Redonnons Radio Canada à son public

Radio Canada coûte un milliard, affiche des déficits récurrents et s’éloigne de sa mission publique

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Redonnons Radio Canada à son public

Publié le 17 janvier 2011
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Radio Canada coûte un milliard aux contribuables chaque an, affiche des déficits année après année, et s’éloigne de sa mission publique. Et si on vendait Radio Canada… à ses téléspectateurs ?

Les critiques envers Radio Canada foisonnent ces temps-ci. Manque de transparence — impossible, par exemple, de connaître les comptes de dépenses des dirigeants, ou combien nous a coûté le dernier Bye-Bye. Parti pris « de gauche », confirmé par l’ombudsman de Radio Canada, Julie Miville-Dechêne. Et bien sûr, un avantage déloyal envers ses concurrents privés comme TVA ou V — à cause du milliard en subventions annuelles.

J’ai toujours pensé que les sociétés d’État devraient appartenir aux citoyens, directement. Et non à quelques bureaucrates privilégiés qui, trop souvent, promeuvent leurs propres idéaux ou se protègent entre eux.

Le modèle NPR

Radio Canada devrait s’inspirer de la National Public Radio (NPR) aux États-Unis. Pour trouver de nouvelles sources de financement, mais aussi pour se rapprocher de son public, de sa véritable mission.

La radio publique NPR conçoit des émissions et les vend à ses quelque 900 stations membres, installées partout aux États-Unis. La majeure partie de son financement vient des cotisations de ces stations, elles-mêmes financées par… les auditeurs.

Le contribuable y gagne : l’État ne fournit aucun financement direct à NPR, et fournit moins de 10% du budget des stations membres. La balance provient de commandites d’entreprises et de fondations.

Jadis, le gouvernement américain finançait presque 40% du budget de NPR. Mais en 1994, il a menacé de retirer son financement. Sans attendre, NPR s’est convertie en organisme sans but lucratif. Trois ans plus tard, les dons privés remplaçaient presque entièrement le financement de l’État.

Le secret de cette « privatisation » ? NPR offre aux auditeurs ce qu’ils veulent entendre. Avec leurs dons, les auditeurs influencent la programmation. Un exemple : la station membre du Vermont est en période de financement. Un auditeur tient à l’émission jazz du matin. Il appelle et fait un don pendant l’émission. Une émission qui attire peu de dons disparaîtra éventuellement. Le résultat : une programmation qui reflète les besoins des auditeurs, et un lien d’appartenance entre la station et sa communauté.

À Radio Canada, le téléspectateur n’influence pas le contenu. Les cadres et bureaucrates décident. La programmation est devenue au fil des ans moins « publique », décevant une partie des auditeurs. Pensons aux émissions comme Desperate Housewives, Lost ou Les Simpson — qui jouait encore récemment à CBC. Ou les jeux-questionnaires comme Paquet voleur… Pourquoi donnons-nous un milliard de nos impôts pour ces émissions ? Alors que NPR mise sur la qualité et le contenu local, Radio Canada semble définir son succès par les cotes d’écoute.

Si Radio-Canada n’existait pas

Bien sûr, les Canadiens n’ont pas le réflexe charitable aussi aiguisé que leurs cousins américains. Ils sont habitués à ce que l’État leur fournisse tous les services. On pourrait, tout de même, tenter de remplacer 15% à 20% de la subvention à Radio Canada par des dons du public. Ce serait déjà $200 millions de gagné pour les contribuables. Et un baume pour ceux qui n’aiment pas le réseau d’État, mais sont forcés de le payer.

Des dons d’auditeurs ou de fondations privées aideraient aussi Radio Canada à survivre au déclin des médias sans devenir un poids pour l’État. Le réseau a creusé un déficit de 58,3 millions en 2010, et de 19 millions l’année d’avant.

Crise oblige, NPR a aussi dû licencier des employés. Mais son auditoire – qui dépasse aujourd’hui 27 millions – continue d’augmenter. Deux raisons l’expliquent : la qualité de la programmation reflète les besoins des auditeurs, qui demeurent fidèles en temps de crise. Et NPR ne dépend pas de revenus publicitaires. En récession, les dons diminuent moins vite que les revenus de publicité.

Une telle réforme permettrait surtout de répondre à une question : si Radio Canada n’existait pas aujourd’hui, en 2011, avec les innombrables sources d’information à portée d’un clic, combien d’entre nous appuieraient l’idée de lancer une « télévision d’État » ? Et d’allonger un milliard de nos impôts chaque année pour la faire vivre ?

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