Barroso ajoute l’insulte à la blessure

Gros accrochage au parlement européen entre l’Irlandais Joe Higgins et Jose Manuel Duraõ Barroso

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Barroso ajoute l’insulte à la blessure

Publié le 21 janvier 2011
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Gros accrochage au parlement européen entre Joe Higgins, le plus honnête des eurodéputés irlandais, et le président de la commission européenne Jose Manuel Duraõ Barroso. Higgins avance un point irréfutable : l’argent du sauvetage va aller aux banquiers et aux investisseurs européens, alors que le remboursement va venir des Irlandais ordinaires.

Barroso répond avec une colère théâtrale. L’UE, affirme-t-il vient au secours de de l’Irlande qui s’est mise en danger par ses propres stupides erreurs en politique fiscale.

Pardon ? Pardon ? L’Irlande avait un des surplus budgétaires les plus impressionants de toute l’UE. Elle avait fait les bons choix, y compris des baisses d’impôts pour favoriser l’entreprenariat et la croissance, de façon à ce qu’une imposition plus basse se traduise par des rentrées plus élevées. Quand le krach est arrivé, l’Irlande a resserré sa politique fiscale plus que tout autre pays européen. Tout le monde, de la tête de l’État aux bénéficiaires de l’assistance, a dû faire des sacrifices.

Non, ce n’est pas la politique fiscale qui a mis l’Irlande dans ce pétrin. C’est d’être membre de l’euro lui a imposé une politique procyclique désastreuse pendant les années de boom, lui donnant des taux d’intérêts réels de -1% de 1998 à 2007. C’est précisément à cause de l’euro, c’est à dire, parce que l’Irlande ne pouvait pas bénéficier de la dévaluation dictée par la théorie économique dans de telles circonstances, que le gouvernment n’a eu que la seule politique fiscale dans sa boîte à outil. Et c’est bien pour ça que chaque électeur irlandais devrait être terrorisé à l’idée que l’UE, selon les termes du sauvetage prévu, va prendre le contrôle de la politique fiscale de l’Irlande en plus de sa politique monétaire. L’Irlande est réduite à l’état de vassal. Ses contribuables vont subir la dîme pendant une génération entière, pour payer leur tribut aux banquiers et aux eurocrates.

À voir ainsi Barroso, une phrase de Ken Tynan m’est venue à l’esprit : « Il s’en est allé, risiblement ému. » Enfin, je suppose que le président suit simplement la norme du narratif eurocrate : les problèmes viennent des États nations, les solutions, de Bruxelles. Nous avons là à faire à un homme, après tout, qui a récemment affirmé que les gouvernements nationaux tendent à faire les mauvais choix justement parce qu’ils sont démocratiques.

Repris du blog de Daniel Hannan hébergé par le Telegraph, avec son aimable autorisation.

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Créer un compte Tous les commentaires (10)
  • C'est surtout le choix de sauver ses banques, qui a mis l'Irlande au pied du mur.

    • Certes, mais un cran en amont encore, les banques sont dans cette situation à cause de du coût du crédit rendu artificiellement bien trop bas. Cause ultime.

  • Tout comme au Royaume-Uni et aux Etats-Unis.

    Il y a moins lieu d'incriminer l'euro lui-même que l'instrumentalisation politique des monnaies, quelles qu'elles soient.

    • C'est une chose. Mais un reproche spécifique fait à l'euro depuis avant son début, c'est qu'on ne pourrait pas fixer un taux qui conviendrait à des économies se trouvant à des points très différents du cycle économique. Ça s'est vérifié et la solution est toujours aussi éloignée qu'au premier jour.

  • (pardon pour l'anglais [?])
    The politicians in Ireland are certainly to blame for what has happened here. But there is far more involved. I'm unaware of how much of this is known outside Ireland. Please allow me to quote one aspect, from a newspaper here:
    ' German banks and financial institutions will review their operations in Ireland if the Financial Regulator pushes ahead with controversial proposals on corporate governance, a powerful German industry lobby group has warned.
    Describing the proposals as ‘‘unfeasible and unviable’’, the German Irish Chamber of Industry and Commerce has told the Irish government that a number of its members had raised serious concerns about the proposals, and that they would review their investment in Ireland if they were insisted upon.' http://www.thepost.ie/story/text/eysngbojcw/

    But there are many more aspects whcih may be of interest to you.
    Here is a link to a forum where there is more information:
    http://www.politicalworld.org/showth…=whistlebl…
    If anybody has the time and the interest, perhaps they might translate the most impotant points and make them better known.

  • Mais aucune bureaucratie ne peut pas arbitrairement fixer de taux directeur approprié à toute une économie, Nick de Cusa… cela n’a rien de spécifique à l’eurozone.

  • Certes, mais une monnaie unique aggrave cela, aussi indubitablement que fortement.

    Niez-vous réellement que les taux BCE, fixés, en gros, pour l’Allemagne, ont eu un effet désastreux sur la formation des bulles espagnoles et irlandaises ? Ca serait une position pour le moins originale.

    Et si ça ne suffisait pas, le fait qu’il s’agit d’un machin international fait que personne ne fait respecter les règles. On a laissé rentrer la Grèce alors que ses mensonges étaient connus. Et je cite que l’exemple le plus grave et voyant.

  • Au contraire, je vais plus loin en soulignant que les taux arbitrairement fixés par n’importe quelle banque centrale ont un effet désastreux sur n’importe quelle économie. Soit ils la plombent, soit ils accroissent sa surchauffe, et toujours avec des conséquences dramatiques.

    Mais c’est vrai pour l’euro comme ça l’est pour le dollar, c’est vous qui êtes originaux en accusant l’euro de tous les maux. Alors que vous connaissez pertinemment et probablement depuis bien plus longtemps que moi la source du problème : ça n’a jamais été l’euro mais bien la BCE, de même que les déboires monétaires américains actuels ne sont pas le fait du dollar, mais de la Fed.

    Comme vous n’ignorez pas non plus que la solution à cet imbroglio ne s’intitule pas davantage franc que deutschmark ou livre sterling, mais bien la fin du monopole monétaire aux avatars bureaucratiques de l’Etat style banques centrales et compagnie.

    Accessoirement, c’est précisément parce que personne n’a été foutu de faire respecter la lettre des traités que certains regrettent désormais l’absence d’institutions supranationales capables de le faire. Cette crise est une voie royale pour de futurs organes de supervision et autres « gouvernements économiques ».

  • Nous sommes bien d’accord. Mais il n’en reste pas moins qu’une monnaie supranationale, et une banque centrale supranationale, exacerbent et aggravent le problème.

  • Pour information, le sauvetage des banques irlandaises leur a servi… à rembourser les banques de la zone euro. L’argent file donc directement des poches du peuple irlandais dans celles des banques des autres pays européens.

  • Les commentaires sont fermés.

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