Fondements autrichiens de l’intérêt et du capital

Trois livres de Böhm-Bawerk en téléchargement complet

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Fondements autrichiens de l’intérêt et du capital

Publié le 5 avril 2011
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Trois livres en téléchargement complet :

Histoire critique des théories de l’intérêt du capital Tome I

Histoire critique des théories de l’intérêt du capital Tome II

Théorie positive du capital Première Partie

Eugen von Böhm-Bawerk (1851-1914) est l’auteur de plusieurs contributions majeures à l’économie. On retiendra en particulier son explication de l’intérêt, qui sera ensuite améliorée par Frank Fetter et Ludwig von Mises, et sa théorie du capital et de la structure de la production – les fameux « détours de production ».

Böhm-Bawerk décortique et démolit méticuleusement les fausses théories au sujet de l’intérêt, dont la célèbre théorie de l’exploitation de Karl Marx. Il a d’ailleurs consacré un ouvrage complet à cet auteur –Karl Marx and the closure of his system, non traduit en français. Parmi les théories sérieuses, sa discussion se concentre sur les deux approches qui restent dominantes aujourd’hui : la notion de préférences temporelles et les théories de la productivité. En conclusion, Böhm-Bawerk hésite quelque peu entre les deux, et ce n’est qu’avec Mises que les économistes autrichiens opteront clairement pour l’approche des préférences temporelles.

En ce qui concerne le capital et la structure de production, l’apport de Böhm-Bawerk est sidérant et toujours pas intégré par l’économie néoclassique. Dans une économie moderne, chaque bien de consommation est le résultat d’une longue succession d’opérations qui doivent être à la fois dimensionnées et synchronisées les unes avec les autres, faisant appel à des machines et des savoir-faire spécifiques et spécialisés. Cette structure trop complexe pour être modélisée mathématiquement échappe complètement à la macroéconomie contemporaine pour laquelle le « capital » est traité comme un aggrégat homogène. C’est l’outil conceptuel qui permettra à Mises et Hayek d’élaborer leur théorie des cycles économiques, en expliquant comment la création monétaire déforme la structure de production.

Les livres proposés en téléchargement sont tirés du cours donné par Böhm-Bawerk à Vienne dans les années 1880. L’ouvrage compte trois volumes : la théorie de l’intérêt, la théorie du capital, et la littérature récente. Le premier est traduit en deux tomes intitulés Histoire critique, et le second devait être traduit en deux tomes sous le titre Théorie positive du capital, mais le second tome ne fut jamais publié à ma connaissance.

 

Böhm Bawerk Eugen von, (1929), extrait de Théorie positive du capital Première partie, chapitre 3, « Essence du capital », Paris, Marcel Giard, p. 20-24

Le but final de toute production est la formation d’objets qui peuvent satisfaire nos besoins, c’est-à-dire de biens de jouissance ou « biens de premier ordre » comme nous les avons appelés ailleurs. La voie qui conduit à leur production nous est déjà connue d’une façon générale. Nous combinons nos propres forces naturelles aux forces naturelles du monde extérieur de telle façon qu’en vertu des lois naturelles le bien matériel désiré doit se produire. Mais, dans cette manière de procéder très générale; se manifeste une diversité importante dont nous n’avons pas encore tenu compte. Elle se rapporte à l’intervalle qui existe entre l’intervention du travail humain et la production du bien matériel désiré. En effet, ou bien, nous intervenons par notre travail tout près du but, de sorte que par l’adjonction de ce travail le cercle des conditions de la production du bien désiré est immédiatement complété, et que par suite la production du bien se rattache directement à cette dépense de travail. Ou bien nous prenons intentionnellement un détour, de manière à combiner notre travail à des causes plus éloignées de la production du bien et à obtenir de cette combinaison non immédiatement le bien désiré, mais seulement une cause plus immédiate de sa production, qui, à son tour, doit être unie à d’autres matières et forces convenables jusqu’à ce qu’enfin – peut-être après plusieurs ou beaucoup d’opérations intermédiaires – le moyen de satisfaction se trouve achevé.

Pour bien rendre sensibles la nature et la portée de cette distinction, donnons quelques exemples. Dans leur exposition je peux et je dois me permettre quelque prolixité, car ils sont appelés à servir pour une bonne part de démonstration à l’une des propositions fondamentales de ma théorie. Un campagnard a besoin d’eau potable et en désire. La source jaillit à une certaine distance de sa maison. Pour se procurer l’eau dont il a besoin il peut employer différents moyens. Ou bien il ira lui-même chaque fois à la source et il boira dans le creux de sa main. C’est le moyen le plus direct. La jouissance est obtenue immédiatement après la dépense de la peine. Mais il est incommode, car notre homme doit journellement faire le chemin jusqu’à la source autant de fois qu’il aura soif ; il est en outre insuffisant ; car de cette façon, on ne peut jamais recueillir et conserver la quantité d’eau assez grande dont on a besoin pour toutes sortes d’usages. Ou bien – et c’est le second moyen, – le laboureur creuse dans un bloc de bois un seau dans lequel il portera en une fois de la source à là maison l’eau nécessaire pour la journée. L’avantage est évident ; mais pour l’obtenir il a fallu se servir d’un moyen détourné qui a son importance. L’homme a peut-être dû passer toute une journée pour tailler le seau, et pour pouvoir le tailler, il a dû auparavant abattre un arbre dans la forêt ; pour pouvoir faire cela, il lui a fallu d’abord fabriquer une cognée, et ainsi de suite. Mais notre campagnard a encore un troisième moyen à sa disposition ; au lieu d’abattre un arbre, il en abat une quantité, il les creuse tous au milieu et en fait un canal par lequel il amène devant sa maison un filet abondant de l’eau de la source. Il est clair qu’ici le détour qui va de la dépense de travail à l’acquisition de l’eau est encore bien plus considérable, mais en revanche il a conduit à un meilleur : notre homme n’a plus du tout besoin maintenant de faire péniblement le chemin qui sépare sa maison de la source et il a cependant à chaque moment chez lui une quantité abondante d’eau très fraîche.

Un autre exemple : j’ai besoin de pierres à bâtir pour me faire une habitation. Une roche voisine en contient d’excellente qualité. Mais comment les obtenir ? Premier moyen : je me trémousse, et de mes mains désarmées j’en détache ce qui peut se détacher. C’est le moyen le plus direct, mais aussi le moins fécond. Deuxième moyen : je me procure du fer, j’en forme un ciseau et un marteau et avec ces outils je m’attaque à la roche dure : moyen détourné qui, tout le monde le sait, conduit à un résultat infiniment meilleur. Troisième moyen : je me procure du fer, un ciseau et un marteau mais je ne les emploie que pour faire des trous de mine dans la roche, ensuite je m’applique à me procurer d’abord du charbon, du soufre et du salpêtre, puis à les mélanger en poudre, puis je remplis les trous de mine de poudre et je fais sauter la pierre par l’explosion qui suivra : c’est là un moyen encore plus détourné mais qui – l’expérience le montre – dépasse le second moyen au moins autant en productivité, que le second dépassait le premier. Et pour finir un troisième exemple. Je suis myope et je désire porter des lunettes. Pour cela, il me faut des verres polis et une monture en acier. Mais la terre ne nous offre que de la silice et du minerai de fer. Comment transformer ceux-ci en ceux-là ? J’aurais beau m’évertuer à tirer directement de la silice des verres de lunettes, je n’y réussirais pas plus que si je voulais tirer directement la monture d’acier du minerai de fer. Le moyen direct, immédiat de la production est dans ce cas impraticable. Il ne reste plus qu’à prendre un détour, et à la vérité un grand détour qui comporte plusieurs étapes. Il faut que je me procure de la silice et du combustible, que je construise des verreries pour y préparer le verre avec de la silice ; qu’au moyen d’une série d’appareils je purifie, je modèle et refroidisse soigneusement le verre ; – à cet effet, j’ai dû encore prédisposer très soigneusement d’ingénieux instruments – et je pourrai enfin polir le verre refroidi en formé de lentille propre à l’œil atteint de myopie. Il faudra de même fondre le minerai dans un haut-fourneau, transformer le fer brut en acier pour en faire la monture, opérations qui ne pourront pas se faire sans l’aide d’une longue série d’outils et de bâtisses qui, de leur côté, réclament une grande quantité de travail préparatoire. Ainsi je finirai par un long détour à arriver au but désiré.

L’enseignement que ces exemples s’accordent à nous fournir est clairement celui-ci. On réussit mieux en produisant les biens d’usage par des moyens détournés qu’en les produisant directement. Et à la vérité cette plus grande réussite peut se montrer sous deux formes différentes : quand on peut produire un bien d’usage aussi bien directement que par voie indirecte, on constate que par la voie indirecte on obtient plus de produit avec la même quantité de travail ou le même produit avec moins de travail, mais cette supériorité se manifeste aussi sous cette forme que certains biens d’usage ne peuvent être produits que par un moyen indirect qui est tellement supérieur, que souvent lui seul mène au but.

Appliquer à la production des moyens détournés, c’est lui assurer de meilleurs résultats, voilà un des principes les plus importants, les plus fondamentaux de toute la théorie de la production. Mais il faut dire bien expressément qu’il s’appuie sur l’expérience pratique de la vie et n’a point d’autre appui. La théorie économique ne démontre pas et ne peut pas démontrer qu’il doit en être ainsi, mais l’unanime expérience de toute technique de production nous apprend qu’il en est ainsi. Et cela suffit d’autant plus que les faits d’expérience qui s’y rapportent sont généralement connus et sont familiers à chacun de nous.

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