L’internationalisation des entreprises

Analyse micro-économique de la mondialisation par Matthieu Crozet et Lionel Fontagné

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L’internationalisation des entreprises

Publié le 3 mars 2011
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Matthieu Crozet et Lionel Fontagné, « L’internationalisation des entreprises : une analyse microéconomique de la mondialisation », Économie et Statistique, 435-436, Insee, mars 2011.

La recherche en économie internationale s’est longtemps cantonnée à des études macroéconomiques ou sectorielles. Quand elle a utilisé des données de commerce très fines au niveau des produits, ces données agrégeaient toujours les différentes firmes exportatrices ou importatrices au niveau national. En s’écartant des modèles de commerce international avec firme représentative, les développements théoriques réalisés depuis le début des années 2000 ouvrent la voie à une approche plus micro-économique des analyses du commerce international. Sur cette base, l’exploitation de données individuelles de commerce et d’investissement international trouve tout son sens. Ces analyses micro-économiques du commerce international offrent un regard nouveau sur la mondialisation, ne serait-ce qu’en montrant que, même dans un pays aussi ouvert aux échanges que la France, exporter n’est en rien facile et banal, si bien que le commerce des grands pays est le fait, pour l’essentiel, de quelques grandes entreprises qui ont su surmonter les difficultés de l’internationalisation.

L’accroissement des échanges internationaux de biens, et à un moindre degré de services, est sans aucun doute l’un des bouleversements majeurs qui ont marqué l’économie mondiale au cours des dernières décennies. Le ratio des échanges internationaux de biens et services au PIB mondial, tel qu’enregistré par les balances de paiements, dépasse aujourd’hui nettement les 30%, alors qu’il était inférieur à 13 % au début des années 1970. Encore s’agit-il d’une vision restrictive du phénomène, notamment dans la mesure où la production et la vente sur place des filiales à l’étranger n’est pas comptabilisée en balance des paiements.

Ainsi, la mondialisation est un phénomène macroéconomique si visible qu’on l’imagine partout, et s’imposant à tous. Or, les données micro-économiques renvoient une image plus nuancée de la réalité. L’analyse de données micro-économiques de commerce international fait ressortir quelques régularités statistiques originales : dans tous les pays du monde, développés ou émergents, la proportion d’entreprises directement engagées dans une relation internationale est très fortement minoritaire. Elle dépasse rarement les 20%. De plus, la plupart des exportateurs n’ont qu’une présence extrêmement limitée sur les marchés mondiaux, en n’étant actifs que sur quelques marchés, voisins de leur pays d’origine (plus de 40% des exportateurs français, par exemple, ne desservent qu’une seule destination).

Même si la mondialisation est un phénomène macroéconomique majeur, même si les économistes et les décideurs politiques ont pris l’habitude d’aborder les questions de compétitivité sous l’angle d’une compétition entre nations, ce ne sont pas les pays qui commercent entre eux, mais bien les entreprises. En s’appuyant sur des outils théoriques nouveaux, et des données individuelles originales, les développements récents de la recherche en économie internationale rétablissent l’équilibre, en laissant plus de place à l’analyse micro-économique de la mondialisation.

Des travaux ouvrent de nouvelles pistes pour la conduite des politiques économiques. En précisant les conséquences de l’ouverture commerciale pour chaque entreprise, en identifiant les difficultés spécifiques qui freinent l’internationalisation des firmes ou en observant la nature de leurs choix stratégiques, ces travaux permettent de mieux rendre compte des implications des politiques commerciales et de leur limites. Ainsi, la France, comme beaucoup d’autres pays, propose des réponses qui relèvent bien plus de la micro que de la macroéconomie. En témoigne la succession de mesures visant à accompagner les entreprises (et notamment les PME) à l’étranger, et les politiques de pôles de compétitivité qui affichent la volonté de donner aux entreprises les moyens de faire face à la concurrence étrangère et d’accéder aux marchés mondiaux. Toutefois, et même si certains travaux ont déjà commencé, une évaluation quantitative systématique de ces politiques reste à faire.

Sitôt que l’on prend en considération le fait que toutes les entreprises n’ont pas les mêmes cartes en main pour profiter de l’ouverture commerciale et y faire face, les conséquences de la mondialisation n’ont rien de trivial. D’un côté, l’abaissement des barrières aux échanges, quelle que soit leur nature, doit permettre un essor des exportations nationales, soit par l’augmentation du nombre d’entreprises exportatrices soit par l’accroissement des ventes de chaque exportateur en place. D’un autre côté, l’ouverture des marchés à la concurrence internationale impose à chacun de réagir.

Peu d’entreprises sont capables de répondre favorablement aux nouvelles opportunités offertes par l’ouverture des marchés mondiaux. Au-delà des protections commerciales formelles, il semble bien que les entreprises font face à un ensemble de barrières qui leur interdisent concrètement d’accéder au statut d’exportateur. Il y a là, à l’évidence, un chantier important pour la politique économique. Notons au passage qu’il ne s’agit pas simplement de chercher à maximiser, dans une démarche mercantiliste, le nombre d’exportateurs et le montant global des exportations, mais bien de repérer les contraintes limitant les capacités d’expansion des firmes de sorte à leur donner les outils nécessaires pour se développer et profiter des opportunités offertes par la mondialisation. Ces contraintes peuvent peser sur la demande (ce sera le cas par exemple en présence de réglementations restrictives sur les marchés d’exportation), mais aussi sur l’offre, en particulier dès lors qu’il s’agit de financer l’accès au statut d’exportateur.

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