Pourquoi y a-t-il des cycles économiques et des récessions ? (6)

Il n’y a aucun moyen d’éviter l’effondrement d’une bulle générée par l’expansion du crédit

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Pourquoi y a-t-il des cycles économiques et des récessions ? (6)

Publié le 8 janvier 2011
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Pourquoi y a-t-il des cycles économiques et des récessions ? (1)
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Pourquoi y a-t-il des cycles économiques et des récessions ? (4)
Pourquoi y a-t-il des cycles économiques et des récessions ? (5)

récessionQue faire pour éviter les récessions ?

En conclusion à cette série d’article, les récessions ne sont qu’un épisode de correction et d’ajustement qui suit un niveau d’activité économique insoutenable étant financé par de l’endettement facilité par une politique monétaire inflationniste de la banque centrale. Ainsi, si on veut éviter la récession, il faut éviter l’excès du boum. Comme le disait l’économiste Ludwig Von Mises en 1949, soit bien avant la crise financière que l’on vient de traverser :

« Le mouvement ondulatoire qui affecte le système le système économique, la succession de période de boum et de récessions, est le résultat inévitable des tentatives répétées de réduire les taux d’intérêt par l’entremise de l’expansion du crédit. Il n’y a aucun moyen d’éviter l’effondrement final d’un boum économique généré par l’expansion du crédit. » [1]

Dans une économie libre, les taux d’intérêts sont en fait le prix de la monnaie. Ils représentent une information vitale pour les consommateurs et les producteurs concernant leurs préférences de consommation et leurs opportunités d’investissement. Ils coordonnent les investissements et, par le fait même, la production future, de façon à ce qu’elle corresponde aux préférences des consommateurs.

Lorsqu’une banque centrale manipule les taux d’intérêts par sa politique monétaire, elle brouille le signal de prix que ces taux envoient à l’économie. Les décisions de consommation et d’investissement deviennent déconnectées de la réalité, le mécanisme d’allocation des ressources du marché ne fonctionne plus correctement et l’économie se met à dérailler.

En fait, l’échec lamentable de la politique monétaire n’est pas surprenant puisque c’est une forme de planification centrale de l’économie. Cette forme d’organisation économique a été utilisée par les communistes de l’Union Soviétique, les national-socialistes (nazis) allemands d’Hitler, les fascistes italiens de Mussolini et est encore utilisée par des pays tels que Cuba et la Corée du Nord. Si vous étudiez un tant soi peut le sort qu’ont connu ces nations, vous réaliserez vite que la planification centrale est une dangereuse chimère qui engendre la pauvreté partout où elle passe. Un petit groupe « d’experts » planificateurs réunis dans sa tour d’ivoire ne peut se substituer aux milliards de décisions économiques prises chaque jour par tous et chacun. Conséquemment, il n’y a aucune raison pour celle-ci fonctionne lorsqu’il est question de la gestion de la masse monétaire.

Quelles sont les alternatives à la politique monétaire telle qu’elle est orchestrée actuellement ? Milton Friedman, économiste de l’école monétariste, a proposé une politique dans laquelle la masse monétaire serait invariablement augmentée d’un pourcentage fixe par année, disons 2%. Les économistes de l’école autrichienne, tel que Friedrich Hayek, Ludwig Von Mises et Murray Rothbard, quant à eux préconisent un retour à un véritable système étalon-or dans lequel la masse monétaire est équivalente à la quantité d’or et dans lequel chaque dollar est échangeable contre une quantité fixe d’or.

Ces deux systèmes ne sont peut-être pas parfaits, mais ils seraient certainement préférables au système actuel lequel favorise l’endettement perpétuel et fait passer l’économie à travers de violents cycles économiques.

Comment devrait idéalement fonctionner le système monétaire ?

Le système bancaire canadien a beaucoup mieux traversé la crise financière de 2008 que la plupart des autres pays du G8. L’une des raisons principales selon moi est le niveau plus élevé de réserves dont il bénéficiait.

La même chose s’est produite au Liban, qui est l’un des rares pays à ne pas avoir connu de bulle immobilière. Il a aussi été pratiquement immunisé contre la récession de 2008. La loi bancaire du Liban oblige les banques à maintenir un ratio de réserves d’au moins 30%, ce qui est nettement supérieur à ce que l’on observe au sein des pays du G8. C’est loin d’être parfait, mais c’est un système bien plus stable que celui des États-Unis ou du Canada.

