« Nouveaux essais » de Hayek

Ensemble d’articles de Hayek qui ont formé la base de son grand ouvrage de synthèse Droit Législation et Liberté

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

« Nouveaux essais » de Hayek

Publié le 6 janvier 2011
- A +

Article publié à l’origine sur UnMondeLibre.org

Les Nouveaux Essais [1], publiés dans la collection que dirige Alain Laurent aux Belles Lettres, font suite aux Essais, déjà superbement traduits par Christophe Piton dans la même collection en 2007 [2]. Ce volume contient un ensemble d’articles de Hayek (25) datant pour l’essentiel du début des années 70 et qui ont formé la base de son grand ouvrage de synthèse Droit Législation et Liberté, publié en trois tomes. Il s’agit souvent de textes de conférences prononcées à diverses occasions. Le propos y est concis, pédagogique. Rien de tel pour s’initier à la pensée de l’un des plus grands et des plus originaux penseurs du libéralisme contemporain. Un penseur original, en effet, capable de surprendre son lecteur, de le conduire à ses conclusions par des chemins insoupçonnés, prenant toujours à revers la pensée dominante. Parmi les nombreux thèmes qui composent l’ouvrage, nous en retiendrons trois principaux : la critique du rationalisme constructiviste, la critique de la justice sociale et la critique de Keynes.

La critique du constructivisme

Un premier thème est d’ordre épistémologique, il concerne la critique de ce que Hayek appelle le « constructivisme » (Les erreurs du constructivisme, chapitre 1, p. 25 à 52). Ce terme a été introduit par Hayek pour désigner une manière spécifique de penser l’ordre social comme « une construction rationnellement orientée vers un but. » La majeure partie du travail Hayek a consisté en une reformulation théorique extrêmement novatrice de la philosophie sociale qui sous-tend le libéralisme classique. Il souligne que la connaissance de l’économie est en elle-même insuffisante pour la compréhension de l’ordre d’une société libre. Pour Hayek, le point de départ de la théorie sociale est « la compréhension du fait que tout ordre qui résulte du jeu réciproque d’actions humaines ne résulte pas d’un dessein ». Autrement dit, il faut présupposer l’ignorance irrémédiable et constitutive à la fois des acteurs sociaux et du savant qui étudie l’ordre social. Ainsi la capacité d’une société à atteindre ses objectifs ne dépend pas seulement de sa connaissance des relations causales mais aussi de sa capacité à agir en suivant des règles (droit, morale, coutumes) qu’elle peut énoncer sans toutefois en saisir l’origine. En effet, ces règles ne sont pas le résultat d’un choix conscient et délibéré mais d’un processus de sélection et de concurrence entre les groupes.

Or le positivisme philosophique a tendance à évincer toutes les valeurs ou les normes comme des objets sans rapport avec les faits, comme des objets « métaphysiques », dépourvus de sens, injustifiables rationnellement. On observe cette tendance chez Auguste Comte mais aussi chez Max Weber et la plupart des sociologues. Seule la compréhension des relations de cause à effet est reconnue comme valide, objective et digne d’intérêt pour le savant.

Mais le modèle hayekien est celui de la « catallaxie », un ordre engendré par l’ajustement mutuel d’actions individuelles qui se conforment aux règles juridiques concernant la propriété, les dommages et les contrats. Les gouvernants ne pouvant détenir l’ensemble des informations en circulation et ne pouvant les traiter, toute prétention à organiser scientifiquement la société et le marché est une illusion. En revanche le libre marché permet d’atteindre un niveau de complexité et de performances qu’aucune démarche rationnelle organisée n’est capable d’atteindre.

Ce point de vue remet en question toutes les théories positivistes (ce que Hayek appelle « rationalisme constructiviste ») selon lesquelles l’homme par son savoir, serait capable de maitriser le fonctionnement de la société et de la modifier comme une matière brute.

La critique de la justice sociale

Un second thème est celui de la justice sociale. Dans l’essai intitulé « L’atavisme de la justice sociale » (chapitre 5, pages 101 à 116),

lire la suite ici :

http://www.unmondelibre.org/Theillier_Hayek_060111

Voir les commentaires (2)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (2)
  • Hayek écrit de manière très claire et il est aisé à lire. L'ouvrage Droit, Legislation et Liberté est remarquable par l'étendue des thèmes abordés.
    L'Ecole française ne semble pas intéresser les autrichiens. L'approche française s'inscrit peut-être mal dans le mouvement historique qui lit les autrichiens, les moralistes britanniques, et les marginalistes.
    Puisqu'il est question ici de lecture et d'économistes autrichiens, je voudrais exprimer mon regret de ne pouvoir trouver en librairie L'Action Humaine de Mises. Là encore, un remarquable ouvrage, que j'ai pu feuilleter, que j'ai sur mon ordinatuer, mais que j'aimerais bien posséder en version papier. Il n'y a qu'un pauvre abrégé de disponible aujourd'hui.

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Nicolas Tenzer est enseignant à Sciences Po Paris, non resident senior fellow au Center for European Policy Analysis (CEPA) et blogueur de politique internationale sur Tenzer Strategics. Son dernier livre Notre guerre. Le crime et l’oubli : pour une pensée stratégique, vient de sortir aux Éditions de l’Observatoire. Ce grand entretien a été publié pour la première fois dans nos colonnes le 29 janvier dernier. Nous le republions pour donner une lumière nouvelles aux déclarations du président Macron, lequel n’a « pas exclu » l’envoi de troupes ... Poursuivre la lecture

L’INSEE vient de publier un bilan démographique pour l’année 2023 qui met en évidence un affaissement de la natalité française. Selon des sources concordantes, celle-ci n’est plus guère soutenue que par la fécondité des femmes immigrées. Ce qui laisse entrevoir à terme une diminution de l’effectif global de la population, et une nouvelle configuration de sa composition ethnique et culturelle.

Faut-il s’en inquiéter ? Pour la plupart de nos concitoyens, cette question n’a pas de conséquence directe et immédiate, encore moins pour les re... Poursuivre la lecture

Éric Chaney est conseiller économique de l'Institut Montaigne. Au cours d'une riche carrière passée aux avant-postes de la vie économique, il a notamment dirigé la division Conjoncture de l'INSEE avant d'occuper les fonctions de chef économiste Europe de la banque américaine Morgan Stanley, puis de chef économiste du groupe français AXA.

 

Y-a-t-il des limites à la croissance ?

Loup Viallet, rédacteur en chef de Contrepoints – En France, de plus en plus de voix s’élèvent en faveur d’une restriction de la production. Ralenti... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles