Prévoir dans le programme scolaire obligatoire un enseignement du principe de laïcité » , « Former à la laïcité tous les agents des services publics » , « Développer avec les universités un module de formation aux principes républicains, et spécialement à la laïcité, pour les ministres du culte » , « Former les responsables des ressources humaines et les inspecteurs du travail » … Tout ceci fleure bon le retour à l’école, youkaïdi, youkaïda : avec les cours d’éducation civique et morale, on va ajouter quelques heures d’enseignement sur la laïcité, sur le besoin indispensable de bien séparer l’État de la religion parce que sinon, la société française, et, partant, toute la civilisation occidentale, va se déliter.

Ça promet. Avec des élèves qui, objectivement, n’en auront absolument rien à foutre, surtout qu’ils ne savent pour la plupart ni lire, ni écrire, ni tenir un raisonnement, précisément parce que les enseignements de base sont bouffés par une myriade de pustules républicaines étatiques du même tonneau, tout ceci promet de grands moments de solitude pour les équipes enseignantes. On dirait… on dirait du Pécresse, tiens.

À ce point du billet, un petit bilan s’impose : on n’a pas fait ici la moitié des propositions, et c’est déjà un festival de n’importe quoi froufroutant dont tout indique qu’il s’agit essentiellement d’occuper le terrain médiatique sans la moindre action concrète mesurable par la suite.

Les autres propositions, péniblement ridicules, confirment ce constat : on nage systématiquement dans des recommandations floues et peu cadrées ou des conseils vagues (encourager, assouplir, élaborer, prévoir, clarifier, réfléchir), inapplicables en pratique.

On oscille entre les permissions, présentées comme généreusement accordées par la République à ses citoyens, et les interdictions, immixtions sans le moindre scrupule dans la Vie Des Autres parce que l’État sait mieux que vous-même ce qui est bon pour vous ; non seulement, la laïcité est devenue une obsession des politiciens, mais en plus, cette obsession doit s’imposer dans les entreprises privées, par exemple.

A lire ces propositions, on se rend compte que chaque cas particulier où un pratiquant se sera heurté à la froide administration républicaine sert de prétexte à étendre la non-solution — qu’on se sera empressé de ne pas trouver localement — à l’échelon national, le tout, dans la fanfare exagérée que ce débat artificiel aura généré.

Mais surtout, rien de tout ceci, ni le débat, ni les propositions, ne répond réellement à l’attente des Français qu’on peut résumer d’une façon balistiquement simple : les lois existantes doivent être appliquées. Il n’y a pas besoin de nouvelles aventures législatives, de nouvelles chartes ou de nouveaux débats, et encore moins des gesticulations grotesques d’une poignée d’élus en mal de médiatisation.

En revanche, il y a un fort besoin de courage. Il est plus que temps que les petites billes sèches de certains primates du gouvernement se raffermissent un tantinet pour expliquer, par exemple, que toute manifestation dans la rue nécessite une déclaration en préfecture, qu’elle doit conserver un caractère exceptionnel, et que sans ça, c’est juste et simplement : « Non » et évacuation, manu militari s’il le faut.

De même que la République ne distribue pas du poisson dans les cantines le vendredi, la République n’a pas à s’occuper des desiderata culinaires des uns ou des autres : vous avez voulu, par vos votes, une éducation, une restauration et des traitements collectifs ? Assumez-les, bande de moules ! On ne peut pas réclamer bruyamment vouloir vivre dans un pays si gentiment collectivisé, vouloir profiter de ses magnifiques systèmes soviétoïdes, et refuser ensuite son fonctionnement.

Ce débat montre, en réalité, toute la schizophrénie de la droite : elle ne peut plus assumer son côté républicain parfaitement collectiviste comme les socialistes de gauche, mais ne veut pas non plus laisser germer le moindre doute quant à sa position face à la responsabilité individuelle complètement oubliée de ces débats.

Là où Martine nous aura montré un programme consternant de bigoterie socialiste et décidément ancré dans l’interventionnisme étatique totalement débridé, Copé et sa clique nous offre exactement la même soupe centralisatrice proposant l’ingérence de l’État comme alpha et omega de toute résolution de problèmes.

Aux yeux des politiciens, l’individu, dans ce pays, n’existe plus. Pour eux, il n’y a plus que des petits lutins mus par des pulsions parfois contradictoires que nos augustes penseurs s’emploient à régenter avec bienveillance, fermeté, et petites burettes de vaseline.

Je sens que le moment où les petits lutins en auront réellement assez signera un retour douloureux à la réalité pour cette brochette d’abrutis.

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  • « De même que la République ne distribue pas du poisson dans les cantines le vendredi, la République n’a pas à s’occuper des desiderata culinaires des uns ou des autres : vous avez voulu, par vos votes, une éducation, une restauration et des traitements collectifs ? Assumez-les, bande de moules !  »

    Là-dessus je ne suis pas d’accord, ce genre d’arrangement doit être possible, si cela est possible logistiquement et financièrement parlant, et si les personnes revendicant paient pour ces desideratas culinaires.

    • Si elles paient pour cela, m’en fiche.
      De façon générale, le niveau de traitement de ce genre de cas doit-être le plus local possible (arrangement entre le maire et la ou les personnes concernées, tout au plus). Aucun besoin d’une loi nationale.

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