Un ratio de réserves plus élevé fait en sorte que la capacité du système bancaire à créer de la monnaie est grandement réduite. Avec un ratio de 10%, le système bancaire peut multiplier la monnaie par 10 ; avec un ratio de 30%, c’est seulement par 3,3.

La première étape d’une migration vers un système monétaire sain consisterait à empêcher les banques de prêter leurs dépôts à vue. Cette activité devrait être considérée comme frauduleuse puisque la banque se trouve à prêter quelque chose qui ne lui appartient pas. En revanche, les banques pourraient continuer à prêter leurs dépôt à terme. Ainsi, un dépôt à terme de 3 ans pourrait être utilisé pour effectuer un prêt de 3 ans.

La deuxième étape consisterait à abolir la politique monétaire. La vitesse de croissance de la masse monétaire cesserait d’être gérée. La masse monétaire pourrait être augmentée automatiquement d’un pourcentage fixe par année (disons 2%), d’un pourcentage équivalent au PIB réel ou ne pas être augmentée du tout.

Nous nous retrouverions alors avec un système bancaire beaucoup moins inflationniste. La conséquence la plus évidente de ces actions serait une augmentation du coût du crédit (i.e. les taux d’intérêt augmenteraient). C’est normal, puisque l’offre de crédit serait grandement réduite vu la faible création de monnaie. Les banques absorberaient une partie du choc et seraient donc moins rentables. Celles-ci obtiennent présentement une rentabilité anormalement élevée grâce aux différents mécanismes dont elles bénéficient. Pour les six grandes banques canadiennes, on parle d’un rendement des fonds propres de plus de 20% alors que les entreprises de l’indice S&P/TSX obtiennent un rendement moyen d’environ 12%.

L’autre partie du choc serait absorbée par les emprunteurs, qui verraient leur charge d’intérêt augmenter. La consommation à crédit serait évidemment découragée et l’épargne serait florissante. Cette épargne serait évidemment canalisée vers les marchés financiers, ce qui contribuerait à réduire l’ampleur du choc sur les taux d’intérêt en augmentant l’offre de capital (et de crédit). Autrement dit, le crédit serait financé par l’épargne plutôt que par la création de monnaie, ce qui est beaucoup plus sain.

L’autre conséquence importante de la diminution du rythme de création de monnaie serait évidemment la disparition des bulles spéculatives comme la bulle techno de 2001 et la bulle immobilière. En fait, ce sont les prix en général qui seraient plus stables, c’est-à-dire que le pouvoir d’achat de la monnaie cesserait sa continuelle diminution au profit des banques et des endettés.

Nous pourrions ensuite amorcer une transition vers le système étalon-or. Il faudrait pour cela exiger des banques qu’elles maintiennent une partie de leurs réserves en or. Ce ratio pourrait initialement être de 5%, pour ensuite l’augmenter graduellement de 5% par année, jusqu’à ce qu’il atteigne 100%. À partir d’un certain pourcentage, disons 75%, l’État pourrait décréter que chaque dollar est échangeable contre une quantité fixe d’or. Cette quantité ne pourrait plus jamais être modifiée. La banque centrale cesserait totalement de créer de la monnaie ; la création de monnaie dépendrait dorénavant de la production d’or, et comme celle-ci est très faible sur une base annuelle comparativement au stock d’or existant, la masse monétaire serait très stable.

Certains diront que l’absence de banque centrale créerait beaucoup d’instabilité. Or la Federal Reserve a été crée en 1913. Depuis ce temps, le dollar américain a perdu plus de 95% de son pouvoir d’achat alors qu’entre 1792 et 1912, le dollar américain a presque parfaitement conservé son pouvoir d’achat !

Certains ajouteront que cette période (1792-1912) a été marquée par de nombreuses crises financières. Ces crises étaient en fait causées par des paniques bancaires attribuables au système à réserves fractionnaires. Les banques avaient le droit d’émettre davantage de billets qu’il n’y avait d’or dans leurs coffres. Lorsque la panique s’installait et que les déposants venaient en masses pour retirer leur or, les banques faisaient faillite et les conséquences étaient désastreuses pour l’économie. Cependant, ces paniques n’étaient pas causées par le système étalon-or, mais bien par le système bancaire à réserves fractionnaires qui permettait aux banques de frauduleusement émettre plus de billets qu’elles n’avaient d’or dans la voûte.

Note :

[1] “Human Action”, Ludwig Von Mises, 1949 (chapitre XX, section 8).

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