Former les ingénieurs à la mondialisation

La France ne peut plus faire l’économie d’un véritable investissement dans l’innovation

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Former les ingénieurs à la mondialisation

Publié le 8 février 2011
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La France ne peut plus faire l’économie d’un véritable investissement dans l’innovation

Seuls 5% des ingénieurs français créeront leur entreprise au cours de leur carrière. Il se développe en moyenne trois fois moins de start-up en France qu’aux États-Unis, tandis que deux fois moins de brevets sont déposés auprès de l’Organisation mondiale de la protection intellectuelle. La France manque d’ateliers incubateurs de créativité offrant aux ingénieurs les ressources nécessaires pour concrétiser leurs idées. Le confort des grandes écoles, une certaine aversion au risque ou encore l’existence de freins administratifs, culturels et financiers dans le processus de mise en œuvre d’idées sont autant de facteurs expliquant la frilosité de nos ingénieurs face à l’entrepreneuriat.

En 2007, le Royaume-Uni attirait 30% d’étudiants étrangers de plus que la France et formait 4 fois plus de Chinois et 17 fois plus d’Indiens. Ce flux considérable d’étudiants étrangers est un atout de taille pour l’économie britannique. Si la France souhaite rester compétitive, elle doit soigner l’attractivité – recruter les meilleurs étudiants et enseignants sur le marché mondial – et le rayonnement de ses universités – envoyer ses étudiants se former dans des universités internationales prestigieuses. Le principal frein à l’internationalisation des écoles d’ingénieurs françaises demeure la faible proportion de cours dispensés en anglais.

Il existe en France 4.305 structures d’enseignement supérieur, généralement monodisciplinaires, contre 169 structures pluridisciplinaires au Royaume-Uni, à nombre d’étudiants sensiblement égal. Des rapprochements tels que ParisTech sont indispensables pour donner à nos établissements une meilleure visibilité à l’international, encore faut-il « donner une âme » à ces regroupements ainsi qu’une unité de lieu. Deux leviers doivent être actionnés : la généralisation de projets longs inter-écoles et la possibilité d’échanges de cours entre écoles.

Les ingénieurs doivent être les principaux acteurs de transferts raisonnés du laboratoire à l’application. Marginale dans leur formation, cette lacune se retrouve dans la difficulté de la France à faire émerger l’innovation. Il manque en France des lieux où les élèves pourraient se former par la pratique aux techniques de l’ingénieur et du chercheur ainsi que conduire leurs propres expériences.

Si la formation scientifique et technique des ingénieurs français est très réputée, leurs capacités managériales sont discutées. La formation des ingénieurs doit comprendre la transmission et l’acquisition d’outils pour développer des aptitudes de conduite des hommes et des projets, nécessaires compléments de leur compétence technique.

Seuls 4% des ingénieurs en France réalisent une thèse, contre 15% aux États-Unis. À la faible attractivité et valorisation du doctorat s’ajoute le fait qu’en France les entreprises sont trop souvent réticentes à recruter des docteurs, même pour des postes de recherche. Ainsi, 50% des postes de chercheurs sont pourvus par des ingénieurs contre seulement 15% par des docteurs. La création de doctorats orientés vers l’ingénierie permettrait aux ingénieurs d’acquérir des compétences de recherche et de multiplier les opportunités d’innovations technologiques.

Aujourd’hui, un étudiant issu des catégories socio-professionnelles les plus favorisées a vingt fois plus de chances d’accéder à une grande école qu’un étudiant provenant d’un milieu moins favorisé. Ainsi, 90% des étudiants des écoles d’ingénieurs les plus prestigieuses sont-ils issus de milieux favorisés contre 70% il y a 50ans. En découle une forte homogénéité culturelle au sein de ces écoles. La création de filières d’accès alternatives au recrutement sélectif est une proposition pertinente pour accroître la diversification sociale : des regroupements de grandes écoles pourraient mettre en place des cursus de licence spécifiques préparant à la formation d’ingénieur.

Si la France entend jouer un rôle dans la mondialisation, elle ne peut plus faire l’économie d’un véritable investissement dans l’innovation et les ingénieurs peuvent en être le fer de lance. C’est dans cette optique que l’Institut Montaigne vient de publier une étude qui formule 10 propositions concrètes pour valoriser véritablement les comportements innovants et entrepreneuriaux des ingénieurs, pour leur offrir des outils, des moyens ainsi qu’un environnement propices au développement de la recherche et de l’innovation de haut niveau.

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  • Ce constat est encore trop empreint « d’étatisme ». le mal de l’éducation en France est concurrent au maux qui rongent ce pays depuis des lustres : l’omniprésence de l’état dans les moindre rouages de la société. Ce qui’l faut à l’enseignement et à la recherche en France c’est un massif désengagement de l’état. Le rêve humide du « docteur » français est de trouver un emploie pépère au CNRS ou au sein d’une administration français et ainsi vivre tranquillement (petitement diront certain) sans pression et sans gloire. l’éducation nationale n’est qu’une machine à fabriquer des perdant ou des moutons (au choix) car l’état n’a que faire d’individus brillant et ambitieux, ce qu’ils souhaite ce sont des administrateurs zélés (ENA, polytechnique…) et des « victimes » qu’ils pourra assister à souhait.
    la seule manière de sortir de cette voix sans issu eest une privatisation généralisé de la recherche et de l’éducation pour une mise en concurrence complète. Il faut également réduire la pression fiscale de l’état afin que les vrai salaire augmentent et incite de nouveau les gens à travailler. il faut également que les grandes entreprises française qui ne sont depuis trop longtemps que de simples excroissances de l’état français prennent leur responsabilité et n’attendent pas tous de l’éducations nationale dont chacun sais que les diplômes ne valent pas le papier sur lequel il sont délivré. Il est plus que temps que les entreprises développent de nouveau formations et promotions internes, ce sera la seule manière pour elle de fidéliser leur personnel.
    Pour terminer, il faut en finir avec la « diplomite » aigu qui règne dans ce pays (et d’autre). Aller à l’école jusqu’à 30 ans est un énorme gâchis et une infimes proportions de poste de travail nécessite une formation scolaire longue (quelques % pas plus). pour la plupart des emploie une scolarité jusqu’à 16 ou 18 ans est amplement suffisante, la formation « professionnelle » devrait se faire directement en entreprise. C’est d’ailleurs en pratique ce qui se fait car les diplômes actuels sont totalement en inadéquation avec les besoins des entreprises et le jeune diplômé qui débarques doit pratiquement tout apprendre comme si il n’avait pas de diplôme.
    Bref il s’agit de faire une révolution, donc cela ne se fera pas et la France va s’enfoncer lentement mais surement dans l’état qu’elle mérite : La médiocrité.

  • Tout-à-fait d’accord!

  • La vérité c’est que la France n’est pas attractive $$$, je suis actuellement résident à l’étranger et nous sommes beaucoup dans mon cas. Je viens d’ailleurs d’être contacter par 2 SSII aujourd’hui pour des postes en France. Mais comment ont ils trouvé mon CV, il n’est sur aucun site francophone!!! Pour moi il est là le problème et je ne parle même pas du climat social….

    Alors on peut tjs trouver des excuses…

  • Le côté management est justement en plein développement dans les écoles d’ingénieur. Presque trop même, car dans certains domaines les élèves-ingénieurs ne veulent faire plus que ça, et il y a pénurie d’ingénieurs scientifiques.

    Par contre, ce qui est réellement critiqué à l’international, c’est la capacité des ingénieurs français à se vendre. Chose que les anglo-saxons manient très naturellement.

    Un bon nombre des voies d’évolutions que vous suggérez ssont déjà appliquées et en cours de développement (je rappelle que les écoles d’ingénieurs sont autonomes et n’ont pas besoin d’attendre la bénédiction de l’Etat pour se développer).
    Par contre je suis moins d’accord sur l’internationalisation. Une proportion tout à fait correcte des ingénieurs se barre à l’étranger, ceux-ci sont obligés d’avoir un niveau minimal d’anglais pour avoir leur diplôme (la Commission des Titres de l’Ingénieur impose un niveau TOEIC), et les stages à l’étranger obligatoires font également partie des quelques conditions indispensables pour se prétendre école d’ingénieurs. Le problème est bien plus sur la venue d’étranger par chez nous que l’inverse.

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